Après la bataille
Ce soir, s’achèvera après onze journées de concurrence effrénée, la compétition entre le cinéma et l’actualité. La politique a parfois mis à mal le septième art. Par exemple, en propulsant sur la scène internationale Donald et Manu, un vieux briscard de la téléréalité face au pionnier des autocars transversaux, deux artistes totalement inconnus l’an dernier. À leur actif, un long métrage d’une heure trois quarts intitulé « Nous nous sommes parlé la bouche pleine » au dialogue volontairement inaudible mais dont le gag muet de broyeurs de phalanges a obtenu un vif succès. Dans la catégorie « films de guerre », la fiction l’a emporté sur la réalité. Car non seulement les futurs combattants ont escaladé d’un pas allègre les marches du palais mais encore, après le dernier coup de canon, ils se sont relevés pour saluer le public avant d’aller souper dans les meilleurs endroits. Mais c’est sans doute dans les films d’amour que les têtes d’affiche ont mieux uni leurs lèvres que les amants anonymes : gros plans plus soignés réussissant à éviter le télescopage d’un appendice nasal avec l’autre ; vêtements de nuit bien repassés puisque, après des heures de galipettes, les pyjamas ne sont jamais froissés. Des idylles contractuelles mais parfois plus longues que dans la vraie vie lorsque, après le clap de fin, deux stars qui se sont prises au jeu remettent le couvert alors qu’aucune caméra ne tourne plus.