FRANCE - ITALIE DES LÉGENDES SAMEDI À NICE (H ALLIANZ RIVIERA) « Mon ego, on s’en fout »
Djibril Cissé reste un passionné. Même si le monde pro s’est fermé à lui depuis 2015, l’ancien Auxerrois n’a rien perdu de sa générosité. Samedi, il sera de l’hommage au peuple niçois
Djibril Cissé n’a pas eu la carrière internationale qu’il aurait méritée. Membre des campagnes mondiales manquées en et et absent pour une fracture tibia péroné la veille du départ pour l’Allemagne et la Coupe du monde , « Djib » n’a pas cultivé les regrets et la rancoeur. Samedi, il sera à Nice, avec la joie de retrouver ses ex-partenaires et l’envie d’apporter un peu de joie à des Niçois meurtris en juillet dernier, à l’occasion d’une rencontre en faveur des victimes de l’attentat.
Djibril, c’est un match plein d’émotion qui vous attend samedi… Je vais retrouver des copains dans un très beau stade et on va essayer de passer un bon moment pour les gens qui ont été sévèrement touchés dans leur vie. On va donner un peu de bonheur aux familles des victimes, même si bonheur est un bien grand mot. J’étais en Corse lorsque j’ai appris la nouvelle de l’attentat. J’étais horrifié. Surtout que j’ai un ami qui a un restaurant proche de la Promenade des Anglais.
Vous n’avez jamais défié l’Italie avec le maillot bleu. Ce sera donc une première pour vous… Mieux vaut tard que jamais. J’ai affronté l’Espagne ou l’Angleterre donc ce n’est pas forcément un regret dans ma carrière. Même si c’est toujours bien de jouer contre de grosses nations pour savoir à quel niveau on se situe. Je suis droit dans mes baskets. Je sais ce que j’ai fait et ce que je n’ai pas fait. Des éléments font que je suis lié à cette histoire. C’est à moi de démontrer que je n’ai rien fait. Mathieu confirme que je n’ai pas essayé de l’escroquer. Cette histoire court depuis deux ans. Au début c’était chiant, elle m’a fermé quelques L’ancien Auxerrois, ans, n’est pas encore prêt à raccrocher ses crampons. Il devrait poursuivre sa carrière au niveau amateur dans un club étranger.
portes pour être honnête, mais je réglerai mes comptes en temps voulu. Je laisse la justice faire son travail.
Quel France - Italie vous reste en mémoire ? La finale de l’Euro avec les buts de Sylvain (Wiltord) et de David (Trezeguet) par rapport au scénario et à l’émotion. La France n’a rien lâché et y a cru jusqu’au bout.
Quel joueur italien vous a marqué ? Del Piero pour sa facilité technique, sa vista. Il voyait tout avant tout le monde. Il avait une qualité de passe hors du commun.
Quel défenseur transalpin était difficile à bouger ? Cannavaro. Il était dur, intelligent, toujours bien placé. Il n’a pas été Ballon d’or pour rien (en ).
Avec qui aviez-vous le plus d’affinité en sélection ? L’une des beautés de ma carrière, c’est que j’ai su m’entendre avec presque tout le monde. J’étais en chambre avec Sylvain Wiltord et j’étais aussi très proche de « Titi » Henry.
Vous devez avoir quelques anecdotes à raconter... Pour ma première sélection,
j’arrive et on me dit que je suis en chambre avec Wiltord. Au bout de dix minutes, sans mentir, on aurait dit qu’on se connaissait depuis dix ans. On rigolait, on regardait des comédies africaines ensemble. Après le Mondial , on était tellement proches qu’on n’avait plus envie de se séparer. Il est descendu dans le Sud pour des vacances chez ma mère et mes soeurs.
C’est votre meilleur ami dans le monde du foot ? J’en ai de très bons comme Samir (Nasri) ou Mamadou Niang. Dans chaque club où je suis passé, j’ai gardé de bonnes relations. Avec Sylvain, c’est vrai que la magie a opéré très rapidement. On a des caractères similaires, les mêmes visions du foot et de la vie.
dans l’élite (il s’est arrêté à ). Samedi, on imagine votre envie de leur prouver qu’ils ont eu tort… L’attaquant et le buteur qui sont en moi répondront oui. Ça me ferait plaisir d’inscrire mon nom dans ce match-là. Maintenant, dire j’ai marqué deux buts contre les anciens de l’Italie, mon ego, on s’en fout un peu. L’histoire des buts, ça m’a vraiment embêté quelque temps, c’est toujours le cas aujourd’hui mais je commence à tourner la page. J’arrive à vivre avec.
Vous avez raté les Euros (suspension) et (choix) ainsi que le Mondial (blessure). Vous étiez maudit avec la sélection… Je suis de nature à relativiser. Je prends les choses comme elles sont. Si je n’étais pas présent pour de grands rendez-vous, c’est que je ne devais pas y être. J’essaie de ne pas me prendre la tête, ressasser les mauvais souvenirs. Quand on se retrouve avec les anciens de Liverpool et qu’on reparle de cette finale, on n’arrive pas à réaliser l’ampleur de ce qu’on a fait.
A la mi-temps, le coach Benitez avait dû pousser une gueulante… Il nous a dit qu’on ne montrait pas notre meilleur visage et qu’il fallait nous relâcher. Il y avait quelque chose à faire à condition de marquer rapidement pour réaliser une remontada. C’est surtout Steven Gerrard qui a trouvé les bons mots et qui a montré le chemin en marquant le premier but et en faisant un match fou.
Des critiques ont frappé les Bleus récemment, pour leur jeu « ennuyeux »… Je suis optimiste. J’ai envie de croire en cette génération forte dans tous les compartiments du jeu. Il y a de la jeunesse. Ça manque un peu d’expérience par moments mais je ne comprends pas ceux qui la critiquent gratuitement. C’est l’une des meilleures équipes au monde. Il y a un vrai potentiel.
Niveau potentiel, celui de Mbappé paraît sans limite… Sa précocité rappelle un peu la vôtre… C’est un cran au dessus par rapport à moi. Techniquement, il est meilleur et de loin. Je le compare davantage à « Titi » Henry. Il est fort, très intelligent. C’est déjà un homme et plus un gamin. Djibril Cissé Né le 12 août 1981 à Arles (35 ans) Attaquant
Auxerre (1999-04) Liverpool (2004-07) Marseille (prêt ,2006-07), Marseille (2007-09), Sunderland (prêt, 200809), Panathinaïkos (200911), L. Rome (2011-12), QPR (2012-13), Al Gharafa (prêt 2013), K.Krasnodar (2013), Bastia (2014-15) Coupe de France 2003, Ligue des champions et Supercoupe d’Europe 2005, Coupe d’Angleterre 2006, champion de Grèce 2010.
41 sélections, 9 buts Coupe des confédérations 2003.1re sélection le 18 mai 2002 contre la Belgique (1-2).
Il faudra qu’il choisisse le bon club mais il est apparemment très bien entouré. Sa famille, posée, lui veut du bien. Je ne me fais pas de souci pour lui.
Où en êtes-vous de votre après carrière ? J’étais très content de mon petit séjour à Auxerre. Je me suis aussi entraîné avec le CA Bastia qui m’a accueilli à bras ouverts. Ça ne s’est pas concrétisé par un contrat mais je ne cache pas que j’ai un projet en cours avec un club amateur. C’est dans le but de jouer. Je continue à m’entraîner. Je peux encore aider une équipe. L’idée de rejouer me chatouille. Même si ma reconversion dans la musique est déjà bien entamée et que je mixe de temps en temps. Ce projet concerne une équipe à l’étranger, en Europe, mais je n’en dirai pas plus.
Des places restent disponibles sur allianzriviera.com. Tarifs : 10 à 30€.