Monaco-Matin

LIGUE  JOURNÉE) / NICE - ANGERS ( HEURES) Sarr : « Ce match a

Le défenseur du Gym, grand espoir de 18 ans, nous a livré le premier entretien de sa carrière

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Il n’a que  ans, mais déjà l’attitude et les paroles d’un vieux briscard. Malang Sarr est un sage, qui conte son histoire, avec pudeur et conviction. Il parle avec les mains, ne hausse jamais la voix. Pour le premier entretien de sa jeune carrière, le défenseur du Gym, dont il porte le maillot depuis ses cinq ans, a choisi Nice-Matin. Pendant plus d’une heure, Sarr a raconté sa première saison chez les profession­nels, dans l’un des salons cosy du Radisson, à Nice. Avec beaucoup de fierté, d’impatience, mais aussi du stress et de la pression. C’est normal pour une première, mais j’ai réussi à évacuer tout ça. Je me rappelle de toute la préparatio­n, le petit-déjeuner, l’arrivée au stade, etc. La veille, j’avais très bien dormi, alors que je pensais que j’allais avoir du mal. Plus jeune, avant les tournois, ce n’était pas la même. Là, je me suis dit que je devais me reposer pour être au top de ma forme.

Pour vous rassurer, alors que vous n’aviez que  ans, vous avez pu compter sur le staff, vos coéquipier­s… Oui, ils ont été d’une aide précieuse, tout comme ma famille et mon agent. Ma mère, mes frères et mes potes me disaient : “Tu te rends compte, tu vas jouer en Ligue  !” On a vécu ce moment ensemble, mais la veille, ils m’ont laissé dans ma bulle. J’ai été mis dans les meilleures conditions. Paul (Baysse) ,avecqui j’avais joué dans l’axe, m’a beaucoup parlé, tout comme « Mika » Seri. Lui m’a dit de jouer comme lors des matchs amicaux et que ça allait bien se passer. Oui, faire gagner l’équipe pour sa première, c’est une joie indescript­ible. La veille, on avait travaillé avec Mika (Seri) .Sur deux coup-francs, je place exactement la même tête que celle face à Rennes, mais à chaque fois, Mouez (Hassen) les avait sorties. Mika voulait que je sois placé au même endroit dans la surface. “Tu verras, tu l’auras !” Mouez, aussi, était sûr que j’allais marquer. Et ce qui est incroyable, c’est que lorsque je monte sur ce coup-franc, je croise Arnaud (Lusamba) et je lui dis : « C’est celle-là ! » Je ne sais pas pourquoi, mais je l’ai sentie. Vous pouvez lui demander.

Et là, c’est la folie… Complèteme­nt. Je ne sais plus où je suis. Je n’entends plus rien. Tout le stade est debout. Il y a une atmosphère incroyable. Je n’ai jamais ressenti ça. Il n’y a que dans le sport que l’on peut vivre de telles émotions. C’était une des plus belles journées de ma vie. A la fin du match, le public scandait mon nom. Ça ne peut que donner de la force et de l’élan. Pour revivre cela, il faut travailler, encore et encore. Avec le recul, je me dis que ce match a sans doute changé ma vie. Je me revois le soir, à la maison, à regarder les infos. C’était la première fois que je me voyais à la télé. On était en famille, il y a plein de sentiments qui s’emmêlent.

A quel moment avez-vous senti que vous alliez démarrer la saison en tant que titulaire ? Je me rappelle qu’au tout début de la préparatio­n, le coach était passé dans le vestiaire. Il m’avait fait part de sa confiance en me disant : “Peu importe l’âge, si tu es le meilleur, tu joueras !” Cette phrase résonne encore. Ça m’a donné énormément de force. J’y croyais, mais à partir de là, je me suis dit que c’était vraiment possible. On n’avait pas encore eu le moindre entretien. A son arrivée, il m’a fait monter avec les pros, preuve de l’attention qu’il me portait, déjà.

C’était une surprise ? Oui, mais après ma bonne saison en jeunes, j’espérais vraiment reprendre avec les pros. J’ai vraiment compris que j’étais dans un nouveau monde lors du stage à Divonne. Tout était différent. Il y avait les kinés, un préparateu­r mental. Tout est fait pour qu’on soit dans les meilleures conditions.

Jusqu’au mois de février, vous n’êtes jamais sorti de l’équipe… J’ai enchaîné. On a beaucoup travaillé avec le coach sur la vidéo pour progresser.

Auriez-vous aimé souffler à un moment donné ? J’étais à fond dans la compétitio­n. Je n’y pensais même pas, je voulais jouer, jouer, jouer. Avec le recul, je me rends compte que j’avais besoin de me reposer. J’étais moins concentré. Une fatigue psychologi­que s’est installée, rien d’anormal à mon âge.

Les critiques après vos matchs contre Bastia et Monaco, ça vous Ça fait partie de l’apprentiss­age du métier. J’ai la chance d’avoir un entourage qui ne me dit pas que je suis le plus beau, le plus fort, etc. J’ai bien senti que j’étais moins bien. On ne va pas se mentir. J’ai accepté les critiques, il n’y avait aucun acharnemen­t. C’était juste la vérité. J’avais besoin de souffler. Ça m’a fait du bien. J’ai déjà vécu une saison incroyable. Il faut relativise­r. J’ai progressé dans ma vision du jeu, dans plein de domaines. Je ne suis plus le même joueur. Je me sens plus fort.

Ce n’est jamais simple de redescendr­e en CFA... C’est toujours un plaisir de retrouver des amis pour jouer au foot. En terme d’investisse­ment, je ne fais aucune différence entre un match en CFA et un match de Ligue . Je me dois d’être exemplaire. Mes potes sont fiers de moi, on rêve d’être pro depuis gosse.

Le groupe pro vit bien. C’est ce qui vous a permis de ne pas râler quand vous jouiez moins ? On ne peut pas se permettre de râler alors que ce qu’on vit et ce qu’on voit nous donne le sourire. Dans ma tête, c’était clair : « Je continue de bosser et tôt ou tard, ça reviendra ».

J’avais besoin de souffler ”

Le staff, le coach vous ont-ils davantage parlé durant cette période d’incertitud­e ? Leur attitude a toujours été la même tout au long de la saison. Ils ont senti que j’avais confiance en moi, ils m’ont donné un maximum de conseils pour m’aider à avancer.

 ??  ?? Ce premier match, contre Rennes, comment l’aviez-vous abordé ? Ce but face au Stade Rennais, un mois après l’attentat de Nice, qui offre la victoire au Gym, c’était un rêve éveillé ? a perturbé ? Pensiez-vous disparaîtr­e de la sorte ensuite ?
Ce premier match, contre Rennes, comment l’aviez-vous abordé ? Ce but face au Stade Rennais, un mois après l’attentat de Nice, qui offre la victoire au Gym, c’était un rêve éveillé ? a perturbé ? Pensiez-vous disparaîtr­e de la sorte ensuite ?

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