Bac: Philippe et DjilaniAndréa, candidats extrêmes
Ce matin, à 8 heures, la philo donnera le coup d’envoi des écrits. Parmi les candidats, l’un présente, à 60 ans, un bac pro mécanique auto, l’autre un bac S à tout juste 15 ans. Portrait
Sur l’édition du baccalauréat qui s’ouvre ce matin, ils seront candidats de l’académie de Nice à y participer. Parmi eux, deux retiennent l’attention en raison de leur profil atypique qui les oppose et les réunit à la fois. Tous deux ont choisi leurs études par passion. Tous deux présenteront cet examen national dans les AlpesMaritimes à des âges qui interpellent, pour afficher, entre eux, années de différence! Doyen des candidats des Alpes-Maritimes et du Var, Philippe s’attelle, à ans, à un bac pro de mécanique auto, lui, l’ancien scientifique dans l’industrie pharmaceutique ! Djilani-Andréa attaquera son bac S, à tout juste ans, quand d’autres ados de son âge entrent à peine au lycée. Deux personnalités bien tranchées qui ont des rêves plein la tête... À l’IFA, institut de formation automobile, situé à Nice-Ouest où nous l’avons rencontré, Philippe Lassalle a l’allure d’un prof avec ses petites lunettes, son visage avenant couronné de cheveux blancs. «Et non, je suis bien un élève. » Le plus ancien de cet institut géré par la chambre de commerce et d’industrie de la Côte d’Azur, le doyen aussi des candidats au baccalauréat de l’académie de Nice pour avoir soufflé, le 30 mai, ses soixante bougies ! Quand d’autres, à son âge, se préparent à partir en retraite, lui, retourne sur les bancs de l’école pour présenter le bac qu’il a déjà obtenu... il y a 42 ans ! Un bac D, « c’était la série des sciences naturelles à l’époque », qu’il a complété par un DEA et un doctorat en zoologie et physiologie animale à l’Université de Bordeaux, sa ville natale. « Ma thèse portait sur le développement embryonnaire des écrevisses. Je suis, ce qu’on appelle, un astacologue, rigole-t-il, un spécialiste des écrevisses...»
« Un bond de années en arrière... »
Pourtant c’est dans l’industrie pharmaceutique, bien loin de l’observation de ces crustacés embryonnaires, que ce Bordelais, installé depuis trente ans à Roquefort-les-Pins, a fait carrière. « Dans l’entreprise de Philippe Lassalle, ex-scientifique dans l’industrie pharmaceutique, repasse, à ans, son bac pour être un pro de la mécanique auto !
Sophia-Antipolis où je travaillais, j’étais le responsable scientifique du traitement du glaucome », maladie dégénérative du nerf optique. Il y a trois ans, cette entreprise a été rachetée avec à la clé, pour ses salariés, un plan de départs volontaires que Philippe a saisi. « J’avais l’âge et l’envie de faire autre chose. D’où ce bond de quarante années en arrière qui me rajeunit pour présenter le diplôme dont j’ai toujours rêvé : le bac professionnel en maintenance de véhicules particuliers. » Car cet astacologue est un mordu de voitures anciennes qu’il collectionne. Membre de l’Automobile Club de Nice depuis plus de dix ans, il court les rallyes historiques en Volvo Amazon datant de 1965 ou dans son cabriolet Triumph Hérald de1969.« Ce bac pro me permettra de faire ce dont j’ai toujours eu envie sans jamais oser : ouvrir le capot et mettre les mains dans le moteur. »
Des projets pour le plaisir
Car ce tout jeune sexagénaire à la retraite a des projets ! Celui de restaurer une Salmson, voiture française dont la fabrication s’est arrêtée à la fin des années cinquante. Celui aussi de se lancer, avec un ami, dans la fabrication de voiture de course, type Lola T70. « Ce seront des répliques, car les modèles authentiques sont rares et coûtent une fortune, explique-t-il. Nos copies seront conçues à l’unité. Non pas pour gagner de l’argent, juste par passion de la mécanique et se faire plaisir. » Philippe ne compte pas s’arrêter à son bac pro. de mécanique auto. L’an prochain, c’est à un autre diplôme qu’il veut s’attaquer, le CAP en carrosserie. Histoire de maîtriser la construction automobile du moteur à la carlingue...