L’«apprenti» dealer quadragénaire avait huit pochons de cocaïne dans son porte-monnaie
Un Portugais célibataire, agent d’entretien de Beausoleil, en proie à des difficultés financières, avait débuté parallèlement un « stage » de reconversion dans une profession somme toute lucrative mais ô combien risquée: dealer de cocaïne! Cependant, au hasard d’une conduite en état d’ivresse, son trafic illicite a été découvert. Le prévenu vient de comparaître, menotté, devant le tribunal correctionnel. Il a écopé d’un mois de prison ferme et deux amendes de 200 euros et 45 euros. Un temps suffisant pour la réflexion. Automobilistes ou piétons auraient pu croiser une Volkswagen à la tenue de route incertaine, le 18 juin dernier, vers 5 h 24, sur l’avenue de l’Annonciade. À cette même heure, les policiers ont localisé le véhicule sur leurs écrans de contrôle : il vient de percuter un poteau sur cette voie qui passe devant la Tour Odéon. Il repart aussitôt et stationne sur la partie en territoire beausoleillois. Les agents interviennent pour s’assurer de l’état du pilote. Aucune blessure, mais un taux d’alcoolémie de 0,27 g par litre d’air expiré est constaté. Était-il dans l’égarement de l’ivresse ? L’individu, âgé de quarante-trois ans, remet aux fonctionnaires un porte-monnaie rouge contenant huit pochons de cocaïne. Soit 5,54 g de blanche… Le président Florestan Bellinzona, à la lecture du rapport, constate: «Dans une première version, vous ne consommez pas de stupéfiants. Vous déteniez cette drogue parce que des touristes vous avaient demandé de l’acheter. Vous deviez la leur remettre à Monaco. Comme ils étaient absents à l’endroit convenu, vous l’avez gardée. La deuxième : la cocaïne a été achetée à Nice pour la revendre ! » Excédé, le magistrat poursuit: «Une troisième interprétation, aujourd’hui : vous vous baladez avec cette substance psychotrope depuis quarante-cinq jours. Vous vouliez devenir dealer pour vous libérer de vos dettes. Mais vous avez trouvé un emploi et vous n’avez plus l’intention de la vendre! Pourquoi la garder constamment sur vous ? Et on vous retrouve alcoolisé ! »
« Quelle version est la bonne ? »
Le prévenu, certainement novice en la matière si l’on se réfère à ses casiers vierges, répond évasivement : « J’avais consommé de la vodka à Nice. Avant je vivais uniquement avec l’argent du chômage, 800 euros, dont la moitié passait dans l’achat de cocaïne… » Le premier substitut Olivier Zamphiroff se concentre sur la gravité du commerce de stupéfiants. « Ce père d’un enfant de deux ans, qui devrait avoir quitté l’adolescence, ne s’imagine-t-il pas des effets destructeurs de la drogue sur le cerveau humain ? Quelle version est la bonne ? C’est un dealer potentiel qui cherche à améliorer son train de vie… » Le représentant du Parquet général s’engagera sur la voie de la prison ferme adaptée : un mois avec les amendes nécessaires. La défense, en revanche, en appelle à la collégialité : « Ne suivez pas les réquisitions du procureur, clame avec insistance Me Sarah Filippi. Mon client est un homme en détresse qui se retrouve seul depuis deux mois avec sa fillette de deux ans et des projets fantaisistes. C’est un amateur que vous jugez! Assortissez la peine avec du sursis. » Ces arguments auraient pu rencontrer l’adhésion du tribunal en l’absence d’antécédents judiciaires. Mais le tribunal préférera suivra les réquisitions du ministère public.