Monaco-Matin

L’asphalte se conjugue aussi au féminin

- TEXTES ET PHOTOS : LUDOVIC MERCIER

Penser que le sport automobile est un truc de mâles serait une grossière erreur. Ces femmes en sont la preuve. Sur le circuit de Monaco, elles sont nombreuses. Bien sûr, il n’est pas question ici de parité. Mais il suffit de traîner un peu autour de la direction de course au moment où la ruche se met en action pour les voir. La passion du sport automobile ne connaît pas de genre. Ni de style. S’il y a bien quelques garçonnes, la plupart des dames de l’Automobile Club de Monaco affichent une féminité assumée, qui transcende parfois la combinaiso­n pourtant bien peu stylée. Elles sont commissair­es de course ou médecin. Elles travaillen­t sur la piste, dans les stands, aux postes de contrôle. Elles occupent parfois des postes à responsabi­lité ou animent le Grand Prix. Certaines depuis peu, d’autres depuis plusieurs décennies. Rencontres. Sophie Bensa participe pour la dixième année au Grand Prix en tant que commissair­e. Depuis deux ans, cette pharmacien­ne est aussi membre du commandeme­nt du corps des commissair­es de l’ACM. « On encadre, on organise la formation et on chapeaute tout le dispositif.» Elle a fait partie des trois premières femmes en 2007 à intégrer le corps des commissair­es: « Quand j’étais spectatric­e, j’étais fascinée par ces gens en orange qui sont au plus près de l’action et intervienn­ent sur la piste. En me renseignan­t, je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas de femmes. Alors avec une amie, on a postulé.» S’ensuit un entretien pour tester leur motivation, et l’ACM leur a ouvert la porte. Aujourd’hui, cette célibatair­e donne plus d’une dizaine de jours de son temps chaque année : « Si je rencontre quelqu’un, il faudra qu’il comprenne, parce qu’il est hors de question que j’arrête.» Les aficionado­s des tribunes la connaissen­t, sans le savoir. Parmi les quatre commentate­urs, il y a la commentatr­ice italienne : Louisella Berrino. Depuis vingt-huit ans, c’est elle qui raconte à nos voisins transalpin­s les événements du circuit. « La première fois, j’étais dans un état de peur et de confusion terrible. C’était la première fois que je faisais la formule 1 : je venais du rallye », confiet-elle. Parce qu’au fond, le sport, c’est quand même son truc. Au point qu’elle semble ne pas

« Je suis un peu l’avocate des pilotes, devant les stewards ou quand il y a des erreurs en pistes. »

« Vous savez, ma mère tient des bars de nuit, ma grand-mère tenait des boîtes de nuit, alors les métiers d’hommes, on sait ce que c’est. » comprendre quand on lui demande comment une femme arrive à commenter du sport auto. Dans sa réponse, elle se concentre sur l’opportunit­é qui s’est présentée à elle, un jour : « Quand un train passe, il faut le prendre ! Il est toujours temps de descendre plus tard si on n’aime pas. J’ai toujours raisonné comme ça. » De ses 45 ans de métier à RMC Italie, elle n’a presque pas de souvenir de problèmes avec les hommes, « sauf dans le monde du moto-cross… » On n’en saura pas plus.

« J’ai toujours été très bien accueillie par le président et le staff. C’est un milieu où il n’y avait pas de femmes, ils n’étaient pas habitués. Ça vient doucement. Chaque année, on nous annonce le nombre de femmes dans l’équipe. Dans le milieu médical, d’où je viens, c’est une nonquestio­n. À l’hôpital, on ne se pose pas la question À 36 ans, Émilie est vendeuse de carrelage. Depuis sept ans, elle donne de son temps pour ce sport qui l’a toujours passionnée. Elle s’est intégrée sans problème : « Les hommes sont super avec nous. Nous n’avons pas leur force, mais on est aussi efficace qu’eux sur le circuit. » Sa famille et son compagnon la soutiennen­t, et ils sont très fiers. Mais pas autant que son fils de 3 ans : «Il sait que je suis sur le Grand Prix, mais il croit que je conduis les voitures. » de savoir combien il y a de femmes. »

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