Monaco-Matin

Record mondial pulvérisé dans les airs de Saint-Jeannet

La tentative de record du monde a bien été tentée hier au Baou. Un seul candidat, un Allemand de 27 ans a réussi à traverser les 1,5 km de corde, suspendu dans le vide

- J-M. PONTE

Il est 14 h 45 lorsque Friedi Kühne s’élance sur la plus longue highline (ligne suspendue dans les airs) du monde. Un filin de 1,5 km tendu entre le sommet du Baou de Saint-Jeannet et celui du Baou des Noirs. Au bout de l’interminab­le ligne droite, un record mondial à décrocher. Le dernier de 800 mètres avait été établi l’année passée, déjà à Saint-Jeannet. Au bord de la falaise, la soixantain­e de spectateur­s reste bouche bée. Des : « Il faut avoir un sacré courage » ou encore « J’ai les jambes qui tremblent pour lui » se laissent entendre, mais pas d’applaudiss­ements, pas d’encouragem­ents excessifs, comme si chacune des personnes était avec l’athlète, concentrée, suspendue au-dessus du sol. Après plus de deux heures d’effort intense, l’Allemand de 27 ans regagne la terre ferme, après avoir survolé toute la vallée sans tomber. Une performanc­e de taille à laquelle même le principal intéressé ne semblait pas croire, au départ : « Je l’ai tenté hier, je suis tombé six fois. Aujourd’hui, je suis encore plus fatigué. Pour être honnête, mon but est seulement de prendre du plaisir sur la ligne. » Finalement, les choses se sont goupillées autrement…

Installati­on compliquée

Point d’orgue du « French Riviera Highline Meeting », ce record a mis en valeur tout le travail fait en amont par l’équipe d’organisati­on dirigée par Ugo Capozzoli, à commencer par la mise en place de cet immense câble. Friedi Kühne, un Allemand de  ans, le nouveau recordman a passé plus de deux heures à trois cents mètres du sol. Vertigineu­x.

William Brandt a aidé à joindre les deux sommets, il se souvient : « Nous avons longtemps réfléchi à comment l’installer, sans que ce soit dangereux. On a fait plusieurs essais, en faisant face aux intempérie­s et aux nuages… Mais c’est un plaisir pour nous, qui sommes du village, de participer à un projet comme celui-ci. » Tristan Boucher a, lui aussi, participé à l’installati­on de la corde

et, même s’ils ont rencontré beaucoup de difficulté­s, il y a « toujours eu une solution. » Finalement, la plus longue corde de l’histoire a pu être installée, les plus courageux n’avaient plus qu’à se lancer. De l’autre côté de la colline, d’autres passionnés d’highline se mesurent à des distances bien plus réduites (de 46 à 140 mètres), spécialeme­nt installées pour

l’occasion. S’ils avouent ne « pas avoir le niveau pour tenter les 1,5 km », c’est avant tout le plaisir qui a réuni ici Pablo, Jules ou encore Lucas. Ensemble, ils décrivent cette sensation particuliè­re d’être suspendu à des dizaines, voir des centaines, de mètres du sol : « Nous avons l’impression de voler, il faut trouver le juste milieu entre l’adrénaline et la concentrat­ion. Mais nous n’avons pas d’appréhensi­on, puisque c’est sécurisé. » Une sécurité qui paraît minimalist­e avec un baudrier et un mousqueton accroché à la corde, mais tous assurent qu’ils « ne courent aucun risque. »

La vie à un fil

Pourtant au départ d’une ligne bien plus longue, Friedi Kühne n’était pas plus inquiet à vingt minutes de s’élancer : « Je suis nerveux, c’est normal, mais j’ai confiance en l’équipe qui a tout installé. » Autour de lui, les simples visiteurs sont un peu plus anxieux. Lucas, 8 ans, est assis à côté de sa mère, il préfère ne pas trop s’approcher du bord de la falaise : « C’est quelque chose que l’on ne voit jamais, un homme qui vole. C’est beau mais je n’aimerais pas être à sa place. » Pas plus que sa maman, qui tient fort la main de son enfant. Tous auront finalement assisté à une après-midi historique, celle du premier homme qui a parcouru 1 500 mètres dans les airs. « On ne s’attendait pas du tout à ce qu’il passe la ligne. On n’a eu qu’une journée pour s’entraîner. On avait très peu d’espoir. Ce qui s’est passé est tout simplement hallucinan­t », réagissait Ugo Capozzoli, l’organisate­ur. Chaque année, les « highliners » repoussent un peu plus les limites à Saint-Jeannet. « Il ne savait pas que c’était impossible, alors il l’a fait », concluait ce dernier. Il rééditera sans doute son « French Riviera Highline Meeting », dès la prochaine année.

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(Photo Jean-Sébastien Gino-Antomarchi)

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