Monaco-Matin

AS Monaco : Zvezdan Mitrovic coach et guide

L’entraîneur monténégri­n de l’AS Monaco est un amoureux fou du basket et de la vie. Portrait...

-

Assis au bar du «World Class», vendredi matin, à un jet de ballon du stade Louis-II, Zvezdan Mitrovic, alias coach Z, a le téléphone qui crépite. Un message de félicitati­ons du ministre des sports du Monténégro. « On est un petit pays sur la carte. Un trophée de meilleur coach en France, ça marque les esprits ». Sur le Rocher, voici deux saisons que Zvezdan Mitrovic agite les conscience­s. Avec un budget inférieur aux plus grosses cylindrées de ProA, son équipe fait le show et enchaîne les succès. Gaston-Médecin, théâtre aux sièges jaunes autrefois déserté, fait aujourd’hui le plein. Logique : le spectacle est abondant. Deux fois vainqueur de la saison régulière, deux fois vainqueur de la Leaders Cup, médaille de bronze de la Champions League, la Roca Team abordera demain à la maison contre Villeurban­ne, en quart de finale des playoffs, son plus gros défi : aller chercher le titre de champion.

Un papa militaire

Zvezdan Mitrovic est né en 1970 au Montenegro, sur une terre qui s’appelait encore la Yougoslavi­e. Zvezda, en Serbe, ça veut dire étoile. « Ce n’est pas un prénom très courant, glisse Mitrovic. Mon père était un grand supporter du Partizan Belgrade. Et un joueur de l’époque s’appelait Zvezdan ». Marjan Mitrovic, le paternel, était officier dans l’armée. Zvezdan, solide comme un tank, célèbre pour ses colères devant son banc de touche, était-il donc destiné à recevoir en héritage l’étiquette d’un coach autoritair­e ? « J’ai probableme­nt reçu une éducation assez stricte, qui m’a servi. Mais je me souviens surtout d’une enfance très heureuse. La Yougoslavi­e des années 80, c’était un vent de liberté, la musique venue de tous les horizons... J’étais toujours entouré de copains, je faisais du sport toute la journée, on allait au vidéo-club pour louer les cassettes des matches NBA. C’était notre séance de cinéma à nous ». Il commencera par le foot, arrière droit, puis enchaînera par le hand, le water-polo. « Vous voyez comment je suis bâti .... Le hand, c’était pour moi. Mais on jouait sur du bitume, et le soir, je rentrais à la maison les genoux en sang. Ma mère a insisté pour que je pratique le basket ». Cedomila, la maman, est décédée en 2002 après un long combat contre la maladie. « Je l’admirais. Elle était si forte. Elle sera toujours en moi ». Après son service militaire d’un an, obligatoir­e («je n’ai jamais envisagé une seule seconde de faire ma vie dans l’armée» ), Zvezdan a 20 ans. Il étudie l’économie à l’université de Podgorica. C’est là qu’il rencontre son épouse, Ivana, 18 ans.

« Ce trophée, il est pour ma femme »

À l’époque Zvezdan, 1,94m, joue ailier dans l’équipe de la ville, l’équivalent de la ProB. Il est bon shooteur, solide au poste, manque un peu de vitesse sur les premiers appuis. Zvezdan participe à des stages nationaux. Quand il côtoie les Danilovic, Divac, Obradovic, Djordjevic, Bodiroga, Tomasevic, Paspalj, Rebraca et consorts, la génération dorée des doubles champions du monde yougoslave­s, il comprend. « J’aurais pu être un joueur moyen, mais j’avais envie d’autre chose. Et le coaching m’intéressai­t déjà ». À 22 ans, il devient assistant-coach de Podgorica. Il entraîne en même temps les cadets du club. On est en 1992, la guerre vient d’éclater dans les Balkans. «Iln’yapaseu de combats au Monténégro. Mais tout est devenu difficile. Le moment est arrivé où le club n’avait plus les moyens de nous payer. Ma femme était enceinte de notre premier enfant. À la maison,il n’y avait plus un sou ». Zvezdan est alors toujours étudiant en 3e année d’économie. « J’ai reçu la propositio­n, de travailler chez un magasin de fourniture­s. Il fallait bien faire bouillir la marmite. Ma femme se débrouilla­it à nous faire vivre avec des petits boulots. C’est pourtant Ivana qui a insisté pour que je ne laisse pas tomber ma passion. Si quelqu’un mérite ce titre de coach de ProA, c’est bien elle, avec les enfants, qui m’ont toujours suivi partout ». Quelques mois plus tard, Mitrovic sera engagé dans le club de Buducnost. Le début de son ascension, avant un premier poste de coach principal décroché en 1998 à Budva. À Monaco, désormais, vit toute la famille Mitrovic. Ses deux filles, rayonnante­s, Milica, 22 ans et Djina, 21 ans, qui ont suivi des études à Belgrade, sont les autres femmes de sa vie. Jovan, le fiston, 16 ans, joue au basket dans les U17 de l’AS Monaco. Il mesure déjà 2m. «Sijele pousse à faire carrière? Pas le moins du monde. Je ne souhaite qu’une chose, le voir heureux ». Zvezdan a les yeux qui brillent. « Faire ce qu’on aime, c’est primordial. J’ai cette chance-là. En dehors du travail, comme vous dites en français, je suis un bon vivant. Les copains, les blagues, un bon rosé, quelques fruits de mer au bord de l’eau et vous verrez Mitrovic au paradis ».

 ??  ??
 ?? (DR) (Photo Cyril Dodergny) LNB) ?? Milica et Djina, ses deux filles. Un coach expressif. Elu meilleur coach de ProA. Le basket français a exprimé sa reconnaiss­ance.(Photo Avec son épouse... Et ses enfants...
(DR) (Photo Cyril Dodergny) LNB) Milica et Djina, ses deux filles. Un coach expressif. Elu meilleur coach de ProA. Le basket français a exprimé sa reconnaiss­ance.(Photo Avec son épouse... Et ses enfants...

Newspapers in French

Newspapers from Monaco