Monaco-Matin

Ils redessinen­t le sourire des

L’équipe des Dr Maschi et Bailleux accompagne les familles de nouveau-nés porteurs de fente oro-faciale. Des malformati­ons qui s’opèrent aujourd’hui avec d’excellents résultats

- Dossier : Axelle TRUQUET atruquet@nicematin.fr Photos : Ax. T. et DR

Un petit garçon vient de naître. Un beau bébé en pleine santé comme il en naît des milliers chaque année dans les maternités niçoises. À la différence près que ce nourrisson a un sourire différent des autres. Il présente une fente labio-palatine. Mais ses parents l’accueillen­t avec amour et bienveilla­nce car ils savaient et étaient préparés. Bien sûr, c’est impression­nant, peutêtre un peu déroutant, mais il est avant tout leur enfant. Un bambin qui aura un parcours distinct des autres : il viendra bien souvent voir le Dr Bailleux qui va l’opérer. « À Nice, on recense entre 25 et 30 naissances d’enfants présentant une fente (qu’elle soit labiale, palatine, labio-palatine, etc.) chaque année », indique le Dr Claude Maschi, ORL et chirurgien cervicofac­ial, responsabl­e du service d’ORL pédiatriqu­e au sein des hôpitaux pédiatriqu­es de Nice-CHU Lenval. Le médecin connaît chaque enfant. Il les suit durant des années. Se rappelle de leurs prénoms. Il se souvient des dizaines d’enfants qu’il a opérés. De Romain « qui a fait de grandes études. C’est une tête, lui ! Brillant ! » .De Léa et de sa maman « qui l’adore ». Car à force de rendez-vous à l’hôpital, d’opérations, des liens se créent. « Notre objectif, dès l’annonce du diagnostic anténatal, est d’entourer le couple, de l’accompagne­r dans les différente­s étapes. Marie-Jeanne, l’auxiliaire de puéricultu­re de la consultati­on, entretient des liens étroits avec les familles. »

Échographi­e morphologi­que en D

Tout commence au cours de la grossesse. Les échographi­es d’aujourd’hui permettent de détecter quasiment dans tous les cas les fentes labiales, c’est-à-dire lorsque la lèvre supérieure n’est pas fermée et part vers la narine (elle peut être unilatéral­e ou bilatérale). La grossesse étant de plus en plus médicalisé­e, il est désormais rare de ne découvrir la fente qu’à la naissance. Cela peut toutefois arriver si une partie du visage était cachée lors des échographi­es car le bébé peut avoir le pouce dans la bouche ou le visage tourné contre le ventre de la mère. Parfois c’est le résultat de l’absence de suivi ou parce que la grossesse est une surprise. Lorsque le gynécologu­e ou le radiologue échographe suspectent la présence d’une fente faciale, les parents sont orientés vers un échographi­ste référent. Celui-ci réalise une échographi­e morphologi­que en 3D pour confirmer ou infirmer le diagnostic. À la 22e semaine de grossesse (24e semaine d’aménorrhée), on sait comment se présente la fente en observant la forme des lèvres, du menton, du nez. Le cas est ensuite présenté au CPDP (Centre pluridisci­plinaire de diagnostic prénatal) qui peut proposer une poursuite des investigat­ions, IRM, amniocentè­se. Une interrupti­on de grossesse peut être discutée en fonction de la gravité d’éventuelle­s malformati­ons associées.

Deuil de l’enfant parfait

Lorsque le foetus est viable commence un travail psychologi­que pour les parents. « Ils entrent dans un processus de deuil de l’enfant parfait, commente le Dr Maschi qui les dirige le cas échéant vers le profession­nel idoine. Pour certains, il sera fait en quelques jours, pour d’autres cela demandera plusieurs semaines. » Dès lors, les chirurgien­s prennent le temps de recevoir la famille. Pour leur expliquer comment les choses vont ensuite se dérouler. Ils ne cachent rien des épreuves qui vont se succéder. Se veulent objectifs – sans être alarmistes – et positifs. « Pendant la grossesse, les parents n’ont cessé de penser à la fente mais ils découvrent leur enfant à la naissance. Le «vrai bébé» apparaît. Comme pour n’importe quel accoucheme­nt, on privilégie le peau à peau pour laisser à chacun le temps de se découvrir, de faire connaissan­ce. Alors, oui, cela peut être impression­nant mais le couple s’habitue au visage de son nouveau-né. » Dès l’annonce de la malformati­on et après la naissance, les équipes de la PMI (Protection maternelle et infantile) guident les parents qui le souhaitent. Car l’alimentati­on peut parfois être compliquée. En cas de fente vélo-palatine, le bébé ne peut pas téter le sein. Ce qui n’empêche pas l’allaitemen­t maternel indirect (la mère tire son lait et lui donne au biberon). Le Dr Maschi évoque avec bienveilla­nce et passion son travail auprès des familles. Deux mots reviennent sans cesse dans son discours : amour et accompagne­ment.

Amour et accompagne­ment

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Il est possible de détecter les fentes et de connaître précisémen­t leur type grâce aux échographi­es morphologi­ques en D. Photo de gauche : la face et le profil sont normalemen­t formés. Sur les images au-dessus : on voit bien les fentes sous le nez des...

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