Bac : la philo pour commencer
Les premières épreuves écrites du baccalauréat se déroulaient, hier matin, au lycée Albert 1er. À en juger par leur expression, cette matière n’a pas l’air d’avoir traumatisé les candidats
À11 heures, hier matin, les visages étaient plutôt souriants à la sortie du lycée Albert 1er. L’établissement du Rocher accueille les candidats aux épreuves de fin du lycée pour les filières générales (scientifique, littéraire, et économique et sociale). Posés sur les rambardes, les jeunes attendent les copains qui sont encore en train de noircir le papier et de faire chauffer leurs neurones. Il faut dire que les sujets de cette année sont gratinés. « La raison peut-elle rendre raison de tout ? » était demandé aux candidats des séries ES. Autant dire que les cheveux, à défaut d’être coupés en quatre, se sont dressés sur certaines têtes. Ils avaient la possibilité de se replier sur l’autre sujet de dissertation : « Une oeuvre d’art est-elle nécessairement belle ? » C’est le choix qu’a fait Maxime, qui a finalement été assez peu inspiré : « Je suis sorti à 9 h, dès qu’on en a eu la possibilité. Je n’ai pas écrit grand-chose, et j’en avais marre d’attendre.»
Plutôt commentaire ou dissert’ ?
Chaque année, c’est la même chose: le choix des sujets répond à deux stratégies bien distinctes. Il y a ceux qui y vont à l’enthousiasme, et optent pour le sujet qui les botte le plus. Mais les épreuves de philosophie répondent à des impératifs méthodologiques stricts. Alors, la technique dite de «je limite la casse» semble avoir le vent en poupe. « Moi, j’ai pris le commentaire de texte. C’est ce que j’ai fait toute l’année, c’est ce que je connais le mieux. Il n’y a pas de raison de changer le jour de l’examen » plaque Matthew. Chloé, en filière littéraire, a opté aussi pour ce type d’épreuve : « Franchement, c’est l’épreuve la plus facile. Et ça, c’est plutôt bien passé. Pour moi, la philo, c’est du raisonnement, donc c’est plutôt facile. » Il est souvent recommandé aux lycéens de raccrocher les sujets à l’actualité. Certains semblent d’ailleurs inventés pour ça. « La raison peut-elle rendre raison de tout?» invitait visiblement à s’interroger sur le principe de précaution : peut-on vraiment raisonner avec le terrorisme ? Avec les catastrophes naturelles ? La notion de droit, de justice, l’importance de sa culture… Autant de possibilités de piocher dans les infos pour amener de l’eau à son moulin.
Un intérêt mis en doute
Si cette technique permet aux jeunes d’intégrer la philosophie dans leur quotidien, l’intérêt de la matière fait quand même débat. Pour Léa, en ES, «ça ne sert à rien, et on ne comprend même pas pourquoi c’est coefficient 4». Son camarade Athos, lui, a un avis plus poussé sur la question : « La philo telle qu’elle est enseignée ne sert à rien. Dans le programme, il n’y a aucun lien qui est fait avec notre filière. C’est dommage, parce que c’est quand même la base des sciences sociales. » Chez les scientifiques aussi, malgré l’importance croissante
de l’éthique en science, on prend un peu ça à la légère : « Ça va, c’est de la philo, c’est pas le plus important. Demain c’est l’histoire, une matière qui n’est pas non plus très importante pour nous. Du coup, ça nous permet de nous mettre dans le bain pour les épreuves scientifiques de la semaine prochain. » glisse Paul, tout sourire.