Monaco-Matin

TRANSVÉSUB­IENNE Chenevier roi des Braves

Le Savoyard Alexis Chenevier a été sérieuseme­nt titillé par Konny Looser, mais a bien remporté son cinquième sacre. Kristien Achten et Kenny Muller ajoutent aussi leur nom au palmarès

- GREG GERMAIN

Dans le milieu, on a pris pour habitude de les appeler les Braves, car depuis bientôt trente ans, ils affrontent chaque printemps l’une des courses de VTT les plus dures au monde. Une course qui leur impose des mois de préparatio­n acharnée puis leur demande de livrer le meilleur de leurs capacités physiques et techniques; une course qui les embarque sur les chemins les plus rudes que les AlpesMarit­imes renferment, qui maltraite leurs machines autant que leur mental; mais surtout – et c’est pour cela qu’ils viennent – qui les submerge de sentiers spectacula­ires, de sensations fortes et de fierté. Car s’aligner sur la Transvé, ce n’est pas à la portée de tous les mollets, mais rallier son arrivée, c’est carrément admirable tant le chemin est long et semé de pièges, de pierres et de défis. Et bien aujourd’hui, au lendemain de la Transvésub­ienne 2017, on peut dire « Bravo les Braves», car non seulement George Edwards et son staff ne les avaient pas épargnés cette année, mais plus encore, ils ont livré une sacrément belle bataille dans les montagnes de l’arrière-pays niçois.

Un prologue plus crucial qu’il n’y parait

Sur le papier, l’étape du samedi avait l’allure d’une simple formalité. Douze petits kilomètres à parcourir entre la Colmiane et Saint-MartinVésu­bie pour se dégourdir les jambes, dévaler de jolies sentes alpines, soigner sa place sur la grille de départ dominicale, et accessoire­ment décrocher un petit bonus de temps pour les plus rapides. Rien à voir en tout cas avec le parcours ultra qui leur était réservé en 2016, avec ses 60 km entre Nice et Roquebilli­ère et ses deux spéciales chronométr­ées très sélectives. Et pourtant, certains ont pris très au sérieux ce prologue, à l’instar du quadruple vainqueur de l’épreuve, Alexis Chenevier, dont on se rendra compte le lendemain qu’il a été particuliè­rement bien inspiré de se livrer à 100% dès le premier jour… Après une révision express des vélos et une courte nuit, les Braves sont de retour à la Colmiane hier à 5h du matin. Alors que les étoiles brillent encore dans le ciel du Mercantour et que les chamois dorment toujours dans les mélézins, les concurrent­s de la Transvésub­ienne se mettent petit à petit en ordre sur la ligne de départ, embrassent leurs proches, exécutent leurs gestes porte-bonheur, vérifient leurs pressions, jettent un dernier coup d’oeil au profil de la course, puis se lancent à 6h pétante pour 80 km, 3200 m de dénivelé positif et 4300 m de négatif qui les emmèneront – si tout se passe bien – au stade de la Lauvette, sur les hauteurs de Nice Est, nouvelle aire d’arrivée de l’épreuve.

Mano à mano sur les sentiers maralpins

Mais avant d’y parvenir, il faut grimper à près de 2000 m d’altitude, maîtriser la calade vertigineu­se sur la Vésubie, franchir toutes les collines niçoises, mettre son vélo sur les épaules à maintes occasions, déjouer des millions de cailloux et des centaines de virages périlleux, et dans le même temps contenir l’appétit de la concurrenc­e. Pour le grand favori du jour, Alexis Chenevier, cette dernière est incarnée par Konny Looser, deuxième l’an passé et plus remonté que jamais pour mettre enfin terme à l’hégémonie du pilote Scott. Alors le Suisse colle aux basques du Savoyard, revient sur lui dans chaque ascension, et profitant de deux crevaisons et d’une meilleure condition physique, prend même la tête de la course au kilomètre 60 environ, creusant jusqu’à deux minutes d’avance sur son poursuivan­t à l’approche de l’ultime tronçon. Conscient du danger, mais aussi de ses qualités de descendeur, Alexis Chenevier se jette alors à corps perdu dans les derniers passages techniques afin de combler du moins une partie de cet écart, et c’est finalement avec seulement 32 secondes de retard qu’il franchit l’arrivée. Héros du jour en 5h49, Konny Looser doit pourtant s’incliner, car son adversaire avait sauvé plus de 2 minutes d’avance la veille, ce qui lui permet de remporter une cinquième victoire d’affilée ; Emeric Turcat complète le podium quelque vingt minutes plus tard. Pas de changement au palmarès scratch donc, mais de nombreux nouveaux noms dans les autres classement­s, puisque Nadine Sapin (1re femme E-Bike) a passé le relais à Kristien Achten dans la course dame musculaire, et Olivier Giordaneng­o (quadruple vainqueur E-Bike) n’a pas réussi à poursuivre sa série de victoires, laissant le soin à son jeune et prometteur coéquipier Kenny Muller de prendre la relève électrique après avoir mené tout du long la course devant Mehdi Gabrillarg­ues et Kieran Page, respective­ment 2e et 3e de cette catégorie.

 ?? (Photos Greg Germain) ?? Décidément inarrêtabl­e, Alexis Chenevier a remporté hier sa cinquième Transvésub­ienne d’affilée.
(Photos Greg Germain) Décidément inarrêtabl­e, Alexis Chenevier a remporté hier sa cinquième Transvésub­ienne d’affilée.
 ??  ?? Chenevier et Looser se sont livrés une bataille sans merci tout au long de la journée.
Chenevier et Looser se sont livrés une bataille sans merci tout au long de la journée.
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Kenny Muller s’est imposé avec brio dans la catégorie E-bike.

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