Femmes, domptez votre voix et prenez la parole!
Christine Moussot, coach vocal, consacre un ouvrage, chez Odile Jacob, à la voix féminine, ou comment en faire un atout dans le monde professionnel et dans la vie privée
Une femme parle. On ne la voit pas. Pourtant on l’imagine : entre 30 et 35 ans. Grande, brune. Elle doit occuper un poste à responsabilité. En réalité, c’est une petite blonde, la vingtaine, étudiante. Rien à voir. Il est étonnant de constater que dès qu’on entend parler quelqu’un on l’imagine. Comme lorsqu’on lit un roman. Le personnage prend corps sous des traits qu’on lui attribue de manière subjective. La voix suscite immédiatement une impression chez celui qui la perçoit. D’ailleurs, ne dit-on pas que certaines personnes ont une voix de radio parce que leur timbre, leur débit est plaisant voire séduisant ? D’autres à l’inverse ont des voix plutôt désagréables voire carrément irritantes. Trop aiguës, nasillardes, monocordes… Bref, les écouter ne flatte pas l’oreille. La problématique prend une dimension particulière chez les femmes. Nombreuses sont-elles à avoir l’impression de ne pas être prises au sérieux lorsqu’elles s’expriment. Christine Moussot, coach vocal, a observé au fil des années, que les demandes varient selon le sexe. Ainsi, «les femmes viennent souvent parce qu’elles ont l’impression que leur voix leur nuit notamment à leur évolution de carrière ». Et cela peut être le cas. La voix est révélatrice. Elle n’est pas qu’un moyen d’expression. L’auteure souligne d’ailleurs qu’elle est « le véritable miroir de notre identité et de notre personnalité ». Ainsi lorsqu’elle pose problème, cela signifie souvent qu’il y a autre chose à régler. « Il ne s’agit pas seulement d’un travail technique sur la voix mais d’un travail sur soi. Ces femmes cherchent leur place, ne se sentent pas légitimes, etc. »
Garder la hauteur, modifier le timbre
Christine Moussot entend casser une idée reçue : « on associe à tort la voix grave à l’autorité donc on veut modifier la hauteur de sa voix. Or, ce n’est pas la hauteur qu’il faut modifier mais le timbre. C’est-à-dire qu’il faut élargir la présence de la voix, sa portée. » Pour mémoire, la hauteur c’est «la fréquence ou longueur d’ondes » et le timbre, c’est « l’enveloppe harmonique du son, c’est-àdire, tout ce qui se rajoute à la vibration originelle de la note fondamentale pour enrichir le son ». «L’objectif n’est en aucun cas de travestir sa voix mais de la faire évoluer, de lui permettre de s’exprimer pleinement dans le champ de son propre potentiel », indique la coach vocal. Pourquoi donc la voix ne correspond pas toujours à notre personnalité ? «Bien souvent, c’est lié au conditionnement, à l’histoire, à l’éducation. Une femme qui a eu une mère très effacée, parlant peu, va avoir tendance à agir de même. Et selon les pays, les cultures vocales sont différentes. On remarque qu’en Asie, les différences sexuées sont beaucoup plus marquées qu’en France où les voix des hommes et de femmes ont tendance à se rapprocher au fil des générations », remarque Christine Moussot. Mais notre mélodie a aussi une fonction beaucoup plus prosaïque. Elle joue un rôle dans la reproduction. Dans des temps ancestraux, les femmes étaient les mères nourricières tandis que les hommes étaient les protecteurs, ils devaient être forts. Douceur dans le timbre pour les unes, rudesse pour les autres.
Méditation contre le trac
Comme la voix fait partie de notre personnalité, « elle est un outil concret pour rentrer dans un travail sur soi, par le biais de thérapies cognitives par exemple. » La coach entend vite les problèmes poindre derrière la mélodie. « Je vois souvent des femmes qui ont des voix aiguës. Lorsqu’elles parlent, sans même les regarder, j’entends leur sourire gêné, comme si elles cherchaient à s’excuser: cela dénote souvent un problème de légitimité. À l’inverse, des voix agressives vont donner l’impression que la personne veut prendre sa place en s’imposant à tout prix sans être capable de s’affirmer par ses compétences. » Travailler la voix, c’est travailler la confiance en soi. Et parfois, Christine Moussot oriente les personnes vers un psychologue, pour déverrouiller des blocages émotionnels. Mais elle a aussi ses petites astuces : « La meilleure arme contre le trac c’est la méditation. Parce que le trac est lié à une angoisse future alors que la méditation vous apprend à être dans l’instant présent. » Et si vous faites partie de ceux qui stressent à l’idée de prendre la parole en public, dites-vous que vous êtes comme 9 Français sur 10 ! Et oui, finalement, ils sont peu nombreux ceux qui s’expriment facilement. Christine Moussot délivre donc ses conseils pour surmonter ses craintes. Préparation, exercices… Vous aurez de nouvelles armes pour affronter le regard et surtout l’ouïe de votre auditoire.
« Il ne s’agit pas seulement d’un travail sur la voix mais d’un travail sur soi » Christine Moussot Coach vocal et auteure