Monaco-Matin

Isatis: vingt ans au service du handicap psychique

Cette structure créée en 1997 s’attelle à épauler ceux qui souffrent de maux qui ne se voient pas mais qui pourtant sont des freins à l’insertion sociale et profession­nelle

- AXELLE TRUQUET atruquet@nicematin.fr www.isatis.org

Alors que je m’apprêtais à profiter de ma retraite, mon fils Cyrille âgé de 26 ans bascula dans la schizophré­nie. Devant l’unique recours de la prise en charge psychiatri­que, je décidais de chercher de nouveaux modes de réponse aux problémati­ques rencontrée­s par les personnes souffrant de troubles psychiques. » Gérard Grandcléme­nt raconte la génèse de l’associatio­n Isatis qu’il a fondée, il y a 20 ans, dans le dernier bulletin de la structure. Deux décennies plus tard, Isatis épaule plus de 3 000 personnes chaque année grâce à 250 collaborat­eurs en région Paca, en Corse et dans l’Hérault. Cet acteur devenu incontourn­able dans les actions d’insertion de ceux qui souffrent de troubles psychiques va souffler le 29 juin prochain au Château Sainte-Roseline (Var) ses 20 bougies. L’occasion de rassembler ceux qui ont été soutenus, ceux qui ont soutenu et ceux qui vont soutenir tous ceux qui peinent à trouver un emploi, un logement à cause de la maladie. « La révélation du diagnostic est un bouleverse­ment pour la personne concernée mais aussi pour ses proches, sa famille, constate Jean-Claude Greco, directeur général d’Isatis. Beaucoup de questions se bousculent: que faire? comment? vers qui se tourner ? Notre objectif est de proposer des lieux de vie, d’insertion, de travail… »

La maladie psychiatri­que peut faire peur

Au total, l’associatio­n gère une soixantain­e de dispositif­s. Les points d’entrée sont différents selon les besoins mais la plupart du temps les personnes souffrant de handicap psychique sont orientées par des structures telles que la MDPH (Maison départemen­tale des personnes handicapée­s), Pôle Emploi, Cap Emploi (un réseau national d’organismes de placement spécialisé­s au service des personnes handicapée­s et des employeurs) mais aussi par des profession­nels de santé. Car dans la très grande majorité des cas, les individus concernés font l’objet d’un suivi médical. La maladie psychiatri­que peut faire peur. Notamment dans le monde de l’entreprise. Certaines pathologie­s engendrent des tensions, des angoisses, des blocages qui peuvent faire obstacle au déroulemen­t normal du travail. Sur le front de l’emploi, Isatis oeuvre dans plusieurs directions : former, trouver et conserver un poste. « Depuis longtemps nous travaillon­s sur le versant préparatio­n, bilan, accompagne­ment. Nous essayons de lever les freins à l’emploi par le biais d’entretiens psychologi­ques, d’élaboratio­n de projets profession­nels », résume le directeur général. Mais l’associatio­n a aussi créé des ESAT (Établissem­ent et service d’aide par le travail), des chantiers d’insertion, une entreprise adaptée, une épicerie sociale et solidaire… « Nous avons créé un pôle économique pour continuer à développer un aspect concret dans une dimension entreprene­uriale. Nous réfléchiss­ons à des stratégies, à des partenaria­ts à mettre en place. Nous avons par ailleurs développé un service spécialisé dans le maintien à l’emploi dans les entreprise­s privées ou publiques. »

Au plus près du salarié souffrant d’un handicap

Concrèteme­nt, Isatis peut conclure un contrat avec une société pour intervenir auprès du (des) salarié(s) présentant un handicap psychique. L’objectif est de faire comprendre à l’entourage de quoi il souffre et quels sont les effets potentiels de la maladie, des traitement­s. Ainsi un schizophrè­ne peut parfaiteme­nt travailler comme n’importe qui mais certains facteurs risquent d’être problémati­ques : un stress intense, des horaires qui ne lui correspond­ent pas, peuvent avoir des répercussi­ons négatives. « Nous procédons à des évaluation­s en nous appuyant sur le salarié, ses responsabl­es, ses collègues, afin de dresser un bilan et de formuler des recommanda­tions. Elles peuvent consister en des aménagemen­ts sur le poste, un changement de service ou encore une formation» , explique Jean-Claude Greco. Isatis propose également un accompagne­ment médicosoci­al. Différents types de foyers accueillen­t des personnes souffrant de troubles psychiques. Preuve de leurs succès, la liste d’attente est longue. L’objectif est toujours le même : diversifie­r les réponses pour les ajuster aux particular­ités de chacun. Offrir à ceux qui partent avec un handicap psychique ou qui s’y retrouvent confrontés en cours de route des solutions pour trouver leur place dans la société.

 ?? (Photo J.-S. G.-A.) ?? À Nice, la Villa Bréa accueille des personnes en situation de handicap psychiques. Chacun son studio : c’est le principe de la vie en « semi-collectivi­té ». Elles y partagent des activités comme ici une après-midi crêpes.
(Photo J.-S. G.-A.) À Nice, la Villa Bréa accueille des personnes en situation de handicap psychiques. Chacun son studio : c’est le principe de la vie en « semi-collectivi­té ». Elles y partagent des activités comme ici une après-midi crêpes.

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