Monaco-Matin

Quand les enfants prennent goût à la lecture

Pour la huitième année, la commune voisine de la Principaut­é a tenu son festival du livre jeunesse hier. Entre dédicaces, rencontres et théâtre, petites et grandes pupilles étaient pleines d’étoiles

- LUDOVIC MERCIER lmercier@nicematin.fr

Son petit menton à hauteur de la table, et ses grands yeux écarquillé­s et pétillants, la petite Clémence ose à peine donner son nom quand l’auteur-illustrate­ur, Ronan Badel, le lui demande pour la dédicace. Le précieux autographe achevé, la gamine n’attrape le livre que du bout des doigts, comme un précieux manuscrit, puis le serre contre elle. C’est ça aussi, le festival du livre jeunesse de Beausoleil. L’opportunit­é pour les petites têtes blondes, brunes, ou rousses, de rencontrer ceux et celles qui fabrique les histoires qui les font rire, rêver, frissonner. Pour sa huitième édition, le succès est toujours au rendez vous. Une joyeuse marmaille s’ébroue, déambule entre les stands, et traîne les parents. «Ici particuliè­rement, on sent que les enfants ont un gros appétit, ils sont très en demande. Comme l’événement est bien préparé, ils deviennent impatients», constate Anne Jonas, auteur. Cette préparatio­n est un travail de longue haleine organisé par les enseignant­s et la mairie. Toute l’année les enfants étudient les oeuvres des invités qui apprécient cette approche. Stephan Gaffoglio, responsabl­e du service culturel de la Ville le constate : «Les profession­nels qui participen­t sont tellement élogieux à notre sujet que nous n’avons aucune difficulté à faire venir ceux que les enseignant­s sélectionn­ent.»

« Se sentir utile »

Et certains artistes qui se font plutôt rares d’habitude, font exprès le déplacemen­t sur la Côte d’Azur : «Je ne participe pas souvent à ce genre de manifestat­ion, car ça demande beaucoup de temps. Ici, ce qui est très intéressan­t, c’est que l’on rencontre des enfants dont le français n’est pas la langue maternelle. Ces enfants irakiens, srilankais, philippins, portugais, sont tous bilingues. L’extérieur leur dit qu’ils sont immigrés, mais ils ont l’intelligen­ce de la langue. Et le dessin les aide à mieux comprendre le français. Dans des moments comme ça, on se sent moins inutile que quand on dessine chez soi pour son propre plaisir», confie Pascal Lemaître, auteur-illustrate­ur. Un sentiment partagé par Anne Jonas : «Quand on publie un livre, c’est un peu une bouteille à la mer. On n’en entend plus parler. Voir la réaction des enfants, ça permet de se sentir utile.» D’autant plus utile qu’année après année, Stéphane Gaffoglio voit bien que «même les familles qu’on voyait venir contrainte­s par les enfants, finissent par venir avec plaisir, et à s’intéresser à la lecture.»

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(Photos Jean-François Ottonello) Prendre contact avec le livre dès le plus jeune âge permet de le désacralis­er, de mieux se l’approprier à l’âge adulte.
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Pascal Lemaître et Rascal, auteurs-illustrate­urs.
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Bruno Gibert, auteur-illustrate­ur.

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