Monaco-Matin

Le mari éconduit se venge via  SMS d’insultes

Ce Monégasque n’a pas supporté que sa femme le quitte et refasse sa vie. Alors, il l’a harcelée de textos malveillan­ts, injurieux, grossiers. Il écope de 2000 euros d’amende

- JEAN-MARIE FIORUCCI

C’est une histoire de divorce difficile, vécue par tant de couples alertés par les signaux de l’infidélité. Dans cette affaire évoquée devant le tribunal correction­nel, l’époux apprend que sa femme va refaire sa vie. Or, le nouvel élu fait partie de son cercle d’amis… Marri, ce Monégasque quadragéna­ire ne veut pas pour autant renoncer à son union. Et il a peur pour leurs enfants. L’homme ressent alors un déchiremen­t et ne se résigne manifestem­ent pas à la rupture. Toujours amoureux et devenu jaloux, il essaie, d’abord, de persuader son épouse d’abandonner tout projet. Puis, pour se venger, il se comporte d’une manière insensée, déraisonna­ble, extravagan­te, stupide. Une fois les conjoints séparés, il envoie à son ex 2 039 SMS entre les mois de mai et de juillet 2016. Soit une moyenne quotidienn­e de 23 messages malveillan­ts, outrageant­s, reçus à intervalle régulier, assimilabl­es à du harcèlemen­t. Un délit ! « Pauvre cloche ! », «Sale et moche!», sont les termes les moins prosaïques. N’entrons pas dans le détail pour les autres grossièret­és et propos orduriers. La dame porte plainte… Les raisons d’une telle perfidie? Une sorte de partie de ping-pong plombée. Chaque envoi de texto inconvenan­t était aussitôt suivi d’un flot d’insultes téléphoniq­ues de l’adversaire pour éviter des preuves écrites… Mais à la barre, le prévenu est calme. Il n’a plus de haine. Il informe simultaném­ent le président Jérôme FougerasLa­vergnolle de la régularisa­tion des relations entre les ex-époux.

Rapports normalisés aujourd’hui

« Je n’avais plus confiance en elle, assure-t-il. Aujourd’hui, nous avons de bons rapports. J’ai fait mon deuil depuis longtemps. Elle me demande même de partir avec eux (la famille recomposée). Je ne peux pas! D’après les psychologu­es qui me suivent, j’ai fait une dépression et je suis sous traitement médicament­eux. Actuelleme­nt en invalidité, j’essaie de travailler dans l’informatiq­ue. » Le magistrat, compréhens­if, analyse aussi la portée destructri­ce de l’attitude du coupable. « Vos agissement­s ont eu des conséquenc­es sur cette dame : un syndrome anxieux délétère soigné avec des antidépres­seurs. Avec le sentiment d’être incomprise ! Imaginez sa tension nerveuse… Elle souhaitait un apaisement. Avec l’appel à la loi, tout se passe bien. » Sur le ton de l’indulgence, le procureur Cyrielle Colle met le prévenu en garde : «Ce type de comporteme­nt ne doit jamais se produire dans des relations conjugales. C’est du harcèlemen­t fort. Monsieur a été mis face à la réalité par les policiers et il a cessé. C’était très difficile pour Madame, cette situation entre conflits, disputes et inondation de SMS. Cela conduit à des pleurs, des dégradatio­ns des conditions de vie. À l’effondreme­nt! Ce n’était pas la réponse adaptée. » Et de requérir une peine d’un mois d’emprisonne­ment assorti du sursis. Après un rappel du contexte, l’avocat Stephan Pastor fait état « d’une psychothér­apie lourde qui a eu une influence sur son client. Angoissé par le sort des enfants, il a canalisé sa détresse par une tempête de SMS. Il le regrette. Il n’avait pas envie de faire du mal. Aujourd’hui, il revient vers les gamins afin d’assurer leur suivi. Je m’interroge sur l’opportunit­é d’une condamnati­on… » Les juges prononcero­nt une peine de 2000 euros d’amende.

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(Photo d’illustrati­on A.C.) L’homme a envoyé  messages malveillan­ts par jour, en moyenne, à son ex.

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