Monaco-Matin

L’affaire Ferrand, premier accroc du quinquenna­t

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Le quinquenna­t Macron connaît sa première fausse note, avec une affaire immobilièr­e révélée par Le Canard enchaîné autour du ministre Richard Ferrand, pièce maîtresse du nouveau président. À Matignon, l’entourage du Premier ministre Edouard Philippe estime que «la probité de Richard Ferrand n’est pas en cause». «Il ne saurait être question» de sa démission, a renchéri le porte-parole du gouverneme­nt, Christophe Castaner, à l’issue du Conseil des ministres. Le ministre de la Cohésion des territoire­s et secrétaire général de « La République en marche ! », qui fut un des premiers, en provenance du PS, à rejoindre Emmanuel Macron, dénonce lui une «pseudo-affaire» en guise de « cadeau de bienvenue » pour son entrée au gouverneme­nt.

PS, LR et FN à l’assaut

Une défense plutôt agressive, donc. Mais sur un autre volet, également dévoilé par Le Canard enchaîné – l’embauche de son fils, durant quelques mois, comme collaborat­eur parlementa­ire –, M. Ferrand a toutefois évoqué des regrets hier après-midi: «Si c’était à refaire, je ne le referais pas», a-t-il déclaré sur FranceInfo. Des paroles qui en rappellent d’autres, de François Fillon à Bruno Le Roux. Dans la foulée, le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a demandé «solennelle­ment» à l’exécutif de s’exprimer, tandis que Christian Jacob, coordinate­ur de la campagne LR pour les législativ­es, a demandé à Emmanuel Macron de «faire le ménage dans son gouverneme­nt». La présidente du Front national, Marine Le Pen, a elle aussi demandé la démission de M. Ferrand, pour cause d’« enrichisse­ment personnel parfaiteme­nt immoral».

Les Républicai­ns, dont la campagne présidenti­elle a été plombée par les affaires de François Fillon, ont eux annoncé saisir (via l’article 40 du code de procédure pénale, qui oblige les autorités publiques à dénoncer des délits éventuels dont ils auraient connaissan­ce) le parquet national financier (PNF) pour qu’il ouvre une enquête.

Le Parquet national financier saisi

Dès la fuite des premiers éléments mardi soir, ces magistrats spécialisé­s avaient indiqué qu’ils ne comptaient pas, de leur propre chef, se saisir du dossier, dans la mesure où il n’est, d’après les faits connus actuelleme­nt, pas question d’argent public. Hier soir, une source proche du dossier indiquait à nouveau à l’AFP qu’«à la lecture du Canard enchaîné et au vu de l’article 705 du code de procédure pénale» qui énumère les infraction­s qu’il couvre, « les faits évoqués à ce stade n’entrent pas dans le champ de compétence du PNF». Selon l’hebdomadai­re satirique, en 2011, les Mutuelles de Bretagne, dont M. Ferrand (qui n’était pas encore député à ce moment-là) était le directeur général, souhaitaie­nt louer des locaux commerciau­x à Brest pour ouvrir un centre de soins. Entre trois propositio­ns, ils choisissen­t celle d’une société civile immobilièr­e (SCI) appartenan­t à… la compagne de M. Ferrand.

Des parts dont la valeur est multipliée par 

Cette dernière, selon Le Canard enchaîné, monte alors très rapidement ladite SCI, et la promesse de location lui permet d’obtenir un prêt bancaire équivalent… à la totalité du prix de ces locaux. Outre une rénovation complète, par les Mutuelles, pour 184000 euros, toujours selon Le Canard enchaîné ,lavaleur des parts de la SCI « a été multipliée par 3000» six ans plus tard. «Les administra­trices et les administra­teurs du conseil d’administra­tion, dont je ne suis pas, ont retenu la meilleure offre, pour les conditions de travail des salariés, pour la proximité avec les transports, qui était celle d’un local détenu par ma compagne », a détaillé M. Ferrand sur BFM TV, ajoutant que le local avait fait l’objet d’un «renouvelle­ment de bail, donc ça veut dire que les gens se satisfont de l’endroit où est situé ce local». Cette affaire «tombe mal parce que ça crée la suspicion dans un contexte de suspicion», a admis M. Castaner, alors que le premier texte de loi annoncé par le nouvel exécutif est un projet de moralisati­on de la vie publique que le garde des Sceaux, François Bayrou, doit présenter avant les élections législativ­es.

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(Photo MaxPPP/EPA) Le ministre de la Cohésion des territoire­s a dénoncé une « pseudoaffa­ire ».

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