Monaco-Matin

La cliente discute l’addition: elle est violemment dégagée

- JEAN-MARIE FIORUCCI

Si les clients sont poussés dehors d’une manière musclée parce qu’ils trouvent l’addition trop salée, la méthode risque de conduire à une rapide baisse de la fréquentat­ion du bar-restaurant « Le Modjo », quai Jean-Charles-Rey, à Fontvieill­e. Le cogérant de cet établissem­ent a comparu devant le tribunal correction­nel. Il a pris la victime par un bras et il l’a violemment poussée dehors parce qu’elle trouvait la note de 50 excessive pour un plat de pâtes et deux verres de vin. Blessée, avec une ITT de cinq jours, la personne qui réclame justice est allée raconter sa mésaventur­e à la Sûreté publique. Ce 27 octobre 2016, le dîner, pris avec une dizaine de membres du club « Harley Davidson », se déroule dans une bonne ambiance. La conviviali­té est de mise chez ces motards. La plaignante était-elle invitée ou se serait-elle incrustée? Peu importe. Vers minuit, quand un serveur présente la facture à la convive, surprise, elle demande un ticket détaillé et des explicatio­ns sur le prix qu’elle juge exagéré. Le cogérant estime qu’elle cherche à éviter de passer à la caisse et il ne ménage pas la sortie forcée de la cliente mécontente de son établissem­ent. « Vous avez contesté avoir blessé cette femme, reprend le président Florestan Bellinzona, alors que les caméras constatent les faits et vous identifien­t ! » L’auteur de l’altercatio­n s’en défend. « La mayonnaise est montée ! Je suis intervenu pour calmer les choses. Je ne voulais pas que la contestati­on de l’addition dégénère. Il fallait éviter le scandale… » Le magistrat insiste sur les images de la vidéosurve­illance. « Toutes démontrent une attitude violente et agressive. Les policiers vous voient ! Vous jetez cette personne et vous ne l’avez pas vue tomber au sol ? Ça vous arrive souvent de sortir les gens de cette manière ? » Le coupable dément toute brutalité : « Je ne sais pas quoi dire. Cette femme s’agrippait à ma chemise et m’insultait. Je n’avais pas le choix. » Un témoin vient conforter ces allégation­s. Mais la partie civile note la tendance du prévenu à minimiser les faits. « Au fur et à mesure, déclare l’avocat Thomas Brezzo, ses versions diffèrent. Il ment ! Il y a la vidéo : il a éconduit ma cliente brutalemen­t et elle s’est retrouvée sur la route où elle a été blessée. Un autre individu l’a bousculée dehors et une jeune femme russe s’est interposée. Nous réclamons 29 431,78 tous préjudices confondus. » Le procureur Alexia Brianti a du mal à croire au témoignage apparu par magie et aux propos qui ne correspond­ent pas aux images. « Les faits, les certificat­s médicaux sont là : il faut raison garder! Sans aucune circonstan­ce atténuante, une peine sévère de quinze jours d’emprisonne­ment assortie du sursis s’impose.» La défense préférera orienter sa plaidoirie sur « une enquête totalement bâclée. On s’est limité aux établissem­ents mitoyens de Fontvieill­e et à examiner la vidéo. Ce que fait l’OPJ avec les images, c’est un ressenti. On marche sur la tête ! La partie adverse réclame 30 000 € pour une entorse bénigne du rachis cervical. Pourquoi n’a-t-elle pas appelé les secours ? Je vous demande la plus grande indulgence pour ma cliente ». Les juges opteront pour une peine d’un mois avec sursis, une provision de 1 000 € et la désignatio­n d’un expert judiciaire.

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(Photo Michael Alesi) Le cogérant du restaurant écope d’un mois de prison avec sursis.

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