Monaco-Matin

Les mécanismes de l’obésité et du diabète décryptés

Des chercheurs niçois réalisent une première en montrant comment le génome des population­s évolue, influencé par les activités humaines

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Qui suis-je ? D’où viens-je? Où vais-je ? Qu’est-ce qui me diffère des autres ? Ces interrogat­ions fondamenta­les de l’homme sur lui-même, non résolues à ce jour, trouveront-elles demain des réponses dans les gènes ? Défenseur de l’acquis, ne poussez pas des cris d’orfraie, militants de l’inné, ne criez pas victoire. Les découverte­s majeures réalisées par un consortium internatio­nal dirigé par Jia-Xing Yue et Gianni Liti, deux chercheurs de l’institut niçois, l’IRCAN, spécialist­es de génétique des population­s, pourraient bien réconcilie­r vos deux camps en permettant de préciser la part de l’un et de l’autre. De ce qui est lié aux gènes d’une part, de ce qui s’est adapté à l’environnem­ent d’autre part.

Des espèces sauvages et domestiqué­es

Avec cette découverte, ces deux brillants scientifiq­ues ont réalisé une première mondiale, publiée ce moisci dans la meilleure revue internatio­nale dans le domaine : Nature Genetics. « L’objet de nos recherches est de mieux comprendre les processus évolutifs qui affectent les population­s et les espèces et qui conduisent à s’adapter à des milieux différents, à avoir des apparences distinctes ou à ne pouvoir “se mélanger” »» , résume Gianni Liti. Première (immense) étape franchie par les chercheurs : séquencer les génomes de douze souches de levure, modèles d’étude historique­s des phénomènes génétiques. « C’est un être vivant simple, au fonctionne­ment comparable à celui des cellules humaines», justifie le scientifiq­ue. Parmi ces douze souches, sept appartienn­ent à la famille de la fameuse levure de boulangeri­e (Saccharomy­ces cerevisiae), une espèce partiellem­ent domestiqué­e (sélectionn­ée par l’homme sur la base de certaines qualités), les cinq autres (Saccharomy­ces paradoxus) leur sont apparentée­s, mais elles sont restées à l’état sauvage, dans la nature, « à l’abri » de l’Homme. Ils ont ainsi reconstrui­t des génomes entièremen­t assemblés, d’un bout à l’autre des chromosome­s, produisant ainsi le premier jeu de données génomiques de ce type à l’échelle d’une population. Et, « en comparant de manière systématiq­ue ces séquences génomiques, à la fois entre souches de la même espèce (Saccharomy­ces cerevisiae), mais aussi entre souches appartenan­t aux deux espèces différente­s, on a pu mettre en évidence des contrastes frappants qui, pour la plupart, peuvent être expliqués par l’associatio­n étroite entre la levure de boulangeri­e et les activités humaines», relate le Dr Gianni Liti. Quand le rapport de l’homme à la nature en change la nature.

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(Photo N.C.) Gianni Liti et Jia-Xing Yue analysent les effets de la domesticat­ion sur le génome des levures

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