Débat autour d’un Mein Kampf vendu au Salon du livre de Nice
Une vieille version du pamphlet antisémite d’Hitler était à la vente, dimanche, sur le stand d’un bouquiniste. Jean-François Téaldi l’a interpellé. La Ville a tout de suite fait retirer l’ouvrage
C’est l’ouvrage qui aura agité, dimanche, les travées du Salon du Livre de Nice. Une vieille édition de Mein Kampf posée à la vue de tous sur la table du stand de l’un des six bouquinistes présents ce weekend. Alors, forcément, il n’est pas passé inaperçu… «Des auteurs m’ont signalé qu’un bouquiniste vendait Mein Kampf sur son stand », explique, encore abasourdi, Jean-François Téaldi venu présenter au Salon de Nice son Journaliste, syndicaliste, communiste. Ni une, ni deux, il est allé voir le responsable, « pour le lui faire retirer ». «J’ai interpellé le libraire», raconte celui qui est aussi élu PCF à Cagnes-sur-Mer.
« Vous n’avez pas honte ! »
Et Téaldi n’a pas mâché ses mots : «Vous n’avez pas honte de proposer Mein Kampf, Brasillach et Drieu La Rochelle dans la ville où ont été déportés Simone Veil et des centaines d’enfants juifs ? ». Réponse du mis en cause(1): « Mein Kampf est dans le domaine public, il n’y a rien d’illégal ». Pourtant, ce n’est pas si simple, (lire ci-contre). Ce que lui a d’ailleurs rappelé Jean-François Téaldi. «Si vous diffusez Mein Kampf il faut que ce soit avec l’avertissement que ce pamphlet a causé la mort de millions de personnes, or ce n’est pas le cas. Retirez Mein Kampf ou je le fais moi-même ». Bon gré, mal gré, le bouquiniste s’est exécuté, non sans argumenter. Pour lui et selon les propos rapportés par l’ancien journaliste politique de France 3, enlever ce pamphlet antisémite de la vente revenait à « censurer une expression culturelle». Réplique de Téaldi, hors de lui : « Le nazisme n’est pas une expression culturelle ». Du côté de la mairie, on estime que la présence de l’ouvrage d’Hitler, le seul écrit par le Führer, est « bien évidemment moralement inacceptable ». Jean-Luc Gag, conseiller municipal délégué, entre autres, à la Littérature, poursuit : « Les organisateurs ne peuvent pas vérifier absolument tous les livres exposés, mais il est évident que pour l’an prochain nous allons faire en sorte que ce type d’ouvrages, incitant à des millions de morts, ou bien des livres xénophobes, antisémites et racistes ne soit pas exposé ». Jean-François Téaldi le conçoit : « ce n’est pas la faute de l’organisateur ». Quant à David Nakache, président de l’association Tous citoyens ! il s’insurge et demande à la Ville de Nice de cesser toute collaboration avec ce bouquiniste. Jean-Luc Gag rétorque : « Nous avons immédiatement et logiquement fait retirer l’ouvrage. Pour la suite, nous ne réagissons pas à chaud. Nous allons prendre le temps de la réflexion pour voir ce que nous allons faire avec lui ». 1. Le bouquiniste n’a pas pu, hier, être identifié.