Monaco-Matin

Flux migratoire­s : sortie de Schengen pour lui, gardes frontières européens pour elle

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On le sait, sur le dossier brûlant des flux migratoire­s, les deux candidats opposent deux visions bien tranchées. Olivier Bettati, d’abord. Le candidat FN exige « l’arrêt de Schengen afin de récupérer la maîtrise de nos frontières. Ne pas aller secourir quelqu’un dans le besoin, c’est insupporta­ble. Mais organiser des filières de passage, ça l’est encore plus. » Sur sa chaise, Alexandra Valetta-Ardisson bondit. « Ah, la grande idée du FN de sortir de Schengen… À ce jour, les migrants passent par les petits chemins. Que préconises-tu ? Construire une muraille de Chine autour de la France ? Faire une chaîne humaine de forces de l’ordre ? C’est une propositio­n démagogiqu­e qui n’est pas réalisable », juge la candidate macroniste, avant de reprendre une propositio­n de campagne d’Emmanuel Macron : « Créer un corps européen de gardes frontières de 5 000 hommes. Cela doit se faire à l’échelle de l’Europe et la machine est lancée puisque le Président est allé voir la chancelièr­e Angela Merkel et ses homologues européens. » « 5 000 hommes pour 3 000 km ? »,

s’étonne Olivier Bettati. « Il faut bien commencer, répond Alexandra Valetta-Ardisson.

Et de marteler : « Plutôt que d’avoir des propositio­ns hallucinan­tes, il faut du concret. Il faut des frontières au niveau de l’Europe. »

« L’amalgame migrant = terroriste me sort par les yeux »

Puis Olivier Bettati embraye sur Cédric Herrou, figure de l’aide aux migrants et de l’associatio­n Roya Citoyenne : « Il y a des filières de mafieux qui se font payer et je sais que ce n’est pas son cas. Mais je lui en veux. Car dans l’attentat de Paris, certains terroriste­s sont revenus par les filières de migrants sous de fausses identités. Aujourd’hui, Daesh recule dans le monde mais j’ai le sentiment qu’il progresse en Europe. On a aujourd’hui ce vrai danger et je pense qu’il faut faire attention », suggère-t-il. De quoi ulcérer sa concurrent­e. « L’amalgame migrant = terroriste me sort par les yeux, fulmine Alexandra Valetta-Ardisson. Tenir ces propos, c’est vouloir gagner des voix et potentiell­ement gagner 5 points entre les deux tours, comme Marine Le Pen a voulu le faire. On est dans du populisme. »

« Je n’ai jamais fait cet amalgame,

coupe Olivier Bettati. J’ai dit que si on facilite ce passage-là, comme le fait M. Herrou, on prend un risque.»

Et si les solutions venaient de l’extérieur ? C’est, en tout cas, ce que veut croire Olivier Bettati en prenant exemple sur l’Australie. « Les dirigeants australien­s sont allés dans tous les pays limitrophe­s en expliquant qu’il n’y avait pas d’avenir économique ici. La Marine s’est postée à la limite des eaux territoria­les pour rejeter les bateaux de passeurs. Ces derniers ont vite compris qu’il n’y aurait plus de business ici », explique-til, avant de suggérer l’idée d’un

« plan Marshall pour les pays d’Afrique et du Maghreb pour qu’ils aient un avenir chez eux ». « C’est bien, c’est une propositio­n d’Emmanuel Macron, fait remarquer avec malice Alexandra Valetta-Ardisson. « Eh bien, je la partage », avoue sans ambages Olivier Bettati. Un consensus vite effacé par un profond point de désaccord. Le cas des fichés S radicalisé­s. Lui considère qu’il faut les expulser. Elle qu’il faut les garder sur le territoire pour pouvoir les « surveiller et ainsi remonter les filières terroriste­s».

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