Monaco-Matin

Menton : les dettes de Valérie à l’origine de son crime

Valérie P., 55 ans, a vécu plus d’un an, sans rien laisser paraître, avec son lourd et terrible secret. Non seulement elle a volé Daniele Ritorto, 75 ans, mais elle est soupçonnée de l’avoir tuée

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Dans la confortabl­e résidence de la rue Albert-Ier à Menton, essentiell­ement habitée par des personnes âgées et des profession­s libérales, l’informatio­n du meurtre de Daniele Ritorto, 75 ans, n’a pas encore fait le tour des couloirs feutrés. Très peu de personnes sont au courant du drame qui s’est déroulé dans l’un des appartemen­ts le 29 mars 2016. Il faut dire que les policiers de la brigade criminelle de la Sûreté départemen­tale ont enquêté dans la plus grande discrétion pendant des mois. Jusqu’à l’interpella­tion de Valérie P, 55 ans, coquette quinquagén­aire à l’allure sportive. Malgré ses dénégation­s, celle qui avait été un temps femme de ménage chez Daniele Ritorto a fini par craquer. Oui c’est bien elle qui a plaqué un coussin sur le visage de la vieille dame jusqu’à ce que mort s’en suive. L’acte criminel n’a pas sauté aux yeux du premier médecin qui a constaté le décès de cette femme âgée, obèse, impotente et cardiaque, retrouvée décédée tout habillée sur son lit. Un examen plus poussé du corps a fait naître un doute. L’autopsie a mis en lumière une fracture des vertèbres cervicales et d’autres signes patents d’une asphyxie mécanique. Autre preuve irréfutabl­e: l’ADN de la suspecte sous les ongles de la victime. Valérie ne pouvait plus feindre l’étonnement à l’arrivée des policiers à son domicile avenue de la Lodola à Roquebrune-Cap-Martin. D’autant que des chèques ont été tirés post-mortem sur le compte de la vieille dame pour se retrouver créditer sur celui d’un proche de Valérie. Depuis la liquidatio­n judiciaire de son restaurant, qui se situait Porte de France, face à la mer à Menton, Valérie, endettée, tirait le diable par la queue. Au service pendant quelques mois de la septuagéna­ire, veuve depuis quinze ans, bénéfician­t d’une certaine aisance financière sans être richissime, elle lui aurait volé plusieurs dizaines de milliers d’euros. Celle-ci s’en était aperçue et l’avait signalé à la police tout en congédiant sa femme de ménage. C’est Valérie P. qui a pris l’initiative de renouer le contact en prenant rendez-vous avec son ex-employeur ce 30 mars 2016. Daniele, à la santé précaire, à la mobilité réduite, l’a-t-elle frappée avec sa canne comme le prétend Valérie P. pour justifier son geste ? Cette mère de famille ordinaire s’est métamorpho­sée en tueuse impitoyabl­e, plaquant de longues minutes un coussin sur le visage de sa victime. Elle a ensuite vécu pendant des mois avec ce lourd et terrible secret, sans rien laisser paraître. Valérie P., qui a été mise en examen et écrouée la semaine dernière, devra s’expliquer dans les mois à venir devant le juge d’instructio­n sur le mobile de son acte. Le magistrat a également des questions sur ces anxiolytiq­ues, prescrits à Valérie P et retrouvés dans le sang de la victime. Une autre personne, domiciliée à Nice, qui était chargée des courses et faisait office de chauffeur occasionne­l pour Daniele Ritorto, est également mis en examen dans cette affaire. Dominique est accusé d’avoir utilisé la carte bancaire de la victime post mortem pour un montant de 2000 euros. « Mon client n’a absolument rien à voir avec le volet criminel de cette affaire et n’a pas de lien avec la femme de ménage », a précisé hier Me Alexandre Verrier, son conseil. « Il ignorait complèteme­nt que Madame Ritorto avait été victime d’un meurtre. »

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(Photo M Alesi) C’est dans cette résidence que Daniele Ritorto,  ans, impotente et malade, aurait été tuée par sa femme de ménage. La brigade criminelle de la Sûreté départemen­tale en a la certitude.

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