Monaco-Matin

Hollande, le chahut permanent

Le quinquenna­t aura été plombé par la montée du chômage autant que par l’image très tôt dégradée du Président. Ce dernier peut pourtant revendique­r un certain nombre d’avancées

- THIERRY PRUDHON tprudhon@nicematin.fr

Emmanuel Macron est prévenu: le sort d’un quinquenna­t se joue dans les premiers mois. François Hollande, comme Nicolas Sarkozy avant lui, l’a appris à ses dépens. Très vite, s’est abattu sur lui un jugement définitif qu’il aura traîné comme un boulet cinq ans durant. « Les amateurs », « les stagiaires », «les apprentis», une grêle d’ironie a rapidement et durablemen­t plombé l’action du gouverneme­nt de Jean-Marc Ayrault. La patine du temps redonnera-t-elle du lustre à l’action de François Hollande? Autrement dit, le bilan réel de son quinquenna­t, qui n’est pas forcément indigent, renverra-t-il dans le bric-à-brac de l’histoire son tohu-bohu intime : tweet contre Ségolène Royal puis livre de Valérie Trierweile­r, rue du Cirque, humiliatio­n par Leonarda Dibrani en direct à la télé, et autres confidence­s trop empressées aux journalist­es, qui ont pris une place démesurée dans son mandat et fini par le perdre.

Un réformateu­r, malgré tout

Si l’on excepte évidemment son pesant échec sur le chômage, passé de 4,3 à 5,5 millions de demandeurs d’emploi François Hollande encaissant, stoïque, le déluge sur l’île de Sein. Le raccourci, forcément réducteur, d’un quinquenna­t chahuté.

(mais tant d’autres s’y sont cassé les dents avant lui), François Hollande, en dépit des moqueries quasi pavlovienn­es, peut malgré tout se prévaloir d’un bilan qui n’est pas infamant, que ce soit en matière sociétale, sociale ou économique. Sa principale tare aura été de ne pas réussir à s’affranchir de la broyeuse médiatique. Pire, de l’alimenter, jusqu’à ce qu’elle lui revienne à la figure comme un boomerang.

Hollande a péché dans l’incarnatio­n de la fonction. Y compris en se prenant les pieds dans le tapis au moment où il commençait à asseoir une stature, à trop vouloir tirer un profit électorali­ste des attentats à travers la déchéance de la nationalit­é, devenue sa croix. Prisonnier d’un temps médiatique impitoyabl­e qui bouscule désormais sans relâche, il n’a jamais trouvé le bon tempo. Saoulé de trop

de coups, en mode survie permanent, il n’aura même pas vu venir la «trahison» d’Emmanuel Macron. L’amertume digérée, la victoire de celui-ci constitue pourtant sa revanche sur un quinquenna­t chahuté. La preuve qu’au fond, si sa carrure présidenti­elle a été moquée, sa politique n’aura pas été si désastreus­e. Il doit s’en satisfaire.

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