IN THE TRÈS, TRÈS FADE !
Fatih Akin tape à côté de la plaque avec un film de vengeance inepte...
Fin de compétition décevante, malgré la présence de Diane Kruger, qui méritait mieux que ce rôle de mère-vengeresse de téléfilm allemand...
Enfin un film dont le titre n’est pas mensonger ! In the Fade l’est effectivement: fade. Très fade! Il n’atteint pas tout à fait le niveau de “navétude” de The Last Face ,leplus mauvais film de l’an dernier (et des vingt années précédentes). Mais il tient, quand même, le pompon de l’édition. Où est passé le Fatih Akin de
Head-On (2004) et de De l’autre côté (prix du scénario 2007)? Mystère. Depuis le sympathique
Soul Kitchen en 2010, on a perdu sa trace. Et ce n’est pas avec ce téléfilm de procès et de vengeance inepte qu’il risque de redorer son blason auprès des cinéphiles… Le pitch permettait pourtant d’espérer un retour en force, avec un film ancré dans l’actualité la plus brûlante : « La vie de Katja s’effondre lorsque son mari et son fils meurent dans un attentat à la bombe. Après le deuil et l’injustice, viendra le temps de la vengeance ». Nous sommes en 2017, une bombe vient encore de faire des dizaines de morts à Manchester et Fatih Akin est d’origine turque. Il a osé faire un film (certes pas très bon) sur le génocide arménien et le terrorisme qu’il a engendré (The Cut en 2014). C’était peut-être l’homme de la situation pour parler du terrorisme ? On y croit dans la première demi-heure. Nuri (Numan Acar), qui purge une peine pour trafic de stupéfiants, se marie en prison avec Katja (Diane Kruger), une blonde tatouée avec laquelle il se rangera à sa sortie. Patron d’une petite agence de conseils qu’il a créée à Hambourg, il vit heureux avec Katja et leur petit garçon. Jusqu’au jour où une bombe éclate devant l’agence et tue le père et le fils. L’enquête établit que l’attentat est l’oeuvre d’un groupe de... néonazis! Pardon? Des nazis? En 2017? Ok, mais c’est une métaphore du terrorisme en général, quand même? Non, non, c’est juste un couple de racistes tarés, qui voulait tuer des gens dans un quartier Turc... Au procès (qui occupe toute la deuxième partie du film, mais dont on pourrait facilement faire l’économie vu qu’on sait déjà qu’ils vont être acquittés), on apprend que les deux fachos ont de vagues accointances avec un groupuscule basé en Grèce. Mais cette piste narrative n’est pas exploitée (non plus que de nombreuses autres). La dernière partie du film est juste consacrée à la vengeance perso de Katja, dont on sentait depuis le début (à cause de ses tatouages et de son usage de la pipe à crack) qu’elle n’était pas seulement une gentille mère au foyer... Malgré des efforts méritoires, Diane Kruger, qui pensait sans doute tenir là le premier rôle marquant qui manque à sa carrière, ne peut rien pour sauver de la caricature ce mauvais téléfilm à la fin désastreuse. C’est le scénario qu’il aurait fallu faire exploser !