Le sucre, meilleur ennemi des femmes enceintes Soins
Le diabète gestationnel concerne 6 à 7 % des femmes au cours de leur grossesse en France. Il est à surveiller de près car il peut induire des complications pour la mère et l’enfant
Si la grossesse est source de joie, elle s’accompagne aussi souvent de son lot d’interrogations voire de complications. Près de 6 à 7 % des femmes en France déclarent un diabète gestationnel. Dans d’autres pays, la situation est encore plus grave. «Au Maghreb, ce chiffre grimpe à 10 % notamment à cause d’une alimentation plus riche», constate le Dr Khaled Neji, gynécologue obstétricien au centre de maternité et de néonatologie La Rabta à Tunis et président de la Société Tunisienne de Gynécologie Obstétrique. Il évoquait cette problématique lors du dernier congrès de gynécologie GYN Monaco. « Il faut comprendre que la grossesse est en elle-même une situation diabétogène. Le placenta sécrète en effet des quantités importantes d’hormones susceptibles d’induire une résistance à l’insuline [hormone chargée de réguler la glycémie, ndlr] », explique le Dr Neji. Or, c’est lorsque ce taux de sucre est trop élevé que l’on parle d’un diabète gestationnel. Il se développe généralement au cours du deuxième trimestre. On peut généralement le dépister vers la 24e semaine, voire plus précocement dans certains cas : « s’il existe des facteurs de risque tels qu’un âge supérieur à 35 ans, un surpoids ou un antécédent de diabète gestationnel ».
Suivi pluridisciplinaire
Un simple test d’urine permet de déceler la présence de sucres : la glycosurie. Ensuite, il convient de mettre en place un suivi. «La femme enceinte doit être traitée à la fois par son gynécologue et
par un diabétologue. La première étape consiste en l’adoption de mesures hygiéno-diététiques : éviter les sucres rapides, boire suffisamment d’eau, maîtriser sa prise de poids, pratiquer une activité physique raisonnablement telle qu’une demi-heure de marche quotidienne, commente le Dr Neji. L’examen d’un cycle glycémique c’est-à-dire que l’on observe les fluctuations de la glycémie au cours de la journée, permet de voir comment l’organisme se comporte. L’idéal est de ne pas dépasser 1,3 à 1,4 g/L. Si la patiente est encore au-dessus, on peut essayer de mettre en place un régime encore plus strict, sinon il faut opter pour un traitement à l’insuline, les antidiabétiques oraux étant contre-indiqués
au cours de la grossesse. »
Le sucre peut avoir des effets délétères sur la mère et l’enfant
Si la glycémie est scrutée d’aussi près, c’est parce qu’en trop grande quantité, le sucre peut avoir des effets délétères sur la santé de la mère comme sur celle
de l’enfant. Les femmes diabétiques au cours de leur grossesse ont davantage de risque de faire des complications types infections urinaires et/ou vaginales. « Le diabète va occasionner un hyperinsulinisme oral [un excès d’insuline, ndlr] chez le foetus. Souvent on retrouve des cas de macrosomie [des gros bébés, ndlr]. Mais ce sont des colosses aux pieds d’argiles car ils
sont fragiles », note le Dr Neji. Par ailleurs, les nouveau-nés étant de grand gabarit, les cas de césariennes sont plus importants chez les femmes ayant un diabète gestationnel. Elles présentent également un risque accru d’hypertension et de pré-éclampsie. Le médecin insiste : « Il est impératif que la femme enceinte soit suivie de près par une équipe pluridisciplinaire avec son gynécologue et un diabétologue ou un médecin généraliste éventuellement aussi un nutritionniste. » Car les futures mamans ne doivent pas manger deux fois plus mais deux fois mieux.
« Un suivi rigoureux par un gynécologue et un diabétologue » Dr Khaled Neji Gynécologue obstétricien