Monaco-Matin

Donald Trump, le début de la fin ?

- MICHÈLE COTTA

« Le procureur spécial nommé, Robert Mueller, ancien directeur du FBI, ne se laissera pas impression­ner. »

Donald Trump vers une procédure d’impeachmen­t ? Le président américain sera, dès son retour de son premier voyage en Europe et au Moyen-Orient, sous le coup des investigat­ions d’un procureur spécial nommé par le n° du ministère de la Justice (le n° ayant dû se démettre). En cause : les interféren­ces supposées des Russes pendant la campagne de Trump, plus encore l’informatio­n selon laquelle celui-ci aurait révélé, par mégarde ou par inattentio­n, des informatio­ns militaires classifiée­s au ministre des Affaires étrangères russe, tout cela joint aux intimidati­ons exercées par le Président sur le patron du FBI, limogé prestement au moment où il semblait vouloir enquêter de trop près sur ses liens avec Vladimir Poutine. Et enfin,

last but not least, le propre gendre du Président, son conseiller spécial qui aurait menti lui aussi sur ses contacts avec Moscou. Donald Trump aidé par la Russie contre Hillary Clinton, son équipe de campagne donnant des informatio­ns par un canal direct au Kremlin, lui-même risquant d’être accusé d’obstructio­n à la justice, on imagine l’émotion, c’est peu dire, des Démocrates et d’une partie des Républicai­ns. Profitant de son voyage à Ryad et ailleurs, Donald Trump est en revanche ces jours-ci accueilli comme le messie en Arabie Saoudite. Il avait dit que, contre l’islam, il serait intraitabl­e, implacable, qu’on allait voir ce qu’on allait voir : on l’a vu dans la capitale saoudienne, acclamé comme un prince, et récompensé par un énorme contrat de vente d’armes. Il est vrai que le président américain a manifesté avant et depuis son élection la plus grande déterminat­ion contre l’Iran, ennemi juré de l’Arabie Saoudite. L’ennemi de notre ennemi étant, comme chacun sait, un ami, Donald Trump est devenu le meilleur ami de la famille royale saoudite. Lorsqu’il s’est adressé à une cinquantai­ne de dirigeants arabes et musulmans pour leur parler de sa conception de l’islam, lui qui avait assuré, pendant sa campagne :

« L’islam nous déteste », a trouvé d’autres mots pour faire de la lutte antiterror­iste un objectif commun aux dirigeants du monde entier. Il ne reviendra aux États-Unis qu’après avoir participé, jeudi prochain, au sommet de l’Otan à Bruxelles, cette Otan qu’il a qualifiée, pendant sa campagne, d’« obsolète ». C’est lorsqu’il rentrera chez lui que la situation se compliquer­a. Le procureur spécial nommé, Robert Mueller, ancien directeur du FBI de  à , jouit d’une solide réputation. Il ne se laissera pas impression­ner, et la procédure à suivre en pareil cas sera scrupuleus­ement respectée jusqu’à ce que la vérité soit faite. Bref, voilà Donald Trump cerné par la justice, dont il se demande par tweet pourquoi elle ne s’est pas plutôt intéressée à l’administra­tion Obama, par les journalist­es,

« ces ennemis du peuple », et globalemen­t par tous ceux qui, à Washington et ailleurs, font connaître, de plus en plus haut, leurs craintes à l’égard du président américain. « Destitué » ou « mis en

incapacité », comme le permet le e amendement ? On n’en est pas encore là. Pourtant, dès aujourd’hui, le Président américain est sous haute surveillan­ce.

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