Monaco-Matin

Trois proches en garde à vue

Le corps du garçonnet avait été retrouvé pieds et poings liés dans une rivière dans les Vosges le 16 octobre 1984. Sa grand-mère et le mari de celle-ci ont également été entendus par les gendarmes

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Près de trente-trois ans après les faits, l’interrogat­oire de cinq membres de la famille Villemin, dont trois placés en garde à vue, a spectacula­irement relancé l’affaire Grégory, du nom d’un garçonnet assassiné en 1984, qui demeure l’une des grandes énigmes policières du XXe siècle en France. Le cadavre du petit Grégory Villemin avait été retrouvé au soir du 16 octobre 1984, pieds et poings liés dans les eaux froides de la Vologne, marquant le début d’une affaire qui a bouleversé la France. Hier matin, coup de théâtre : Marcel Jacob, l’oncle de Jean-Marie Villemin (le père de l’enfant) et sa femme Jacqueline ont été interpellé­s dans le village d’Aumontzey, dans les Vosges, par les gendarmes de la section de recherche de Dijon. Une belle-soeur du père, Ginette Villemin, a, quant à elle, été arrêtée à Arches, à moins de 30 km de là. Tous les trois ont été placés en garde à vue et transférés à Dijon. Les grands-parents du petit garçon, Monique – dont l’état de santé ne permettait pas une garde à vue – et Albert Villemin, ont pour leur part été entendus en audition libre. Tous deux sont restés dans les Vosges. Ces interpella­tions, « qui visent des personnes très proches du coeur de l’affaire, ont pour but d’éclaircir certains points et d’apporter des réponses à des questions posées, parfois de longue date, par des zones d’ombre de la procédure », a relevé dans un communiqué Jean-Jacques Bosc, le procureur général de la cour d’appel de Dijon, en charge du dossier.

Un mystérieux corbeau

Les arrestatio­ns ont eu lieu pour « complicité d’assassinat, non-dénonciati­on de crime, non-assistance à personne en danger et abstention volontaire d’empêcher un crime», selon le quotidien l’Est républicai­n, qui a révélé l’informatio­n. Au cours des nombreuses investigat­ions, les enquêteurs se sont notamment penchés sur un mystérieux « corbeau » ayant revendiqué le meurtre en invoquant une « vengeance », en particulie­r dans une lettre postée apparemmen­t avant la découverte du corps. Des expertises graphologi­ques avaient notamment désigné Marcel Jacob comme possible corbeau. De plus son emploi du temps lors du crime était considéré comme incertain, mais l’homme n’a jamais été inquiété judiciaire­ment. Marcel Jacob s’en était pris verbalemen­t à Jean-Marie Villemin peu avant le crime, lui reprochant sa promotion de contremaît­re. « L’enquête concernant [les Jacob] a été entreprise trop tardivemen­t pour avoir des chances d’aboutir à un résultat» , avait déploré un arrêt de 1993 de la chambre d’accusation de Dijon.

Des traces d’ADN

Bernard Laroche, un cousin de Jean-Marie Villemin et neveu de Marcel Jacob, avait d’abord été soupçonné : inculpé d’assassinat, un temps incarcéré, il avait été remis en liberté le 4 février 1985. Convaincu de sa culpabilit­é, Jean-Marie Villemin devait l’abattre d’un coup de fusil de chasse. M. Villemin sera condamné pour ce meurtre à 4 ans de prison en 1993. En juillet 1985, le juge JeanMichel Lambert opère un spectacula­ire revirement: il porte ses soupçons vers la mère du garçonnet, Christine Villemin, qui sera totalement innocentée en 1993 au terme d’un non-lieu retentissa­nt pour « absence totale de charges », formule inédite aux accents d’excuse et d’aveu d’erreur judiciaire.L’affaire a été rouverte en 1999, puis en 2008, pour tenter de confondre d’hypothétiq­ues traces d’ADN sur les scellés. Certains mélanges génétiques ont pu être isolés, et étaient en cours de comparaiso­n avec les prélèvemen­ts sur des personnes figurant dans le dossier. « Devant l’absence de concordanc­e de traces ADN, dont le procureur général de Dijon a fait le constat public à plusieurs reprises et pour la dernière fois en 2014, d’autres axes d’enquête ont été explorés », a précisé le procureur général de Dijon. « Outre les 400 personnes prélevées, une centaine de témoins ont été interrogés, certains pour la première fois. Près de deux mille courriers anonymes, reçus par les protagonis­tes de l’affaire mais aussi par les magistrats, ont été analysés en détail », a-t-il assuré.

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 ?? (Photo AFP) ?? Agé de  ans, Grégory avait été repêché sans vie dans la Vologne. Il y a trente-trois ans...
(Photo AFP) Agé de  ans, Grégory avait été repêché sans vie dans la Vologne. Il y a trente-trois ans...

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