Monaco-Matin

Egorgé pour une montre à Marseille: l’accusé avoue

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Il est décrit comme insaisissa­ble, et connu sous des dizaines d’alias : Samir Dardouri comparaît à Aix-enProvence pour le meurtre de Jérémie Labrousse, tué dans le centre de Marseille en 2013. Ce jeune homme de 21 ans, originaire des Vosges et étudiant à l’école de commerce marseillai­se Kedge Business School, venait de s’installer à Nice et faisait depuis un mois un stage à l’hôtel Fairmont de Monaco. Il avait été égorgé en pleine rue avec un tesson de bouteille pour lui voler sa montre – une Swatch à quelques dizaines d’euros. Rebondisse­ment hier, au deuxième jour de son procès : ce trentenair­e marocain a alterné en quelques minutes dénégation­s et aveux. « Ce n’est pas moi », a-t-il d’abord lancé après la lecture de l’acte d’accusation devant la cour d’assises des Bouches-du-Rhône. Mais après une courte interrupti­on de séance, l’accusé est revenu sur ses dénégation­s. «C’est moi qui l’ai assassiné», a-t-il dit, sans vouloir ajouter de précision.

« Incohérent par principe »

De taille moyenne, cheveux courts et très bruns, Samir Dardouri, qui s’exprime par l’intermédia­ire d’une interprète, a l’air parfois absent, parfois accablé. Son avocat, Me Jérôme Pouillaude, le décrit comme quelqu’un dont personne ne connaît vraiment ni l’origine ni l’âge, ni le parcours, et qui a multiplié les pseudonyme­s – il est connu sous 140 alias différents. « Samir Dardouri a multiplié les versions contradict­oires et divergente­s durant toute la procédure», a-t-il commenté en marge de l’audience, expliquant que son client était « difficile à défendre parce qu’il tient une position incohérent­e par principe ». Et d’ajouter: «Il est acquis [qu’il] est l’auteur du geste mortel, la seule question que nous devons nous poser est de tenter de comprendre quelles étaient [ses] intentions.» Les amis de Jérémie présents à la fête où ils s’étaient retrouvés, ce soir-là, se sont succédé à la barre jeudi pour décrire un garçon «foncièreme­nt gentil», parti à la rencontre d’une amie qui arrivait par le train. «J’arrive dans deux minutes» ,fut le dernier message qu’il lui a adressé. Sa mort avait suscité une vive émotion, dans un climat de pré-campagne pour les municipale­s de 2014. Le ministre de l’Intérieur de l’époque, Manuel Valls, avait lui-même annoncé l’interpella­tion d’un suspect, un marginal de 41 ans – une piste vite abandonnée.

«Rien à attendre de l’accusé»

L’enquête, minutieuse, avait mené à Samir Dardouri, qui avait déjà eu, sous diverses identités, maille à partir avec les justices belge, allemande et italienne, et qui était incarcéré depuis la fin août en Belgique pour tentative de vol avec violences et arme: un tesson de bouteille. «Lorsque je l’ai frappé, ce n’était pas dans l’intention de le tuer mais juste de me défendre», avait assuré Dardouri aux enquêteurs. Il avait donné ensuite une autre version, disant avoir frappé Jérémie «pour lui voler sa montre» .Etune troisième aux enquêteurs belges, avouant «avoir tué le Français» qui lui avait donné « une gifle ». Selon l’enquête, Dardouri errait dans les rues de Marseille, guettant l’occasion de voler «quiconque serait en possession de biens pouvant lui convenir». Pour Me Christophe Pinel, l’avocat de la famille de Jérémie, «les parents et frère et soeur attendaien­t la vérité, ils l’ont eue. Mais il n’y a rien à attendre de l’accusé, il n’est pas social ni sociable, il est en dehors de la société».

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(Photo AFP) Personne ne connaît vraiment l’âge ou le parcours de Samir Dardouri, connu sous  noms.

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