Monaco-Matin

ILS ONT FAIT L’ACTU DU  AOÛT 

- ANDRÉ PEYREGNE

u matin du 12 août 1920, les habitants de Pierrefeu dans le Var, n’en croient pas leurs yeux : un énorme dirigeable vole au-dessus de leurs têtes. Ses dimensions sont considérab­les : 266 mètres de long, 24 de diamètre. Il s’apprête à atterrir à l’aérodrome de CuersPierr­efeu. Il est numéroté L72, mais porte le nom de « Dixmude » en hommage à la ville des Flandres où, au début de la guerre 14-18, les fusiliers marins français et belges se sont distingués. Ce dirigeable est un Zeppelin construit pour la marine allemande, qui n’était pas encore en service à la fin de la Première Guerre mondiale, et qui a été remis à la France par l’Allemagne au titre des dommages de guerre. Il a été pris en charge par le lieutenant de vaisseau Jean du Plessis. L’aérodrome de Cuers-Pierrefeu sera son lieu de stationnem­ent. Le magazine L’Illustrati­on a consacré un grand reportage photograph­ique à l’arrivée dans le Var de cette aéronef dans son numéro du 21 août 1920, ayant informé ses lecteurs de ce vol dans son numéro précédent, afin qu’ils puissent le suivre à travers la France.

Le vol suivi par toute la France

« Les Parisiens ont vu, la semaine dernière, passer dans leur ciel le beau dirigeable allemand que le traité de paix a fait tomber entre nos mains. Ils l’ont suivi d’un oeil curieux Le Dixmude à son arrivée au dessus de l’aérodrome de Cuers-Pierrefeu. Entrée du dirigeable dans son hangar (ici à droite).

dans ses lentes évolutions aussi longtemps qu’ils ont pu et l’ont vu disparaîtr­e enfin vers le Sud, accompagné par les avions français qui exécutaien­t autour de lui de joyeuses cabrioles. Le zeppelin L 72, ainsi que nous l’avons dit dans notre dernier numéro, traversa toute la France, se montrant successive­ment aux habitants de Dijon, de Lyon, de Marseille, puis il gagna la côte afin de rejoindre Cuers-Pierrefeu, son futur port d’attache. » Au plan technique, le dirigeable est équipé de six moteurs de 260 chevaux, sa vitesse de croisière est de 77 kilomètres à l’heure et sa vitesse maximale de 110 kilomètres à l’heure. Sa contenance est de 7000 mètres cube d’hydrogène. L’Illustrati­on poursuit : « Si les dirigeable­s rigides sont superbes en plein vol et font véritablem­ent l’effet de fantastiqu­es croiseurs de l’air, glissant, majestueux et élancés, à travers les nuages, ils ont beaucoup de mal à descendre En cette fin de mois d’août , le monde des sportifs a les yeux tournés vers Anvers où se déroulent les Jeux Olympiques. L’édition précédente, en , qui devait avoir lieu à Berlin, avait été annulée à cause de la Première Guerre mondiale. La France remportera quarante et une médailles, dont trois à la tenniswoma­n niçoise Suzanne Lenglen. Mais c’est au coureur Joseph Guillemot, originaire de

à terre. Ils sont gauches, maladroits, et demandent l’attention et l’habileté d’un personnel nombreux. Arrivé en vue de CuersPierr­efeu assez tard, et le commandant n’ayant pas jugé le moment favorable pour l’atterrissa­ge, le L72 resta en l’air jusqu’au matin, évoluant autour de son hangar comme certains oiseaux autour de leur nid, et ne descendit qu’au petit jour… On le vit obliquer doucement vers la terre où l’attendaien­t des équipes aéronautiq­ues qui l’aidèrent ensuite à entrer dans son hangar, où il reviendra maintenant après chacune de ses sorties en Méditerran­ée, dont il doit assurer la surveillan­ce ». L’Illustrati­on avait profité de ce voyage du Dixmude à travers la France pour réaliser une opération promotionn­elle : « En passant au-dessus de Paris, l’équipage du L72 avait laissé s’envoler dans la campagne quelques enveloppes contenant des photograph­ies du Le roi Albert félicite l’athlète français Guillemot, vainqueur de la finale des  mètres en  minutes  secondes.

dirigeable. L’une de ces enveloppes portait l’adresse de l’Illustrati­on et fut ramassée à Savignysur-Orge. Nous tenons à accuser réception à l’envoyeur de sa missive et à lui adresser tous nos remercieme­nts. » L’article ne dit pas si le lecteur recevra un cadeau ou s’il sera invité à bord du prochain vol du Dixmude. L’article ne parle pas non plus, bien sûr, du triste avenir de ce beau dirigeable.

Dernier contact le  décembre 

Après son arrivée à Cuers-Pierrefeu, le Dixmude fut dégonflé et confiné pendant deux ans dans un hangar. Le lieutenant de marine Jean du Plessis finit par convaincre la Marine de le restaurer. Il reprit ses vols en août 1923. Il effectua alors de longues missions au-dessus de la Méditerran­ée, battant un record de traversée de 9000 kilomètres en 118 heures. Mais, le 20 décembre 1923, alors qu’il la Haute-Vienne, vainqueur du  mètres en  minutes et  secondes, que L’Illustrati­on consacre sa une. On voit le champion français félicité par le roi des Belges, Albert

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, la conférence de San Remo prévoit que la Palestine et l’Irak passeraien­t sous la coupe des Britanniqu­es, la Syrie et le Liban sous celle des Français. Le roi Faysal de Syrie ayant s’apprêtait à effectuer un vol au-dessus du Sahara, il fut pris dans un orage entre la Sicile et la Tunisie, détruit en vol et précipité à la mer. Le dernier contact radio fut enregistré le 21 décembre, à 2 heures 08. Quelques jours plus tard, un pêcheur italien retrouvait le corps de Jean du Plessis. Le lieutenant français avait 31 ans. Quarantequ­atre marins périrent dans cet accident. La municipali­té de Pierrefeu ouvrit une souscripti­on nationale pour ériger un monument à la mémoire des victimes. Il fut inauguré le 22 mai 1927, par le Ministre de la Marine Georges Leygues. L’aérodrome de CuersPierr­efeu est toujours utilisé à un double usage civil et militaire. Il sert de base à des aéroclubs et des écoles de pilotage, ainsi qu’à bon nombre d’avions privés. Il y a bien longtemps qu’on n’a plu vu atterrir de dirigeable ! essayé de résister à la France, a été défait le  juillet  par les troupes du général français Mariano Goybet. Une fois sa mission remplie, le général Goybet s’apprête à rentrer en France. Son pays lui rend hommage.

Jeudi 22 juin, Chapelle Saint-Jean, la Garde-Freinet. Entrée libre. Tel. : 04 94 99 17 28 04. / 94. 47. 05. 72

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