Plus belle la circulation
S’il suffisait d’une dizaine de minutes pour entrer à Monaco hier matin, c’est grâce au travail de chef d’orchestre d’une poignée d’hommes de l’ombre. Rencontre
On attend 100 000 mouvements de véhicules aujourd’hui. Un peu plus de la moitié en entrée, le reste en sortie », explique Jean-Luc Puyo, directeur de l’Aménagement urbain. Un trafic qui correspond à celui d’une ville de 60000 habitants (quand Monaco en compte deux fois moins). «Il y a dix ans, il était très occasionnel d’avoir un tel trafic. C’était un jour de temps en temps, en juillet. Aujourd’hui, c’est quasiment tout le temps», poursuit-il. Pourtant, hier, la circulation est restée fluide, au regard de l’importance de la manifestation. Et cela, grâce à la petite équipe du Centre de gestion intégré de la mobilité (CGIM), une entité de l’Aménagement urbain.
Des logiciels et des hommes
Installés au-dessus du centre commercial de Fontvieille, au bout d’un long couloir, ces hommes arrivent à prévoir 90 % des flux. Les renforts de bus de la CAM sont lancés d’ici. Les parkings et les emplacements d’autocars exceptionnels pour le Grand Prix, aussi. Place par place. Installés à leur poste, devant leurs écrans, ils disposent d’un mur entier d’images des différentes caméras du territoire. Régulièrement, sortie de nulle part, une voix féminine, souriante mais ferme, rappelle le film d’anticipation Total Recall et signale les anomalies : véhicule arrêté, piétons dans un tunnel, etc. C’est la détection automatique d’incident. Alors, les équipements routiers se mettent en marche : les barrières se ferment, et les panneaux à messages variables redirigent les automobilistes. Différents scénarios sont programmés. Le système apprend. « Mais derrière tout ça, il y a de l’humain », insiste Jean-Luc Puyo. Trois équipes se relaient pour que la fluidité soit assurée 24 h/24. Le CIGM est l’exemple typique de la technologie au service de tous. Et comme un incident de 90 secondes suffit à former un bouchon, les hommes doivent rester attentifs et réactifs.
Tunnel à l’envers
Et un jour de Grand Prix, même les piétons peuvent poser problème. Un premier qui traverse, suivi d’un second, et ce sont vite soixante personnes qui bloquent une rue. « Nous sommes en contact avec la Sûreté publique. Si on voit que ça coince quelque part, on les appelle pour leur dire d’intervenir », explique le directeur. Pour assurer le maximum de fluidité, ces hommes sont prêts à tout: hier soir, ils ont inversé le sens de circulation du tunnel Albert II, mis en service l’été dernier. « C’est la première fois que nous allons tenter cela à grande échelle. Nos précédentes expériences nous montrent que ça va considérablement aider les visiteurs à sortir rapidement de Monaco. »