Monaco-Matin

Une loi pour former aux gestes qui sauvent ?

Plusieurs centaines de vies pourraient être épargnées chaque année. Un ancien pompier, à Grasse, tente de faire adopter une loi depuis… 50 ans cette année. Il compte désormais sur Macron

- CAROLINE ANSART cansart@nicematin.fr

Chaque année, des accidentés de la route meurent parce que personne n’est intervenu dès les premières minutes, avant l’arrivée des secours. Or, 10 % d’entre elles pourraient être sauvées, soit 350 personnes, selon l’Académie de médecine. À condition que les témoins sachent intervenir efficaceme­nt… C’est le combat de Didier Burggraeve, président du Capsu (Conseil d’action pour la prévention des accidents et les secours d’urgence), basé à Grasse. « L’idée m’est venue en 1967 quand j’étais secouriste. J’enrageais de voir qu’à notre arrivée sur les lieux d’un accident des gens ne foutaient rien. »

 heures,  gestes, 

Il a imaginé une formation de 4 heures, en deux fois deux heures. De quoi apprendre l’essentiel. « Des gestes qui évitent qu’un état s’aggrave, qui rassurent, il y en a des dizaines. Mais des gestes qui sauvent des vies, il y en a cinq. Ce n’est pas compliqué, cinq. » La formation serait dispensée par des associatio­ns agréées, type CroixRouge. « On peut aussi envisager des initiateur­s qui formeraien­t ensuite les moniteurs d’auto-école. » Le surcoût ne serait que de 25 ,sur

les 1000 à 1500 du permis aujourd’hui. C’est pourtant la question du prix qui a plusieurs fois été avancée pour rejeter le projet… «C’est nul comme argument.»

Des diapositiv­es et une question

Depuis 1967, il a multiplié les incursions

dans les ministères, a contacté tous les présidents, convaincu des parlementa­ires qui ont défendu la propositio­n à plusieurs reprises. Mais rien. Retoquée en 1970, abandonnée en 1974, retoquée encore en 2012. De la tentative de 2014, portée par le sénateur grassois Jean-Pierre Leleux, il ne reste pas grandchose dans la loi de 2015: juste quelques diapositiv­es obligatoir­es dans la formation au code, et au moins une question à l’examen théorique. « C’est quand même incroyable qu’au bout de 50 ans rien n’ait été fait. On aurait pu sauver des dizaines de milliers de vies. » Nos voisins, eux, n’ont pas attendu (lire ci-contre)

« Tant que des gens mourront… »

Après 50 ans de combat, Didier Burggraeve tient bon. « Tant que des gens mourront, on est bien obligé de faire quelque chose… Comment voulezvous que je lâche ? » Cette « mesure de bon sens », il compte bien la faire entendre au nouveau gouverneme­nt. «Je vais écrire personnell­ement à Macron. Je vais lui dire que je me tiens à sa dispositio­n. Je vais à Paris en octobre… » L’ancien secouriste espère être reçu. «Emmanuel Macron est jeune, il a un autre état d’esprit. » Il l’assure, « ça va se faire ».

Je vais écrire personnell­ement à Macron ”

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(Photo J. M.) Parmi les gestes clés : la position latérale de sécurité.

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