Monaco-Matin

La décharge sauvage de Tanneron stoppée

- EMERIC CHARPENTIE­R echarpenti­er@nicematin.fr

À5 minutes du village de Tanneron (Var), quartier des Pourrières, ce terrain était devenu au fil des mois une décharge à ciel ouvert, pollué par des déchets du BTP. Depuis février 2016, date à laquelle cette parcelle boisée a été achetée par la société BVS, basée à Cannes, avant d’être défrichée sans autorisati­on sur 1 100 m2, des camions-bennes en provenance des Alpes-Maritimes venaient y déverser des volumes impression­nants de remblais, entre autres poutrelles et traverses de chemin de fer. Alertés par ce va-et-vient et le vacarme des déchargeme­nts, des riverains avaient les premiers, en juin dernier, manifesté leur exaspérati­on. La municipali­té avait alors saisi la Direction régionale de l’environnem­ent, de l’aménagemen­t et du logement. Et fin octobre, les services de l’État, accompagné­s des fonctionna­ires de la Direction départemen­tale des territoire­s et de la mer, s’étaient déplacés pour constater l’ampleur des dégâts et les multiples infraction­s en termes d’urbanisme et d’environnem­ent. Qu’il s’agisse des atteintes au milieu naturel, du non-respect des règles d’urbanisme ou de l’absence d’autorisati­on d’exploitati­on. Lors du contrôle effectué en octobre, il est apparu que les gravats en tout genre occupaient 2200 m2 à la base et 800 m2 sur 25 m de hauteur! Et c’était il y a plus de 7 mois… Procès-verbaux et mises en demeure adressés au propriétai­re n’ont reçu aucune suite. Et le ballet des poids lourds, parfois deux ou trois toutes les deux heures, a continué…

Un volet financier à venir

À la demande du parquet de Draguignan, la cellule d’appui judiciaire du groupement de gendarmeri­e du Var est donc passée à l’action. Mardi dernier, avec le renfort des militaires de la compagnie de Draguignan, elle a perquisiti­onné le terrain et saisi divers documents ainsi que les engins présents pour exploiter le site (cinq camions, un tracteur, un porte-engins et une pelle hydrauliqu­e), pour empêcher que les déchargeme­nts se poursuiven­t. Les gendarmes attendent maintenant de procéder à l’audition des personnes mises en cause, au vu notamment des documents qui ont été recueillis. Un deuxième volet de l’enquête sera traité ultérieure­ment sur l’aspect financier du dossier dans la mesure où, selon le procureur, la société ne respectait pas son obligation de retraiteme­nt des déchets qu’elle facturait néanmoins à ses clients. Enfin, le tribunal correction­nel pourrait ordonner la remise en état et le reboisemen­t du terrain. Une opération qui s’annonce difficile en raison des profondes modificati­ons qu’a subies le périmètre.

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(Photo Philippe Arnassan) Le  septembre dernier, les fonctionna­ires de la DREAL et de la DDTM étaient venus constater les dégâts. Mais malgré des procès-verbaux et mises en demeure, les déchargeme­nts se sont poursuivis.

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