« Ma grand-mère Delenda, blessée par l’inertie des nôtres »

Allure altière et phrasé impeccable, Sonia Mabrouk présente sur Europe  l’émission quotidienne d’actualité politique Le débat des grandes voix. Elle décrypte également tous les soirs, de h à h, l’actu politique sur la chaîne Public Sénat. Avec Le monde ne tourne pas rond, ma petite-fille, paru chez Flammarion, elle signe un premier livre au contenu fort, sous la forme d’échanges de part et d’autre de la Méditerranée avec Delenda, sa grand-mère restée à Tunis. Comment tout cela a-t-il débuté ? Ma grand-mère voulait discuter avec moi de tous les sujets débattus en France à l’heure actuelle. Un temps réticente par rapport à mon planning surchargé, j’ai consenti pour garder un souvenir, et j’ai proposé cette matière brute, sans langue de bois, à mon éditeur. J’ai enregistré nos échanges, ou pris des notes lorsque nous étions sur Skype.

Qu’avez-vous évoqué ? Nous avons parlé de thèmes comme la lutte contre le terrorisme. Elle était profondément troublée qu’il n’y ait pas eu un grand mouvement des musulmans qui descendent dans la rue pour dire ça ce n’est pas l’islam. J’ai essayé de lui expliquer que ceux qui vivent en France et sont intégrés, comme moi, se sentent français. Elle m’a répondu mais tu as vu ce qui s’est passé il n’y pas le choix, tout le reste était subsidiaire pour elle.

Et pour vous ? C’est une évidence pour moi aussi, mais ce que certains n’ont pas compris c’est qu’il fallait le dire haut et fort. On a raté cette occasion et elle était historique. C’est ça qui est formidable, avec ma grand-mère, c’est qu’avec son petit bon sens, elle qui s’est instruite en autodidacte, en dévorant nos manuels scolaires, elle l’avait compris plus que d’autres. Et je crois que la parole d’une citoyenne comme elle, témoin de tant d’événements, et dénuée de toute volonté d’influencer un quelconque débat, a plus de poids que le discours de tous ceux qui s’érigent en donneurs de leçons à longueur de tribunes.