TOP (FINALE, CLERMONT - TOULON À H AU STADE DE FRANCE) RCT : envers et contre tous
Clairement outsiders mais désormais à 80 minutes d’un 5e bouclier de Brennus, les Rouge et Noir peuvent encore une fois surprendre les Clermontois
Le RCT va donc disputer sa cinquième finale de Top 14 en six ans, cette fois face à Clermont. Cela peut sembler incroyable au regard d’une saison particulièrement chahutée et même largement contestée. Mais c’est ainsi depuis que Mourad Boudjellal l’a ramené au sommet et n’a de cesse de le faire mousser. Et à la fin, c’est Toulon qui gagne? Comme en finale de coupe d’Europe? L’affirmer serait aller un peu vite en besogne car jamais l’ASM n’a paru aussi sûre d’elle et de ses forces. Pour tout dire, rarement affrontement en finale n’a semblé, a priori, aussi déséquilibré.
L’effet Cockerill
D’un côté des Clermontois qui déroulent leur rugby complet et chatoyant, et qui semblent parfois évoluer comme à la parade. Ils pourraient bien avoir enfin franchi un nouveau palier même s’ils se sont encore inclinés en finale de coupe d’Europe contre le champion en titre, les Saracens. De l’autre un RCT, qui, après avoir longtemps ânonné son jeu, s’est retrouvé in extremis au printemps sur un projet nettement moins ambitieux mais beaucoup plus en adéquation avec les valeurs de combat et l’ADN du RCT. Exit Dominguez, exit Ford, bye bye Delmas, Meehan, en quelques semaines à peine, début avril, au lendemain de la défaite du RCT en quart de finale européen justement face à l’ASM (29-9). L’ancien talonneur de… Clermont, Richard Cockerill, a remis de l’ordre dans la maison Rouge et Noire pour surfer sur une série de six victoires consécutives.
Prêt à gâcher la finale de l’ASM
Aujourd’hui, l’Anglais, qui partait pourtant de très loin, se revendique même 100 % toulonnais et prêt à tout, ou presque, pour ramener un nouveau bouclier sur la Rade. Il fait plaisir Cockerill. Et il n’a pas à se forcer tant ce rugby rugueux et pragmatique que développe à nouveau le RCT lui colle à la peau. Le voilà donc prêt à gâcher la finale de l’ASM. Car, c’est bien de la finale de Clermont qu’il s’agit. Une fois encore, mais plus encore cette fois, les spectateurs dans leur majorité attendent une victoire logique et implacable des Jaunards. « Tant mieux, a ironisé Aubin Hueber. Au moins les choses seront claires. Ce sera Toulon contre tous. »« Méfi, a prolongé Hubert Falco, le maire de Toulon. Ce ne sont pas les spécialistes qui gagnent ou perdent les finales, mais bien les joueurs… » L’ASM va-t-elle enfin conjurer le mauvais sort qui semble la poursuivre ? Rayonnante, impressionnante et même rajeunie face au Racing 92 en demie, elle n’a en tout cas rien volé pour se hisser à nouveau tout en haut du Top 14. Aux dires de Franck Azéma, qui n’a jamais voulu céder dans la défaite, les finales perdues sont derrière eux. À force d’en parler et de ressasser… Mais les mots restent les mots, et l’inébranlable confiance que cherchent à afficher les Auvergnats avant ce rendez-vous ne résistera peut-être pas aux assauts des Panzer toulonnais et à la pression d’un match capital. Par deux fois déjà cette saison l’ASM a dominé sans conteste Toulon, en janvier et en avril. Mais par deux fois, elle évoluait à domicile et les performances du RCT, notamment devant et en terme de solidarité collective, n’avaient rien à voir avec ce qu’il peut espérer produire aujourd’hui.
Cette infernale pression
L’ASM a beau impressionner quand elle possède le ballon, elle redevient comme tout le monde quand elle doit le chercher… Et puis, il y aura, quoiqu’ils en disent, cette infernale pression que les expérimentés Toulonnais parviennent souvent à mieux dompter. La dernière sortie de Giteau, Mitchell (leur bourreau), Smith voire FernandezLobbe, la détermination de Cockerill, le retour de quelques blessés… Autant d’éléments qui pourraient infléchir le cours d’une rencontre promise à Clermont, mais qu’il va bien falloir jouer à 23 contre 23… On pourra d’ailleurs là regretter, même si on le comprend, le manque d’engouement des supporters varois pour cette finale. Ils seront sans doute en large infériorité numérique ce soir au Stade de France. Le RCT, déjà privé de son buteur fétiche, Halfpenny, en aurait sans doute eu bien besoin pour essayer de renverser la montagne. Mais quand on vient d’où il revient, on a l’habitude de ne compter que sur soi-même. Le groupe est fort, solidaire, reste sur des performances très encourageantes face à Castres et La Rochelle. Il sait que son salut passera par un immense combat, là ou celui de Clermont sera plutôt dans sa capacité à donner du volume au jeu et de la vitesse. Il sait aussi qu’il lui faudra puiser dans ses ressources physiques après deux matches énergivores, là ou l’ASM a pu se ménager. Mais il est prêt, et compte bien tout faire pour le démontrer. N’en déplaise à tous ceux qui aimeraient déjà voir Clermont brandir son deuxième bouclier…