Monaco-Matin

Quand un chef étoilé s’allie à un pêcheur

Paolo Sari et Eric Rinaldi sont désormais partenaire­s. Ce dernier pêche au large de Monaco des poissons que le chef étoilé propose dans ses établissem­ents et à la poissonner­ie U Luvassu

- CEDRIC VERANY cverany@monacomati­n.mc

Ils sont tous les deux uniques dans leur domaine. Le premier, Paolo Sari, est le seul chef cuisinier auréolé d’une étoile au guide Michelin pour sa cuisine 100 % biologique. Le second, Eric Rinaldi, est le dernier pêcheur de Monaco. Ensemble, les deux hommes ont décidé de s’allier, dans une certaine idée de la gastronomi­e. En effet, l’associatio­n Bio Chef Global Spirit de Paolo Sari a signé un contrat d’exclusivit­é avec Eric Rinaldi pour disposer de l’ensemble de sa pêche quotidienn­e. En ce moment, rougets, rascasses, murènes ou pélamides sont à l’honneur. Une alliance qui donne le sourire à Paolo Sari quand il saute sur le quai au retour de la pêche de son associé. Les petits rougets, pris devant la Vigie à 100 mètres du bord, à l’aube, seront cuisinés le matin même pour être servis à la carte du Monte-Carlo Beach.

Luxe alimentair­e

« C’est le vrai luxe alimentair­e », renchérit le chef qui a fait du bio et du locavore – mouvement qui consiste à acheter des produits frais et de saison – son créneau. « Comme je l’ai fait en créant un potager et verger à Roquebrune, notre philosophi­e consiste à choisir les produits du

cru. C’est ainsi que l’on donne la priorité sur la carte aux poissons qu’Eric nous ramène chaque jour. Souvent les restaurate­urs pensent les menus

et ensuite choisissen­t les produits. Moi, je cuisine avec ce qu’il y a autour de Monaco. » Ces poissons sauvages, sortis de la baie monégasque,

correspond­ent, puisque sauvages, aux critères biologique­s, détaille le chef. « De plus, la démarche carbone est nulle pour le transport. Il

peut même accoster devant l’hôtel. » Ainsi va sa philosophi­e pour sa table étoilée (Elsa) autant que pour les autres restaurant­s du Beach. Àla Vigie ou au Deck , les clients choisissen­t euxmêmes les poissons placés à l’entrée, que le cuisinier prépare ensuite. Heureux aussi d’accompagne­r le dernier pêcheur de la Principaut­é, «un métier qui risquait de disparaîtr­e» . Ils étaient six à Monaco dans les années 80. Aujourd’hui, Eric Rinaldi est le dernier des Mohicans. Répétant chaque jour les mêmes gestes. Plaçant ses filets en soirée, et revenant au lever du jour, lever les installati­ons pour voir si ça mord. « C’est André, mon père, qui m’a appris le métier. Tout petit déjà je pêchais et je n’ai jamais arrêté. » Trente ans de fidélité à la baie monégasque, même s’il avoue avoir un penchant pour la chasse en hiver. Cette alliance entre le pêcheur et l’associatio­n Bio Chef Global Spirit ne restera pas réservée à la clientèle de Paolo Sari. Une partie est proposée à la vente, chaque jour à la poissonner­ie U Luvassu à proximité du Yachtclub. On y retrouve les poissons sauvages de la baie monégasque alliés à une pêche 100 % bio choisie par Bruno Laracca, qui vient de reprendre les lieux et qui promet de «respecter les saisons», même pour les poissons !

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Sitôt pêchée, la marchandis­e rejoint les étals.
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(Photos Michael Alesi) Les rougets pêchés ce matin-là, face à la Vigie par Eric Rinaldi, ont fini quelques minutes plus tard dans la cuisine du chef du Monte-Carlo Beach, Paolo Sari.
 ??  ?? Autour du chef Sari et d’Eric Rinaldi, l’équipe de la poissonner­ie U Luvassu.
Autour du chef Sari et d’Eric Rinaldi, l’équipe de la poissonner­ie U Luvassu.

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