Monaco-Matin

Le Philharmon­ique a fait la fête!

- ANDRÉ PEYREGNE

R oulement de tambour. Le chef d’orchestre n’est pas là mais le Philharmon­ique attaque quand même la Marche de Radetzsky. Au bout de quelques mesures le chef surgit des coulisses. Avait-il raté son bus ? Il court prendre sa place à son pupitre. Mais là, au lieu de se mettre à diriger l’orchestre, il se tourne vers le public et l’invite à frapper dans les mains au rythme de la musique. Oui, comme au concert du Nouvel An !... Ainsi a commencé , vendredi soir, le concert festif par lequel le chef Kazuki Yamada marquait la fin de sa très belle première saison en tant que directeur de l’orchestre monégasque (*). La suite du concert fut du même tonneau. On a vu des musiciens se lever et se déplacer en jouant, on en a vu d’autres se coiffer de chapeaux ou de perruques au dessus de leurs tenues de soirée. On eut droit à une folle série de musiques de Leroy Anderson – ce roy de la musique « légère » américaine des années cinquante. Les musiciens se mirent à aboyer, le public leur répondant en miaulant. Vous voyez le genre ! À un moment vint la pièce célèbre pour machine à écrire dans laquelle s’illustra jadis Jerry Lewis. Ici, c’est Matthieu Draux qui s’y colla – jeune musicien qui nous a fait belle impression dans toutes ses interventi­ons au cours de la soirée. Ah, ces vieilles machines à écrire qui faisaient dring chaque fois qu’on repoussait le chariot…

Un soliste aux chaussures rouges et bras démultipli­és

On entendit aussi la Symphonie des

Adieux de Haydn. À l’origine, il s’agissait d’une vraie manif syndicale : en 1772, les musiciens décidèrent de quitter la scène l’un après l’autre pendant le concert pour montrer à leur directeur ce qui resterait de son orchestre s’il n’augmentait pas leurs salaires… Ils obtinrent satisfacti­on ! Une autre oeuvre fit l’effet d’une bombe, vendredi soir: le concerto pour percussion­s de Cerha. On ne le connaissai­t pas. On se disait : que sera Cehra? Et l’on découvrit une oeuvre débordante de sons de toms, de gongs, de cloches, de caisses en tout genre, de xylos ou de marimbas. Un extraordin­aire soliste aux chaussures rouges et aux bras démultipli­és, Simone Rubino, frappa sur tout ce qui se trouvait autour de lui. Un vrai feu d’artifice ! Il joua par coeur l’ensemble de l’oeuvre. Dans un orchestre monégasque déjà riche en percussion­s, conduites par ce timbalier d’élite qu’est Julien Bourgeois, on était à la fête ! En bis, l’étourdissa­nt Rubino nous fit un époustoufl­ant numéro de caisse claire. Il n’y a pas à dire: celui-là n’a pas son pareil pour taper dans la caisse !

Ce concert n’était pourtant pas le dernier de la saison. Il y en aura un ultime, vendredi prochain à 20 h 30, consacré à la musique brésilienn­e, avec présentati­on des oeuvres à 19 heures 30.

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(Photo Michael Alesi) Concert fou de fin de saison, vendredi soir, en l’Auditorium Rainier-III.

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