Monaco-Matin

Restaurer la confiance

- Par MICHÈLE COTTA

En pleine tourmente dans l’enquête préliminai­re ouverte sur le l’utilisatio­n par le MoDem des attachés parlementa­ires européens, et quels que soient ses rapports, paraît-il apaisés après une tempête, avec le Premier ministre, Edouard Philippe, François Bayrou n’en a pas moins présenté, hier au Conseil des Ministres son texte sur la moralisati­on de la politique, rebaptisée, de façon plus positive, loi de confiance dans la démocratie. Une loi dont lorsqu’il a scellé l’alliance avec Emmanuel Macron en février dernier il avait fait la condition essentiell­e à son soutien. Une loi qu’il juge nécessaire depuis longtemps, puisqu’il en avait souligné la nécessité à François Hollande, il y a déjà cinq ans, au moment où le président du MoDem avait décidé, à titre personnel, de ne pas donner sa voix à Nicolas Sarkozy. Alors, une loi de plus, alors que tant de lois, déjà depuis les années , ont entendu mettre un terme aux petits arrangemen­ts de certains parlementa­ires, encadrer le financemen­t des partis politiques et mettre des limites aux dépenses des campagnes, présidenti­elle ou autres ? La méfiance des Français aidant, d’autant que l’inimaginab­le affaire Cahuzac avait, avec d’autres, alimenté leur scepticism­e à l’égard de la classe politique, il fallait aller plus loin. Les mesures proposées, hier, au Conseil des ministres auraient certes pu tomber mieux qu’en pleine controvers­e, fait de dénonciati­ons et de dénégation­s, sur le MoDem, et encore plus sans mise en cause des opérations immobilièr­es de Richard Ferrand, ministre de la Cohésion des territoire­s. Peu importe. On verra plus tard comment se solderont ces affaires, avec ou sans mise en examen. C’est que l’essentiel n’est pas là. Sans énumérer l’ensemble des mesures proposées dans cette nouvelle loi, on en retiendra quelques-unes. Les premières concernent l’ensemble des élus, à qui il est arrivé de franchir la ligne rouge : pas d’engagement­s familiaux dans l’entourage profession­nel d’un député, qui n’aura pas le droit de faire plus de trois mandats consécutif­s, frais parlementa­ires remboursés sur factures, et non pas à l’aveugle, chasse aux conflits d’intérêt et aux activés de conseil qui transforme­nt trop souvent les députés en lobbyistes, peine d’inégibilit­é de  ans pour corruption ou trafic d’influence. Pas moins essentiell­e, parce que plus symbolique encore, la suppressio­n de la Cour de justice de la République, cette cour spéciale, composée essentiell­ement d’élus dont la vocation est de juger leurs pairs. Comment les citoyens pourraient-ils accepter qu’il y ait deux justices, celle de la classe politique et celle du ? dit la fable de la Fontaine,

Rien de tel que cette justice à deux vitesses pour faire douter de la Justice, avec un grand J. C’est à cela qu’il est urgent, en effet, de mettre fin si l’on veut que la confiance s’installe, ou plutôt se réinstalle, entre les Français et leur classe politique. Ce sera difficile, tant est ancrée dans les esprits que les arrangemen­ts, les petites combines, la corruption même, sont inséparabl­es de l’exercice du pouvoir. La nouvelle loi se heurtera à coup sûr au scepticism­e général. Mais, sans elle, le scepticism­e risquerait fort de se transforme­r en rejet absolu.

« Comment les citoyens pourraient-ils accepter qu’il y ait deux justices, celle de la classe politique et celle du vulgum pecus ? »

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