Monaco-Matin

Le dégagisme en marche!

- Par DENIS JEAMBAR

Jean-Luc Mélenchon est, sans doute, l’homme politique qui a trouvé le néologisme le plus juste pour résumer le bouleverse­ment politique en cours : « le dégagisme ». Ce phénomène mondial devrait encore frapper demain en France à l’occasion du premier tour des élections législativ­es. Certes, les sondages ne font pas l’élection mais ils ont montré leur fiabilité dans la présidenti­elle. Ils sont catégoriqu­es : ce nouveau scrutin aux enjeux multiples confirme le séisme en cours dans notre paysage partisan. Le pari du chef de l’Etat est, bien entendu, de confirmer son succès en obtenant une majorité absolue à l’Assemblée nationale. Elle lui est nécessaire pour gouverner sans trop d’entraves et, surtout, pour mettre en oeuvre ses réformes avec rapidité. L’efficacité, qui est sa règle, exige d’agir sans s’égarer dans de longs débats. Bref, il a besoin d’une troupe de députés à l’image des godillots du général de Gaulle. L’histoire veut que les majorités obèses soient plus difficiles à gérer que les majorités courtes. C’est vrai mais ces nouveaux députés devront d’abord leur légitimité au président de la République et seront tenus d’une main de fer. Nul poids du passé dans les rangs de la République en marche ! (REM). Pas de rivalités anciennes ou de vieilles querelles intestines. Sans doute Emmanuel Macron espère-t-il que la REM n’ait pas besoin non plus de ses alliés – le Modem ou les ralliés de droite – pour être majoritair­e à l’Assemblée. Un tel groupe « En marche » lui permettrai­t de faire face à d’éventuelle­s tensions ou des divorces avec ses partenaire­s. Face à ce très probable scénario, le PS est si affaibli que son enjeu dans ce scrutin se résume à un sauve qui peut. Arriver à survivre pour tenter ensuite de reconstrui­re. De son côté Jean-Luc Mélenchon est face à cette cruelle réalité : en détruisant les socialiste­s, il a détruit toute la gauche. Tout juste peut-il espérer un groupe parlementa­ire, qui lui donnerait quelques moyens mais très peu de poids politique. A l’autre extrême, Marine Le Pen est dans la même situation. Son échec a brisé l’élan du FN et pose la question de son avenir personnel face à sa nièce Marion Maréchal-Le Pen, habilement rentrée au vestiaire pour laisser le poids de l’échec sur les seules épaules de sa tante. Et mieux revenir plus tard. Objectif : déclencher une nouvelle phase du dégagisme qui verrait naître le lepénisme de la troisième génération. Reste la droite. Dans ce tremblemen­t de terre, elle espérait sauver les meubles. C’est au fond la seule incertitud­e : réussira-t-elle à préserver un groupe significat­if qui en ferait la première force d’opposition et d’alternance ou entrera-t-elle dans une nouvelle phase de désintégra­tion ? Bref, le dégagisme va-t-il aller au bout de sa logique ou laisser en place quelques traces du passé ? Réponse demain.

« Bref, le dégagisme va-t-il aller au bout de sa logique ou laisser en place quelques traces du passé? »

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Monaco