Emilie Petitjean :

Son courage et sa dignité sont sans égal. Emilie Petitjean mérite le plus grand des respects. Hier, la présidente de Promenade des Anges, association qui vient en aide aux victimes de l’attentat du 14 juillet et à leur famille, a surpassé son émotion pour faire le point sur les actions de l’entité née après la catastrophe. Malgré la douleur et la perte d’un de ses deux fils le soir de l’attentat, elle continue de se battre avec tous ceux présents à ses côtés.

Emilie, voir ces grands noms du foot avoir une pensée pour les disparus, on imagine que c’est beaucoup d’émotion… Je suis très touchée. C’est extraordinaire surtout que ce sont les joueurs de la génération , , , qui est aussi la mienne et où les femmes ont commencé à s’intéresser au foot. Je n’aurais jamais cru avoir l’honneur de rencontrer Laurent Blanc un jour. C’était très émouvant de le voir luimême touché lors du recueillement au mémorial.

Vous voir serrer votre fils Maxime, à l’hommage au mémorial provisoire, était un moment fort... Avant aujourd’hui (lire hier, ndlr), j’avais toujours essayé de le protéger de ce genre d’hommage. Mais en grandissant, il est de plus en plus demandeur. Il veut savoir pourquoi Romain n’est plus là. Aujourd’hui, avec les joueurs de foot autour de nous, l’hommage était plus simple à appréhender pour lui.

A quoi va servir l’argent récolté ce week-end ? Il faut savoir que l’association n’a pas vocation à reverser de l’argent directement aux victimes. L’argent sert à faire fonctionner l’association. On paie une secrétaire et des bureaux. On l’utilise aussi pour nos combats. Ceux pour la recherche de la vérité, pour rémunérer un avocat, nous déplacer auprès des ministères pour que les victimes aient des soutiens administratifs, financiers, sanitaires et psychologiques. Et puis, il ne faut pas oublier que cet attentat a été niçois mais aussi national et international. Beaucoup de victimes sont à l’étranger et se sentent isolées. Elles ont donc besoin d’être en lien avec nous. Les mails et Skype c’est bien, mais on a aussi besoin de pouvoir ne seraitce que se prendre dans les bras. On a enfin pour projet de faire réaliser un mémorial (permanent) du souvenir et sensibiliser à la radicalisation les jeunes lors de sorties scolaires.

Le premier anniversaire de la tragédie approche, à quoi s’attendre ? Il y aura un hommage solennel et un défilé militaire. Suivront des discours du président de la République et d’adolescents pour les victimes. Le moment fort sera le concert de l’orchestre philharmonique de Nice à h suivi d’une minute de silence et d’une chanson interprétée par Calogero. La soirée s’achèvera par un lâché de ballons en présence des familles de victimes et l’illumination de  faisceaux lumineux.

Où en êtes-vous dans votre recherche de vérité ? On attend impatiemment l’arrivée des juges (antiterroristes) le  juin. On pense qu’ils viendront pour nous expliquer où ils en sont dans leur enquête, savoir ce qu’il advient des personnes mises en examen. Sont-elles réellement complices ? Jusqu’où va aller l’enquête ? Les juges remonteront-ils jusqu’à Daech pour arrêter les personnes impliquées ?

Ville et Etat se rejettent la faute au sujet des mesures de sécurité mises en place le soir de l’attentat. Quelle est votre position ? Je ne sais pas si les responsabilités sont pour l’un ou pour l’autre. Ce que je sais, c’est qu’il y a eu des réunions préparatoires sur la sécurité et que certaines personnes en charge de services de sécurité n’ont pas été associées à ces préparatifs. Je pense aux services généraux qui auraient peut-être pu alerter sur les risques terroristes. Le dispositif de sécurité aurait peut-être pu être meilleur. On espère avoir des réponses le  juin.

“On

demande aux gens touchés de se relever alors c’est une bonne chose d’essayer de leur amener un peu de bonheur et de réconfort. C’est fou la force que ces gens ont. Ça force le respect. Je pense que ce qu’on a fait en  existe toujours chez les gens, même chez les jeunes. Il y a eu une belle communion avec le public. C’est beau de voir tous ces drapeaux. On a vu ce qu’un match de foot doit être.”