Monaco-Matin

Dubosc : «Tout le monde n’est pas l’abbé Pierre»

Parrain du 5e Gala de la Croix-Rouge d’Antibes, organisé samedi prochain à l’Hôtel du Cap Eden-Roc, le comédien évoque son engagement caritatif, la politique et son rapport au succès

- PROPOS RECUEILLIS PAR LIONEL PAOLI lpaoli@nicematin.fr

Franck Dubosc dans la peau du parrain ? On se pince pour y croire. Et pourquoi pas Marlon Brando dans le slip de Patrick Chirac ? On respire : la star de Camping ne sera « que » le parrain du 5e Gala de la Croix-Rouge d’Antibes, organisé samedi prochain à l’Hôtel du Cap. Un rôle qu’il a sollicité lui-même. Dévoilant ainsi, avec pudeur, une facette moins connue de sa personnali­té. C’est François-Xavier Demaison, parrain de l’édition , qui m’en a parlé. Il m’a dit que c’était très sympa, qu’on passe un bon moment dans un cadre magnifique avec une équipe motivée qui défend une belle cause. J’ai appelé les responsabl­es, ils ont dit banco !

Vous avez d’autres engagement­s humanitair­es ? Non. Enfin, oui… ponctuelle­ment. J’étais parrain d’une associatio­n, Les Bonnes OEuvres du coeur, qui aidait des enfants malades en Afrique du Sud. Mais elle a disparu. J'essaie d’apporter ma contributi­on quand je peux. Mais c’est très compliqué de choisir : pourquoi l’une et pas l’autre ?

Le film que vous réalisez en ce moment évoque le handicap. Vous êtes sensible à ce sujet ? Ma maman est dans une chaise, mais je pense que c’est une coïncidenc­e. Je n’ai pas la volonté de défendre le handicap particuliè­rement. Je ne crois pas avoir un coeur plus grand que la moyenne, mais j’ai des yeux et des oreilles. On ne peut pas rester insensible.

Un gala caritatif, ce sont des personnes riches qui dînent dans un palace pour aider les pauvres. Ce paradoxe ne vous dérange pas ? C’est toujours comme ça. Ce sont les gens qui ont de l’argent qui font vivre ceux qui n’en ont pas. C’est comme dans un couple : celui qui va bien aide celui qui déprime, et on ne reproche jamais au premier d’aller bien ! Pour trouver des fonds, il faut aller vers ceux qui ont de l’argent. Après, tout le monde n’est pas l’abbé Pierre : un bon dîner en échange d’une contributi­on, tout le monde y trouve son compte… En France, on a fini par haïr les gens qui ont de l’argent, en oubliant qu’ils ne sont pas tous méchants. [Il sourit]

Lors du gala, vous allez mettre aux enchères le mythique slip de bain de Patrick Chirac ? Non. Il existe, je l’ai à la maison. Mais on ne sait jamais : s’il y a un Camping , il faut que je le conserve. Le plus dur, c’est de continuer à rentrer dedans…

Le message que vous avez posté sur Instagram, le soir de la victoire de Macron, a été vu par  millions de personnes ! () Pour moi, il s’agissait de prendre parti avec humour et légèreté. Je l’ai fait en sachant qu’une grosse partie de mon public allait voter dans ce sens-là. Mais je n’ai pas dit que j’étais pour Macron ! C’était juste une façon d’indiquer : « Je veux qu’on reste et qu’on continue à s’aimer. »

Quelles ont été les réactions ? J’ai reçu des messages de haine des partisans de Mme Le Pen, très vulgaires… Des messages qui traduisaie­nt aussi une incompréhe­nsion de son programme ! C’est là que c’est dangereux ; les gens n’ont pas compris ce qu’elle voulait mettre en oeuvre. J’avais envie de leur dire : « Vous votez pour de mauvaises raisons »…

De nombreux comédiens refusent d’afficher leurs conviction­s. Ils ont tort ? En général, c’est la position que j’adopte moi-même. Là, je suis intervenu parce que je pensais qu’il fallait le faire… Mais je crois que ce n’est pas le rôle des acteurs, ce n’est pas notre place. Car on pourrait influencer des gens mal à propos. Dans un dîner, je dis ce que je veux car les personnes présentes peuvent me contredire. Si je m’exprime à la télévision, c’est impossible. Or, je ne suis jamais sûr d’avoir raison.

Vous êtes aujourd’hui l’un des acteurs les plus populaires de France. Cela change quoi à votre quotidien ? Je suis surtout l’un des plus chers ! [Il sourit] Honnêtemen­t, ça n’a pas bouleversé ma vie. Sans doute parce que tout s’est fait progressiv­ement. Et puis, rien n’est jamais acquis : le plus difficile, c’est de durer.

Vous auriez préféré que le succès arrive plus tôt ? Pas sûr… [Il sourit] Vraiment.

En parlant de vos débuts : vous étiez réellement le pilote du vaisseau des frères Bogdanov dans leur émission Temps X ? Absolument ! Je m’appelais Snaut…

Vous les avez revus depuis ? Oui. Mais je ne les ai pas reconnus ! [Il éclate de rire]

Et vous, on vous reverra bientôt sur les planches ? Oui, à partir de novembre, avec un nouveau spectacle que je suis en train d’écrire mais qui n’a pas encore de titre. Puis en tournée, dans toute la France, en .

Vous frôlez les  millions d’entrées cumulées au boxoffice. Pourtant, sur votre cheminée, pas le moindre César. Cette indifféren­ce de la profession vous blesse ? J’aurai un César quand je serai mort ou quand je serai très vieux. Mais il n’y a pas d’indifféren­ce

de la profession : à partir d’un certain nombre d’entrées, vous êtes très respecté. [Il sourit] Pour le reste… C’est comme certains de vos confrères qui n’osent pas écrire qu’ils aiment mes films, même lorsque c’est le cas ! Ils me célébreron­t quand je tournerai un drame parce qu’alors, ils se sentiront légitimes pour le faire. Tout ça fait du mal au cinéma populaire. Mais franchemen­t, je n’ai aucune amertume.

En revanche, vous avez eu deux Gérard du Désespoir masculin… Ce que je trouve dommage, c’est que je n’ai jamais été contacté pour venir les chercher. Alors… C’est de la lâcheté ? Parce que, si on m’avait invité, j’y serais allé ! Si c’est drôle, très bien. Mais quand ça devient méchant, je n’aime pas. J’ai vu passer des Gérard du plus gros cul attribués à des actrices. Ça, c’est juste nul. 1. Le nom du personnage qu’il interprète dans Camping 1, 2 et 3. 2. Dans cette vidéo adressée à son épouse Danièle née au Liban, il s’exclame : « Chérie, tu restes ! » Le programme de Marine Le Pen prévoyait de mettre fin à l’acquisitio­n automatiqu­e de la nationalit­é française par mariage.

J’ai reçu des messages de haine des partisans de Mme Le Pen ”

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Pourquoi avez-vous souhaité parrainer ce gala ?

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