Delevoye : «La dynamique des forces citoyennes»
Président de la commission d’investiture des législatives pour «En marche!», Jean-Paul Delevoye se mobilise aujourd’hui pour remporter ce pari: offrir une majorité parlementaire au Président
Je suis un homme de droite, j’ai voté Juppé à la primaire» En fin observateur de la vie publique, Jean-Paul Delevoye avait, depuis longtemps, analysé ce qu’il qualifie d’hypocrisie de l’offre politique, « plus préoccupée par des “écuries de pouvoir” que par un projet de société ». Alors, lorsque le «Penelopegate» a éclaté, il s’est naturellement tourné vers Emmanuel Macron – avec qui il partage d’avoir fait ses études chez les jésuites, à Amiens – sans qui, à ses yeux, « la colère du peuple se serait exprimée avec encore plus d’extrémisme.» Celui qui a accepté d’être nommé président de la commission d’investiture de « La République en marche ! » met aujourd’hui toute son énergie pour remporter le pari des législatives et donner une majorité parlementaire. Je retrouve le caractère juppéiste dans le service de l’État, dans la grandeur de l’État et dans la vision d’une société apaisée. Je retrouve aussi cette volonté de rassembler, c’est quelqu’un de profondément bienveillant. Il incarne aussi toute la différence entre un manager et un leader : le manager gère un problème, le leader donne envie. C’est son cas. Il y a un an en arrière, il n’avait rien ; il compte aujourd’hui plus de soutiens. Il a remporté la présidentielle.
Et aujourd’hui, c’est le pari des législatives ? Oui. Nous avons investi circonscriptions: femmes et hommes; et nous avons veillé à la parité réelle, puisque % des femmes sont dans des circonscriptions gagnables. Plus de la moitié de nos candidats viennent de la société civile, et l’on voit bien que dans l’opinion, il y a un courant qui se dit qu'il faut lui confier une majorité parlementaire pour exercer. Aujourd’hui, je ne crois plus au rapport de forces politique dans lequel essaient de nous enfermer les politiciens. Je crois à la dynamique des forces citoyennes. Elle est tout à fait fascinante : elle est ascendante autour du Président, descendante au sein du Parti socialiste. Elle est défensive chez Les Républicains : ils se replient sur la cohabitation et sur des programmes qui ont complètement changé. Tant à droite qu’à gauche, les projets législatifs sont des projets de séduction, quand ils étaient des projets de conviction à la présidentielle. Or quand on abandonne ses convictions, on perd sa colonne vertébrale, et donc la confiance du peuple. Nous, nous avons une formidable cohérence entre le président, son gouvernement qui, lui aussi, comporte des personnalités de société civile qui vont surprendre…
Mais à peine nommé, le gouvernement est attaqué ? Nous avions intégré dès le départ qu’il n’y aurait pas d’état de grâce : nous avons fait % au premier tour. Il y avait un pourcentage important d’abstention. De même pour le vote Front national comme pour les Insoumis. Cela doit être en permanence présent dans nos esprits : % des Français sont dans la colère et dans la contestation faute d’avoir une vision du futur. Le retour à la confiance passe par la pédagogie du projet présidentiel, par de nombreuses étapes comme la loi sur la moralisation de la vie publique. La volonté du Président n’est pas de conquérir un pouvoir, mais de mettre son intelligence, sa majorité parlementaire à servir la transformation du pays, pour que chacun puisse avoir une espérance en son futur. Prenez son projet pour l’école : c’est parce qu’il est convaincu que dans la société de l’intelligence dans laquelle nous sommes, un élève qui échoue est une intelligence perdue pour la République.
confie Jean-Paul Delevoye, dont le nom avait été avancé parmi les « ministrables ». Le président de la commission d’investiture met toute son énergie à remporter les législatives pour donner au président la majorité parlementaire nécessaire pour gouverner.
Tout est fait pour redonner confiance dans le coeur de chacun.
Vous avez dessiné la carte de « La République en marche!». Avez-vous le sentiment du travail accompli ? D’abord, c’est une commission de neuf membres – six femmes et trois hommes – et je veux saluer l’engagement de chacun autour des quelque candidatures que nous avons reçues, une richesse incroyable ! La commission de présélection a travaillé plus de heures, la commission d’investiture plus de . Nous avons essayé d’être le plus objectif possible. Les réseaux sociaux nous ont aidés, aussi, à faire la lumière sur certaines candidatures, même s’il a fallu se méfier de certaines manipulations
qui auraient pu être opérées. Nous avons croisé un maximum d’informations, pris différents avis dont ceux de nos référents. Le délai dans lequel nous avons dû travailler fait que, probablement, nous n’avons pas approfondi certaines situations. Et enfin, notre collaboration avec le Modem a fait que, pour certains cas, nous n’avons peut-être pas été à la hauteur de ce que nous aurions souhaité.
Le Var compte déjà une candidature dissidente d’« En marche ! ». Ce sera aussi le cas pour Marielle de Sarnez. Comment comptez-vous réagir à cela ? Nous allons d’abord conforter la candidature officielle. Nous allons clarifier toutes les situations car certains se revendiquent
de la majorité présidentielle alors qu’ils n’ont pas l’investiture, certains utilisent même des logos proches du nôtre, la loi l’autorise. Ensuite, la mobilisation très forte des citoyens pour la présidentielle peut engendrer des incompréhensions autour de gestes que nous avons envers des politiques sortants [Valls, Borloo et d’autres, qui ne remplissent pas les critères d’investiture d’« En marche ! », mais contre qui aucun candidat LREM n’a été investi, Ndlr]. Enfin, nous allons devoir lever toutes les ambiguïtés qui peuvent subsister. Dans un second temps, il va aussi falloir regarder ce qui amène les gens à la radicalisation. Je pense comme Boris Cyrulnik que pour beaucoup, « l’environnement est plus important que l’inné », c’est un des sujets majeurs de la révolution des esprits dans laquelle nous sommes entrés. C’est pour cela que nous souhaitons que nos candidats investissent le débat public et démocratique. Je crois que c’est notre capacité ou non à éveiller les consciences qui feront reculer les extrêmes et les Insoumis.
Un élève qui échoue, c’est une intelligence perdue ”
Nous avons essayé de prendre le maximum de précautions pour éviter que la décrédibilisation de nos candidats fragilise le Président. Nous avons considéré que la rumeur n’était pas de notre fait, mais en revanche, dès qu’il y avait une remise en cause de l’éthique, nous retirions l’investiture. Même cas de figure dès que, sur les réseaux sociaux, apparaissaient des propos, des attitudes, non conformes à notre philosophie politique. Maintenant, nous ne sommes pas à l’abri de tout. Si certains ont dissimulé des informations que nous n’avons pas pu révéler, nous suspendrons l’investiture.
Pour finir, l’homme du Nord que vous êtes, qui a fait ses études à Amiens, est-il heureux de voir l’équipe de football d’Amiens monter en Ligue ? (Rires) Je pense à chaque fois à la fierté d’une région dans le cas d’une réussite d’équipe. Il faut y réfléchir car, face à la fragmentation sociale à laquelle nous sommes confrontés, comment renforcer le bonheur d’être ensemble ? Tout le monde fête la réussite d’une équipe qui gagne, quelles que soient les races, les langues, les religions qui la composent… Il y a aujourd’hui des moyens de socialiser, à travers le sport et également la culture. Pour ce qui concerne Amiens… Je pense aussi à ceux qui, hélas, descendent !
Macron est quelqu’un de profondément bienveillant ”