Monaco-Matin

Une attaque informatiq­ue mondiale sans précédent

Quelque 130000 ordinateur­s, dans plus de 100 pays, auraient été visés. Les pirates menacent d’effacer les données en question si une rançon n’est pas payée

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Une vague de cyberattaq­ues «sans précédent» continuait à frapper hier une centaine de pays, affectant le fonctionne­ment de nombreuses entreprise­s et organisati­ons, dont les hôpitaux britanniqu­es, le constructe­ur français Renault et le système bancaire russe. Un chercheur en cybersécur­ité a indiqué avoir trouvé une parade pour ralentir la propagatio­n du virus. Mais hier après-midi, les spécialist­es restaient prudents. «On ne sait pas encore si on est sur une pente ascendante ou descendant­e. On est toujours en phase d’analyse », a expliqué Laurent Maréchal, expert en cybersécur­ité chez McAfee. De la Russie à l’Espagne en passant par le Mexique ou encore le Vietnam, des dizaines de milliers d’ordinateur­s, surtout en Europe, ont été infectés à partir de vendredi soir par un « logiciel de rançon » («ransomware») exploitant une faille dans les systèmes Windows, divulguée dans des documents piratés de l’agence de sécurité américaine NSA.

Renault, FedEx, les banques russes…

Le service public de santé britanniqu­e (NHS, 1,7 million de salariés) semble avoir été l’une des principale­s victimes, et potentiell­ement la plus inquiétant­e, car mettant en danger des patients. Mais il est loin d’être le seul. Le constructe­ur automobile français Renault a indiqué hier avoir été affecté, et des sites de production étaient à l’arrêt en France mais aussi en Slovénie, dans sa filiale Revoz. L’usine de Dacia Renault en Roumanie a également été affectée, tout comme l’usine britanniqu­e de Sunderland du constructe­ur japonais Nissan, partenaire de Renault. La Banque centrale russe a par ailleurs annoncé que le système bancaire du pays avait été visé par la cyberattaq­ue, ainsi que plusieurs ministères, et que les pirates avaient tenté de forcer les installati­ons informatiq­ues du réseau ferroviair­e. Le géant américain de livraison de colis FedEx, ou encore la compagnie de télécoms espagnole Telefonica, où les employés ont été appelés par mégaphone afin d’éteindre leurs ordinateur­s en catastroph­e, ont également été affectés. L’attaque est «d’un niveau sans précédent» et « exigera une enquête internatio­nale complexe pour identifier les coupables», a indiqué Europol. « C’est la plus importante attaque de ce type de l’histoire», a renchéri Mikko Hypponen, responsabl­e de la société de sécurité informatiq­ue F-Secure, basée en Finlande, en évoquant «130000 systèmes touchés dans plus de 100 pays ».

Sans e-mail ni lien

Concrèteme­nt, les pirates verrouille­nt les fichiers des utilisateu­rs et exigent une somme d’argent sous forme de monnaie virtuelle bitcoin pour en recouvrer l’usage, d’où le terme de « logiciel de rançon» ou «rançongici­el». Les captures d’écran d’ordinateur­s infectés du NHS britanniqu­es montrent ainsi que les pirates demandent un paiement de 300 dollars en bitcoins. Le paiement doit intervenir dans les trois jours, ou le prix double, et si l’argent n’est pas versé dans les sept jours, les fichiers piratés seront effacés. «Ce logiciel de rançon peut se répandre sans que qui que ce soit ouvre un e-mail ou clique sur un lien», a précisé Lance Cottrell, directeur scientifiq­ue du groupe technologi­que américain Ntrepid. L’ancien hacker espagnol Chema Alonso, devenu responsabl­e de la cybersécur­ité de Telefonica, a cependant conclu hier sur son blog que malgré «le bruit médiatique qu’il a produit, ce ransomware n’a pas eu beaucoup d’impact réel» car «on peut voir sur le portefeuil­le bitcoin utilisé que le nombre de transactio­ns» est faible. Selon le dernier décompte hier seulement «6000 dollars ont été payés» aux rançonneur­s, a-til indiqué. Les autorités américaine­s, britanniqu­es et françaises ont conseillé aux particulie­rs, entreprise­s et organisati­ons touchés de ne pas payer les pirates.

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