Monaco-Matin

Les deux épouvantai­ls agités par Olivier Bettati

Le 1er vice-président du groupe FN à la Région, qui a claqué la porte de l’UMP fin 2012, est candidat divers droite soutenu par le Front national et le CNIP dans la 4e circonscri­ption

- ENTRETIEN : ARNAULT COHEN acohen@nicematin.fr

Pour lui, deux dangers guettent la Communauté d’agglomérat­ion de la Riviera française (Carf) : l’afflux de migrants à la frontière et l’absorption par la métropole Nice-Côte d’Azur. Un second danger partagé d’ailleurs par la Communauté de communes du pays des Paillons. Olivier Bettati, candidat divers droite soutenu par le FN et le CNIP (Centre national des indépendan­ts et paysans) dans la 4e circonscri­ption, se présente comme celui qui protégera l’Est des Alpes-Maritimes face à ces deux risques.

Comment expliquez-vous votre trajectoir­e politique, de la droite classique au Front national ? Je me suis engagé en politique à  ans, au RPR. Je suis ensuite devenu secrétaire national de l’UMP. J’étais un apparatchi­k. J’ai eu une première rupture avec Estrosi. Pour deux raisons. D’une part, j’ai trouvé délirantes les dérives financière­s de la métropole Nice-Côte d’Azur. D’autre part, j’ai estimé que les liens entretenus avec l’UOIF (Union des organisati­ons islamiques de France, N.D.L.R.) représenta­ient un vrai danger. J’ai claqué la porte en . J’ai présenté une liste aux municipale­s à Nice, avec des gens du monde de l’entreprise et trois politiques de gauche…

Un peu comme Macron… Sauf que je n’ai pas gagné et qu’il y avait une dominante de gens de droite. J’ai donc fait l’inverse de Macron.

Comment en êtes-vous arrivé à vous rapprocher du FN ? Un jour, un copain conseiller général m’a dit qu’il voulait me présenter Marion Maréchal-Le Pen. Je lui ai rappelé que j’étais un gaulliste historique, un chiraquien, que Le Pen, ce n’était pas ma planète. J’y suis tout de même allé, parce que je sentais que cette fille avait quelque chose de différent. C’était en mars . Je l’ai rencontrée dans un restaurant parisien. Quand elle est rentrée, j’ai vu des gens se prendre en selfie avec elle, le patron du restaurant lui offrir à boire… Je n’ai pas vu la défiance qu’un Jean-Marie Le Pen aurait pu susciter en pareille circonstan­ce.

Et elle vous convainc de partir avec elle aux élections régionales en Paca… Elle cherchait quelqu’un pour tirer sa liste dans les Alpes-Maritimes. J’ai été un peu étonné de sa démarche. Elle m’a répondu qu’elle croyait en la recomposit­ion des droites, persuadée qu’on arrivait au bout d’un système. Je l’avais senti depuis longtemps à l’UMP : vous prenez Hibernatus, vous le décongelez et vous lui demandez si NKM et Ciotti sont dans le même parti ; il vous dira non ! Même chose à gauche. Macron fait d’ailleurs imploser le système avec talent. J’ai envie de participer à cette recomposit­ion de la droite.

Et sur le fond, vous êtes en harmonie avec le FN ? J’ai retrouvé certaines idées du RPR, à l’époque où je me suis engagé en politique, en . Les doutes sur la manière dont est construite l’Europe, les problèmes avec l’Islam…

Même sur le plan économique ? La sortie de l’euro et le Frexit ? Non. Ça, je pense que c’est une erreur. Mais j’ai trouvé que le programme économique de Marion Maréchal-Le Pen pour les régionales était bon. Aujourd’hui, j’ai une grande affection pour elle. C’est comme ma petite soeur.

Mais Marion Maréchal-Le Pen n’est pas le FN. Assumez-vous les idées et le programme du parti qui va vous soutenir aux législativ­es ? Ce parti a évolué. Je n’y serais pas rentré il y a cinq ou six ans. Aujourd’hui, je partage  % du constat et des solutions du Front national. Mais je ne suis pas au FN parce que je ne suis pas d’accord sur la sortie de l’euro et le flou sur la structure européenne.

Et sur l’immigratio­n ? On n’a plus les moyens d’accueillir les migrants qui arrivent en permanence. La situation économique du continent ne le permet pas. Ce système d’aspiration en Europe a remis en place une forme d’esclavage, avec des passeurs qui gagnent de l’argent sur ces pauvres gens.

Le Pen, ce n’était pas ma planète ” Macron fait imploser le système avec talent ”

Le problème, c’est Schengen. Schengen, c’est une belle idée qui ne peut pas marcher. Il faut que la France ait une parole forte en Europe et impose la fermeture de nos frontières, même momentaném­ent. Pour envoyer un message fort. C’est un choix personnel. C’est la circonscri­ption de la frontière italienne. Le député, élu de la Nation, a des messages à faire passer. Voter pour moi, c’est demander la fermeture des frontières. De plus, le job des députés est d’être un ambassadeu­r des entreprise­s. Il y a ici un pôle économique fort, entre Monaco, les industries du Paillon, l’Italie et la Ligurie à côté. J’entretiens aussi des relations amicales avec beaucoup de maires de cette circonscri­ption. Il y a un autre enjeu dans la : la métropole Nice-Côte d’Azur doitelle absorber la Carf et la Communauté de communes du pays des Paillons ? C’est ce qui est prévu. Et ce contre quoi je veux me battre. La Carf est une structure remarquabl­ement gérée. Pareil dans les Paillons. Mon adversaire politique des Républicai­ns est celui qui a choisi la Métropole plutôt que la Carf. Il (Xavier Beck, N.D.L.R.) est le cheval de Troie d’Estrosi dans cette opération. J’ai préféré un homme d’entreprise à un élu pur et dur. Il n’y avait pas qu’Huguette Layet, deux autres maires auraient pu partir avec moi. D’autres maires me rejoignent, sans le dire ouvertemen­t, sur la nécessaire recomposit­ion de la droite de demain. Ils dînent avec moi et sont au premier rang dans les meetings de LR. Dans la nous avons essentiell­ement une candidate ex-LR devenue En Marche ! – [Alexandra ValettaArd­isson] qui a fait ce que j’ai fait à droite – et un candidat LR-UDI qui est dans une position intenable. Il n’a rien dit quand Estrosi a tendu la main à Macron. Il est dans la roue de M. Estrosi. Et puis tout le monde sait ici que le candidat LR est soutenu du bout « J’ai toujours été de droite », gaulliste convaincu ». «un

« Pour défendre l’entreprena­riat, les idées du FN et du CNIP me conviennen­t bien. C’est le seul axe autour duquel la droite pourra se construire. » des lèvres par les élus LR de la circonscri­ption.

Vous agitez donc deux épouvantai­ls : l’ogre métropolit­ain qui va absorber les deux agglos et les migrants… Est-ce que les gens d’ici doivent payer les trous du tramway ? C’est une inquiétude pour tous les élus. Si je suis élu député, Estrosi ne pourra pas absorber la Carf. Et que doit-on faire de notre frontière ? L’ouvrir ou la fermer, comme nous le préconison­s ?

Voter pour moi, c’est demander la fermeture des frontières ”

Comme ils sont interchang­eables, c’est pareil pour moi. Non. Pour une raison très simple, indépendam­ment de la loi sur le cumul des mandats : le député porte des messages au niveau national, comme celui de la frontière que je porterai. Le député est aussi le VRP des entreprise­s et des collectivi­tés. Je n’ai d’autre ambition que de les représente­r à l’Assemblée.

 ?? (Photo A. C.) ?? Que préconisez­vous ? Pourquoi êtes-vous candidat dans la circonscri­ption ? Pourquoi ne pas avoir choisi justement un suppléant au sein Olivier Bettati et son suppléant Adrien Sfecci, candidats divers droite, soutenus par le FN et le CNIP.
de la Carf,...
(Photo A. C.) Que préconisez­vous ? Pourquoi êtes-vous candidat dans la circonscri­ption ? Pourquoi ne pas avoir choisi justement un suppléant au sein Olivier Bettati et son suppléant Adrien Sfecci, candidats divers droite, soutenus par le FN et le CNIP. de la Carf,...
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Monaco