Monaco-Matin

« Ma mère ne peut plus rater un match »

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Ce maillot rouge et noir, il représente quoi ? C’est celui de ma ville, le seul que j’ai porté. Je l’ai dans mon coeur. Ce club, c’est mon club. Ici, je connais tout par coeur : la mentalité, les gens. Commencer ma carrière à Nice, c’est merveilleu­x.

Petit, vous veniez avec votre papa, disparu quand vous aviez treize ans, à Charles-Ehrmann… Oui, c’est pour ça que j’ai un attachemen­t profond à l’OGC Nice. Je regardais les pros avec mes yeux d’enfant. Les Kaba Diawara, Vahirua, le coach Faé… Dommage qu’il se soit blessé, il était vraiment fort. J’ai joué des matchs de lever de rideau au Ray aussi. C’était incroyable. On attendait ça comme des fous. Quand on marquait, les gens applaudiss­aient.

Le cri de guerre, c’est votre dada ? Je me sens bien dans le vestiaire, les gars m’ont mis à l’aise. Je l’ai fait lors du match contre Rennes, et depuis, c’est resté. Ça nous a porté bonheur. Je le maîtrise bien.

Un formateur vous reste particuliè­rement en tête ? Quand j’étais à l’école de foot. Je ne connais pas son nom, on l’appelait “Lulu”. Il nous disait : “Travaillez, travaillez pour atteindre votre objectif. Et vous verrez que c’est possible.”

Quand vous étiez sur le banc du Parc Impérial, vous songiez déjà à faire ce métier ? Je voulais avoir mon bac d’abord, ma mère me le rappelait sans cesse. Et continuer le foot à-côté en espérant aller le plus loin possible. J’ai eu mon bac avec un an d’avance, j’avais sauté le CE. C’était important pour avoir un bagage si jamais je ne réussissai­s pas dans le foot, pour ne pas avoir la tête vide. Mais je n’ai jamais pensé à faire un autre métier. Dans ma tête, c’est toujours le football qui comptait.

Vous êtes d’ailleurs parrain de l’associatio­n ADAM, dans le quartier des Moulins... C’est un projet qui me tient à coeur puisqu’il fait la passerelle entre le sport et le soutien scolaire. J’ai assisté à quelques entraîneme­nts l’après-midi, puis aux études, le soir. J’espère que ma venue est une source de motivation pour eux. Je me retrouve en eux, ma mère m’avait inscrit au soutien moi aussi, je suis passé par là.

Vous avez des modèles de défenseur ? Les très grands joueurs, comme Sergio Ramos ou Thiago Silva. Je regarde aussi les défenseurs de l’équipe de France : Varane, Sakho, Koscielny...

Et gamin ? C’était Mamadou Sakho. J’ai eu un peu le même parcours que lui, il a commencé très tôt avec le PSG après y avoir fait toute sa formation. On partage les mêmes origines sénégalais­es aussi. Je l’avais rencontré à Clairefont­aine, l’équipe de France préparait ses qualifs pour l’Euro. C’est le seul qui avait vraiment pris le temps de nous parler.

Le Sénégal vous a déjà contacté en vue d’une sélection ? Non.

Et quand on vous parle de l’équipe de France ? C’est forcément un objectif étant donné que j’ai été sélectionn­é dans toutes les catégories de jeunes. Je me souviens encore de ma première sélection, contre la Belgique. Représente­r son pays, c’est quelque chose de fort. C’est vraiment à part.

Jouer la Ligue des champions avec son club formateur, c’est un autre objectif ? Ce serait exceptionn­el, une belle histoire... Entendre la musique à l’Allianz, avoir l’écusson de la compétitio­n sur le maillot (il montre la manche droite de son polo). J’espère qu’on va le faire. L’expérience de la Ligue Europa nous aidera, on sait que ce sera encore un niveau supérieur. Il faudra se surpasser pour se qualifier. On sera forcément des outsiders, ce ne sera que du bonus pour nous.

Ça veut dire que vous serez encore à Nice la saison prochaine ? C’est clair que j’ai envie de progresser ici, de grandir avec le club. Je n’ai pas encore assez d’expérience pour quitter ce club.

Les rumeurs, les chiffres qui peuvent entourer de jeunes talents comme vous ou Kylian Mbappé peuvent faire tourner la tête... C’est sûr que ça peut faire réfléchir. Mais je connais un peu Kylian aussi, je sais qu’il va continuer de travailler pour progresser. On est encore de jeunes joueurs, partir trop tôt pourrait faire courir le risque de se brûler les ailes.

Ne pas parler à la presse pendant toute une saison, ça ne vous a pas dérangé ? J’ai pris ça comme une protection. J’avais juste à me concentrer sur mes matchs, rentrer chez moi et me reposer. Ça peut faire peur à certains jeunes de parler aux médias. Mais moi, je me sens à l’aise.

Des championna­ts vous intéressen­t plus que d’autres quant à votre avenir ? J’aime beaucoup les championna­ts anglais, espagnols et allemands.

Et des clubs ? Forcément les gros clubs comme Chelsea, Arsenal, Manchester United, City... Comme un prof, il a une feuille avec différents registres, comme des « matières », et on a des notes. Au bout d’une semaine, il m’a défini tous les points à travailler : le pied droit, utiliser davantage de surfaces comme l’extérieur, le jeu de jambes... Je n’avais jamais eu de consignes aussi précises, comme regarder la position de mon pied d’appui, être relâché... Je me sens plus à l’aise avec le ballon. Il insiste également sur le pied avec lequel intervenir face à l’adversaire : s’il vient de la gauche par exemple, il faut utiliser le pied gauche pour avoir le pied droit si jamais il fait un crochet. Ça, je n’y avais jamais pensé. Oui, elle est critique quand il le faut. Ça lui est arrivé de me dire : “Je t’ai pas senti bien aujourd’hui, que se passe-t-il ? Pourquoi t’as fait ça et pas ça ?” Elle connaît le foot parce que mon père était un grand passionné et il lui demandait de s’asseoir à côté de lui pour regarder les matchs (sourire). Elle était trop stressée pour venir me voir jouer en U ou en CFA, mais maintenant elle ne peut plus rater un match !

Elle est importante au quotidien pour vous ? C’est la base, elle m’a fait grandir et continue de me faire vivre aujourd’hui. Elle me fait à manger aussi. Elle suit le planning de la semaine et prépare tous les plats dont j’ai besoin. Parfois, je râle un peu parce que j’ai des envies et elle s’adapte un peu (rires).

Habitez-vous toujours aux Moulins ? Non, je viens de déménager. Il fallait que je me protège car c’était un peu l’euphorie au quartier (sourires). Disons que je suis plus au calme. J’habite avec ma mère, toujours.

Lanotoriét­é,çapeutfair­etournerla­tête ? Lesgensmer­econnaisse­nt,veulentdes­photos.Çafaitplai­sir,mais çan’apaschangé­mavie.Apporterdu­bonheuraux­gens,c’estce qui a de plus beau. Au départ, j’étais le petit qu’on ne connaissai­t pas,lenuméro.

Cetteclaus­eàmillionsd’euros ? C’estunegros­sesomme(sourires).Maisçanedo­itpaschang­er monjeu,nimaperson­ne.Çarestedes­chiffres,jenedoispa­s m’attarderlà-dessus.J’aiconnupas­maldechang­ementsenpe­u detemps,maisjedois­garderlesp­iedssurter­re.J’aigrandida­nsle quartierde­sMoulins,jesaisd’oùjeviense­tjenel’oublieraij­amais.

Mamadou Sakho pour modèle ”

 ??  ?? Quel a été l’apport de Favre ? Votre maman, c’est la meilleure conseillèr­e ?
Quel a été l’apport de Favre ? Votre maman, c’est la meilleure conseillèr­e ?

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