Brésil : début du vote sur une invalidation du mandat de Temer
Le jugement crucial qui pourrait provoquer la chute du président brésilien est entré, hier, dans sa phase décisive, le premier des sept juges à voter se prononçant pour l’invalidation du mandat de Michel Temer. « Je vote pour l’annulation du binôme présidentiel élu en 2014, en raison des abus mis en évidence dans l’enquête », a annoncé Herman Benjamin, rapporteur du dossier au sein du Tribunal supérieur électoral (TSE), réuni depuis mardi à Brasilia. Il a sans surprise opté pour l’invalidation du scrutin de 2014, en raison d’« abus de pouvoir économique et politique » pendant la campagne électorale. Mais la plupart des commentateurs estiment que le rapporteur ne sera pas suivi par la majorité des juges et prévoient un nonlieu en faveur de M. Temer avec un résultat serré de quatre à trois. Bien que fragilisé par ailleurs par de graves accusations de corruption, M. Temer, 76 ans, dont la cote de popularité est au plus bas, ne devrait donc pas être chassé du pouvoir par la justice électorale. L’élection présidentielle a été entachée par des accusations de financement illégal de campagne liées au méga-scandale de corruption Petrobras et a reconduit pour un second mandat la présidente de gauche Dilma Rousseff. Mais celle-ci avait été destituée pour maquillage des comptes publics et remplacée il y a un peu plus d’un an par M. Temer, son vice-président, du PMDB (centre droit). Pour le rapporteur Herman Benjamin, les preuves de l’utilisation pour la campagne de fonds détournés du géant pétrolier d’Etat Petrobras sont « suffisantes » pour invalider l’élection. « Au Brésil, personne n’élit un vice-président, nous élisons un binôme, constitué pour le meilleur comme pour le pire », a-t-il affirmé, pour expliquer sa décision de ne pas dissocier le « ticket » Rousseff-Temer. Le président Temer est pourtant en pleine tourmente depuis qu’a été rendu public à la mi-mai un enregistrement compromettant dans lequel il semble donner son accord pour acheter le silence d’un ex-député aujourd’hui en prison.