«Penelopegate»: une nouvelle mise en examen
L’homme d’affaires Marc Ladreit de Lacharrière a été mis en examen vendredi pour abus de biens sociaux dans le cadre de l’enquête sur le possible emploi fictif de Penelope Fillon à La Revue des deux mondes dont il est le propriétaire, a indiqué hier une source proche de l’enquête. Comme l’a révélé Le Journal du dimanche, les juges d’instruction en charge du dossier des emplois controversés de Mme Fillon ont convoqué l’homme d’affaires, proche de l’ex-Premier ministre, pour un interrogatoire de plusieurs heures. L’avocat du p.-d.g. du groupe Fimalac, ressorti sans contrôle judiciaire, n’était pas joignable dans l’immédiat. Cette enquête vise notamment les emplois rémunérés de Penelope Fillon comme collaboratrice parlementaire auprès de son mari quand il était député de la Sarthe, puis de son suppléant à l’Assemblée, ainsi qu’à La Revue des deux mondes où elle avait été salariée en CDI, avant d’en démissionner. Au total, elle a perçu 680 380€ nets pour ses contrats à l’Assemblée nationale de 1986 à 2013, et 3 500€ nets mensuels pour son emploi à la revue, entre mai 2012 et décembre 2013. Les enquêteurs s’interrogent sur la réalité de ces emplois. Dans le volet des emplois à l’Assemblée, elle a déjà été mise en examen notamment pour complicité
et recel de détournement de fonds publics, ainsi que François Fillon et son ex-suppléant Marc Joulaud pour détournement de fonds publics. S’agissant des soupçons d’emplois fictifs à La Revue des deux mondes, outre son propriétaire, M. Ladreit de Lacharrière, le couple Fillon a été mis en examen pour «complicité et recel d’abus de bien sociaux».
Une fortune de , milliards de dollars
D’après des sources proches du dossier, «une dizaine de notes et fiches de lecture ont été retrouvées», mais seules deux ont été publiées dans la revue. Penelope Fillon, qui a admis ne s’être jamais rendue dans les locaux du magazine, aurait aussi eu un rôle de conseil éditorial, sous la forme d’entretiens informels, avec M. de Lacharrière, qui voulait relancer la publication. A l’époque, François Fillon avait demandé à son ami «s’il avait une idée pour trouver du travail pour son épouse [...]. Elle n’a pas demandé de salaire. Lui non plus », a déclaré une source proche du dossier. Après son embauche, elle a cumulé cet emploi avec un nouveau contrat de collaboratrice à l’Assemblée, à partir de juillet 2012, lorsque son mari est redevenu député. Le contrat de Mme Fillon, établi sur 281 jours par an «lui laissait une totale liberté» pour organiser son travail, avait justifié l’avocat de François Fillon, Me Antonin Levy. Lors de la campagne, François Fillon a reconnu que sa société de conseil 2F avait conseillé Fimalac, et qu’il avait obtenu en 2013 un prêt de 50 000 euros de son ami, somme qui a été remboursée mais non déclarée. L’homme d’affaires – qui possède la 23e fortune de France, estimée à 2,4milliards de dollars en 2016 par Forbes – a été élevé en 2011 à la dignité de grand-croix de la Légion d’honneur, sous le gouvernement de M. Fillon. Il a vigoureusement exclu tout lien entre ce titre et le contrat de Mme Fillon.