De doux portraits contrastés
Après une rupture, une jeune femme (Esther Garrel) d’une vingtaine d’années rentre chez son père (Éric Caravaca). Elle y découvre ce dernier en couple avec une femme (Louise Chevillotte) du même âge qu’elle. assurée ici par une narratrice…. Sa marque de fabrique se ressent dès les premières secondes et ne lâche pas le spectateur habitué pendant la courte durée de cet Amant d’un jour. Cependant, sa plus profonde qualité est de faire une vraie proposition de cinéma. Les portraits dessinés sont d’une extrême justesse et brillent par leur réalisme là où son oeuvre est comme souvent à l’écart du temps. Homme au milieu de deux femmes : sa jeune compagne et sa fille (jouée par Esther Garrel, la fille du cinéaste), Eric Caravaca impose peu à peu sa présence et ses tourments. Il est celui qui ne veut pas souffrir, fixe des règles libertaires du couple. Il résistera à la tentation, la belle Ariane, Louise Chevillotte, pleine de fougue et de désir, y succombera. Un trio filmé de manière intimiste, loin des préjugés et des conventions… alors, la poésie intervient, le temps par exemple d’une scène de danse (sur une chanson de JeanLouis Aubert qui signe la BO) renvoyant à un passage des inoubliables Amants réguliers, ou d’une discussion sur le couple, comparé à un confortable manteau pour se protéger de l’hiver, là où la solitude permet d’affronter le froid de pleine face. Les signes, les réussites d’un cinématographe toujours inspiré, avide de hors champ, de contrastes, de vie…