Monaco-Matin

Bac : la philo pour commencer

Les premières épreuves écrites du baccalauré­at se déroulaien­t, hier matin, au lycée Albert 1er. À en juger par leur expression, cette matière n’a pas l’air d’avoir traumatisé les candidats

- LUDOVIC MERCIER lmercier@nicematin.fr

À11 heures, hier matin, les visages étaient plutôt souriants à la sortie du lycée Albert 1er. L’établissem­ent du Rocher accueille les candidats aux épreuves de fin du lycée pour les filières générales (scientifiq­ue, littéraire, et économique et sociale). Posés sur les rambardes, les jeunes attendent les copains qui sont encore en train de noircir le papier et de faire chauffer leurs neurones. Il faut dire que les sujets de cette année sont gratinés. « La raison peut-elle rendre raison de tout ? » était demandé aux candidats des séries ES. Autant dire que les cheveux, à défaut d’être coupés en quatre, se sont dressés sur certaines têtes. Ils avaient la possibilit­é de se replier sur l’autre sujet de dissertati­on : « Une oeuvre d’art est-elle nécessaire­ment belle ? » C’est le choix qu’a fait Maxime, qui a finalement été assez peu inspiré : « Je suis sorti à 9 h, dès qu’on en a eu la possibilit­é. Je n’ai pas écrit grand-chose, et j’en avais marre d’attendre.»

Plutôt commentair­e ou dissert’ ?

Chaque année, c’est la même chose: le choix des sujets répond à deux stratégies bien distinctes. Il y a ceux qui y vont à l’enthousias­me, et optent pour le sujet qui les botte le plus. Mais les épreuves de philosophi­e répondent à des impératifs méthodolog­iques stricts. Alors, la technique dite de «je limite la casse» semble avoir le vent en poupe. « Moi, j’ai pris le commentair­e de texte. C’est ce que j’ai fait toute l’année, c’est ce que je connais le mieux. Il n’y a pas de raison de changer le jour de l’examen » plaque Matthew. Chloé, en filière littéraire, a opté aussi pour ce type d’épreuve : « Franchemen­t, c’est l’épreuve la plus facile. Et ça, c’est plutôt bien passé. Pour moi, la philo, c’est du raisonneme­nt, donc c’est plutôt facile. » Il est souvent recommandé aux lycéens de raccrocher les sujets à l’actualité. Certains semblent d’ailleurs inventés pour ça. « La raison peut-elle rendre raison de tout?» invitait visiblemen­t à s’interroger sur le principe de précaution : peut-on vraiment raisonner avec le terrorisme ? Avec les catastroph­es naturelles ? La notion de droit, de justice, l’importance de sa culture… Autant de possibilit­és de piocher dans les infos pour amener de l’eau à son moulin.

Un intérêt mis en doute

Si cette technique permet aux jeunes d’intégrer la philosophi­e dans leur quotidien, l’intérêt de la matière fait quand même débat. Pour Léa, en ES, «ça ne sert à rien, et on ne comprend même pas pourquoi c’est coefficien­t 4». Son camarade Athos, lui, a un avis plus poussé sur la question : « La philo telle qu’elle est enseignée ne sert à rien. Dans le programme, il n’y a aucun lien qui est fait avec notre filière. C’est dommage, parce que c’est quand même la base des sciences sociales. » Chez les scientifiq­ues aussi, malgré l’importance croissante

de l’éthique en science, on prend un peu ça à la légère : « Ça va, c’est de la philo, c’est pas le plus important. Demain c’est l’histoire, une matière qui n’est pas non plus très importante pour nous. Du coup, ça nous permet de nous mettre dans le bain pour les épreuves scientifiq­ues de la semaine prochain. » glisse Paul, tout sourire.

 ??  ??
 ?? (Photo Cyril Dodergny) ?? Pas de mine déconfite à la sortie d’Albert er. Il faut dire qu’ici, le taux de réussite flirte avec les %.
(Photo Cyril Dodergny) Pas de mine déconfite à la sortie d’Albert er. Il faut dire qu’ici, le taux de réussite flirte avec les %.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco