Proxénétisme international: Roumains incarcérés à Nice
Nigérianes dans le quartier de l’Arénas, Bulgares sur la Promenade, Roumaines autour du Marché d’intérêt national (MIN)… Le marché de la prostitution de rue à Nice paraît très organisé. La police judiciaire, avec une série d’interpellations en début de semaine, vient de désorganiser ce bel ordonnancement. Déférés hier, quatre proxénètes présumés, de nationalité roumaine, et une prostituée, concubine de l’un d’eux, ont été mis en examen par un juge d’instruction pour proxénétisme aggravé. Tous ont été écroués hier soir. Les jeunes femmes, dont l’une vient tout juste de fêter ses dix-huit ans, se prostituaient à l’ouest de Nice, autour du MIN et sur le boulevard du Mercantour. La difficulté pour les policiers de la brigade de répression du banditisme du proxénétisme de la police judiciaire de Nice, était d’interpeller les proxénètes qui gèrent leur entreprise criminelle depuis l’étranger. «Ils évitent le plus possible de rester longtemps en France mais ils sont quand même obligés de venir régulièrement pour mettre la pression sur les filles et protéger leur territoire», indique un enquêteur.
Recherchés en Italie
L’autre difficulté réside dans la mobilité des prostituées sous surveillance qui tournent en Europe, notamment en Italie, en Espagne, en Angleterre et en Allemagne. En début de semaine, la patience de la brigade de répression du banditisme et du proxénétisme (BRBP) a été récompensée. Les proxénètes présumés séjournent à Nice dans le quartier des Musiciens. L’opération est lancée : les quatre suspects, âgés de 20 ans à 41 ans, et cinq prostituées, sont interpellés et placés en garde à vue à la caserne Auvare. Mercredi, alors que les prostituées ont été remises en liberté, les garde à vue ont été prolongées pour les quatre hommes et une femme, la justice considérant qu’elle a affaire à une bande organisée. Depuis novembre 2016, les jeunes filles étaient sous étroite surveillance policière. Les enquêteurs découvrent au fur et à mesure de leurs investigations la vie misérable de ces jeunes roumaines, véritables esclaves sexuelles, exploitées, frappées, menacées. «L’une d’elle était payée 2 euros par jour et dormait par terre», confie un policier. La prostituée la plus âgée, considérée comme «la première fille», sert de relais aux proxénètes et se charge de renvoyer l’argent par mandat. La PJ a travaillé avec un officier de liaison à Bucarest et le centre de coopération policière et douanière (CCDP) de Vintimille, les quatre hommes étant également recherchés par les autorités italiennes. Ils étaient, en revanche, inconnus à ce jour de la justice française. Les prostituées ont été prises en charge par l’association ALC.