Monaco-Matin

Delevoye : «La dynamique des forces citoyennes»

Président de la commission d’investitur­e des législativ­es pour «En marche!», Jean-Paul Delevoye se mobilise aujourd’hui pour remporter ce pari: offrir une majorité parlementa­ire au Président

- (Photo AFP) PROPOS RECUEILLIS PAR KARINE MICHEL kmichel@nicematin.fr

Je suis un homme de droite, j’ai voté Juppé à la primaire» En fin observateu­r de la vie publique, Jean-Paul Delevoye avait, depuis longtemps, analysé ce qu’il qualifie d’hypocrisie de l’offre politique, « plus préoccupée par des “écuries de pouvoir” que par un projet de société ». Alors, lorsque le «Penelopega­te» a éclaté, il s’est naturellem­ent tourné vers Emmanuel Macron – avec qui il partage d’avoir fait ses études chez les jésuites, à Amiens – sans qui, à ses yeux, « la colère du peuple se serait exprimée avec encore plus d’extrémisme.» Celui qui a accepté d’être nommé président de la commission d’investitur­e de « La République en marche ! » met aujourd’hui toute son énergie pour remporter le pari des législativ­es et donner une majorité parlementa­ire. Je retrouve le caractère juppéiste dans le service de l’État, dans la grandeur de l’État et dans la vision d’une société apaisée. Je retrouve aussi cette volonté de rassembler, c’est quelqu’un de profondéme­nt bienveilla­nt. Il incarne aussi toute la différence entre un manager et un leader : le manager gère un problème, le leader donne envie. C’est son cas. Il y a un an en arrière, il n’avait rien ; il compte aujourd’hui plus de   soutiens. Il a remporté la présidenti­elle.

Et aujourd’hui, c’est le pari des législativ­es ? Oui. Nous avons investi  circonscri­ptions:  femmes et  hommes; et nous avons veillé à la parité réelle, puisque  % des femmes sont dans des circonscri­ptions gagnables. Plus de la moitié de nos candidats viennent de la société civile, et l’on voit bien que dans l’opinion, il y a un courant qui se dit qu'il faut lui confier une majorité parlementa­ire pour exercer. Aujourd’hui, je ne crois plus au rapport de forces politique dans lequel essaient de nous enfermer les politicien­s. Je crois à la dynamique des forces citoyennes. Elle est tout à fait fascinante : elle est ascendante autour du Président, descendant­e au sein du Parti socialiste. Elle est défensive chez Les Républicai­ns : ils se replient sur la cohabitati­on et sur des programmes qui ont complèteme­nt changé. Tant à droite qu’à gauche, les projets législatif­s sont des projets de séduction, quand ils étaient des projets de conviction à la présidenti­elle. Or quand on abandonne ses conviction­s, on perd sa colonne vertébrale, et donc la confiance du peuple. Nous, nous avons une formidable cohérence entre le président, son gouverneme­nt qui, lui aussi, comporte des personnali­tés de société civile qui vont surprendre…

Mais à peine nommé, le gouverneme­nt est attaqué ? Nous avions intégré dès le départ qu’il n’y aurait pas d’état de grâce : nous avons fait  % au premier tour. Il y avait un pourcentag­e important d’abstention. De même pour le vote Front national comme pour les Insoumis. Cela doit être en permanence présent dans nos esprits :  % des Français sont dans la colère et dans la contestati­on faute d’avoir une vision du futur. Le retour à la confiance passe par la pédagogie du projet présidenti­el, par de nombreuses étapes comme la loi sur la moralisati­on de la vie publique. La volonté du Président n’est pas de conquérir un pouvoir, mais de mettre son intelligen­ce, sa majorité parlementa­ire à servir la transforma­tion du pays, pour que chacun puisse avoir une espérance en son futur. Prenez son projet pour l’école : c’est parce qu’il est convaincu que dans la société de l’intelligen­ce dans laquelle nous sommes, un élève qui échoue est une intelligen­ce perdue pour la République.

confie Jean-Paul Delevoye, dont le nom avait été avancé parmi les « ministrabl­es ». Le président de la commission d’investitur­e met toute son énergie à remporter les législativ­es pour donner au président la majorité parlementa­ire nécessaire pour gouverner.

Tout est fait pour redonner confiance dans le coeur de chacun.

Vous avez dessiné la carte de « La République en marche!». Avez-vous le sentiment du travail accompli ? D’abord, c’est une commission de neuf membres – six femmes et trois hommes – et je veux saluer l’engagement de chacun autour des quelque   candidatur­es que nous avons reçues, une richesse incroyable ! La commission de présélecti­on a travaillé plus de  heures, la commission d’investitur­e plus de . Nous avons essayé d’être le plus objectif possible. Les réseaux sociaux nous ont aidés, aussi, à faire la lumière sur certaines candidatur­es, même s’il a fallu se méfier de certaines manipulati­ons

qui auraient pu être opérées. Nous avons croisé un maximum d’informatio­ns, pris différents avis dont ceux de nos référents. Le délai dans lequel nous avons dû travailler fait que, probableme­nt, nous n’avons pas approfondi certaines situations. Et enfin, notre collaborat­ion avec le Modem a fait que, pour certains cas, nous n’avons peut-être pas été à la hauteur de ce que nous aurions souhaité.

Le Var compte déjà une candidatur­e dissidente d’« En marche ! ». Ce sera aussi le cas pour Marielle de Sarnez. Comment comptez-vous réagir à cela ? Nous allons d’abord conforter la candidatur­e officielle. Nous allons clarifier toutes les situations car certains se revendique­nt

de la majorité présidenti­elle alors qu’ils n’ont pas l’investitur­e, certains utilisent même des logos proches du nôtre, la loi l’autorise. Ensuite, la mobilisati­on très forte des citoyens pour la présidenti­elle peut engendrer des incompréhe­nsions autour de gestes que nous avons envers des politiques sortants [Valls, Borloo et d’autres, qui ne remplissen­t pas les critères d’investitur­e d’« En marche ! », mais contre qui aucun candidat LREM n’a été investi, Ndlr]. Enfin, nous allons devoir lever toutes les ambiguïtés qui peuvent subsister. Dans un second temps, il va aussi falloir regarder ce qui amène les gens à la radicalisa­tion. Je pense comme Boris Cyrulnik que pour beaucoup, « l’environnem­ent est plus important que l’inné », c’est un des sujets majeurs de la révolution des esprits dans laquelle nous sommes entrés. C’est pour cela que nous souhaitons que nos candidats investisse­nt le débat public et démocratiq­ue. Je crois que c’est notre capacité ou non à éveiller les conscience­s qui feront reculer les extrêmes et les Insoumis.

Un élève qui échoue, c’est une intelligen­ce perdue ”

Nous avons essayé de prendre le maximum de précaution­s pour éviter que la décrédibil­isation de nos candidats fragilise le Président. Nous avons considéré que la rumeur n’était pas de notre fait, mais en revanche, dès qu’il y avait une remise en cause de l’éthique, nous retirions l’investitur­e. Même cas de figure dès que, sur les réseaux sociaux, apparaissa­ient des propos, des attitudes, non conformes à notre philosophi­e politique. Maintenant, nous ne sommes pas à l’abri de tout. Si certains ont dissimulé des informatio­ns que nous n’avons pas pu révéler, nous suspendron­s l’investitur­e.

Pour finir, l’homme du Nord que vous êtes, qui a fait ses études à Amiens, est-il heureux de voir l’équipe de football d’Amiens monter en Ligue  ? (Rires) Je pense à chaque fois à la fierté d’une région dans le cas d’une réussite d’équipe. Il faut y réfléchir car, face à la fragmentat­ion sociale à laquelle nous sommes confrontés, comment renforcer le bonheur d’être ensemble ? Tout le monde fête la réussite d’une équipe qui gagne, quelles que soient les races, les langues, les religions qui la composent… Il y a aujourd’hui des moyens de socialiser, à travers le sport et également la culture. Pour ce qui concerne Amiens… Je pense aussi à ceux qui, hélas, descendent !

Macron est quelqu’un de profondéme­nt bienveilla­nt ”

 ??  ?? Qu’est-ce qui, chez Emmanuel Macron, a séduit l’homme de droite que vous êtes ? C’est-à-dire ? « Je suis là pour servir », Ne redoutez-vous pas des mauvais choix ?
Qu’est-ce qui, chez Emmanuel Macron, a séduit l’homme de droite que vous êtes ? C’est-à-dire ? « Je suis là pour servir », Ne redoutez-vous pas des mauvais choix ?

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