Monaco-Matin

Louis Nicollin : disparitio­n d’une figure de la L

Louis Nicollin est mort hier, le jour de ses 74 ans d’un arrêt cardiaque, terrassé à la fin d’un bon repas en famille, laissant son club de Montpellie­r orphelin

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On va maintenant comprendre ce qu’il était en amour, en amitié et en tout », a dit hier son ami et conseiller sportif Robert Nouzaret. Grand personnage du ballon rond depuis 40 ans, ‘‘Loulou’’ était connu pour ses sorties verbales, parfois carrément hors-jeu, sa faconde et sa bonne humeur. Avec sa gestion familiale du Montpellie­r Hérault, qu’il a créé en 1974 en 7e division, il a même remporté le titre suprême, champion de France en 2012. Il l’avait fêté en se faisant une crête comme certains de ses jeunes joueurs, orange et bleue, les couleurs de son équipe. « Je me trouve intronchab­le », disait-il alors de sa coupe de cheveux. Grand amoureux du sport, il possédait une collection inégalée de maillots et d’objets ayant appartenu à des sportifs, exposés dans son musée de Marsillarg­ues (Hérault). Sous le vernis du personnage se cachait aussi un vrai homme d’affaires. En 1977, il reprend l’entreprise Nicollin de ramassage d’ordures créée par son père Marcel au décès de celui-ci : il en fera un mastodonte national. Aujourd’hui, l’entreprise brasse un chiffre d’affaires annuel d’environ 300 millions d’euros et a étendu ses activités à la gestion de l’eau et aux services de nettoyages urbains.

« Pas mal pour un président un peu con »

Mais ‘‘Loulou’’ était surtout connu pour son rôle de dirigeant omnipotent. Lyonnais de coeur, Louis avait été envoyé par son père dans sa filiale de Montpellie­r pour réfréner sa vie de bâton de chaise. Il laisse son club aux mains de son fils Laurent, président-délégué depuis des années, et en bonne situation. Après ses années de flambes au tournant de la période 1980-90, ‘‘Loulou’’ s’était assagi et avait investi dans la pierre, bâtissant un centre d’entraîneme­nt moderne et relançant le centre de formation. Le personnage de cet ami de Michel Platini (ils passaient leurs vacances ensemble et Platini aimait Nicollin comme « un frère ») s’est peaufiné à la fin des années 1980, quand il fit venir à grands frais les deux stars de l’équipe de France Espoirs, Éric Cantona et Stéphane Paille, décédé lui mardi, également le jour de son anniversai­re (52 ans). En 40 ans de carrière dans le foot, ‘‘Loulou’’ a recruté la star colombienn­e Carlos Valderrama, s’est fâché puis réconcilié avec son grand ami, Michel Mézy, l’homme qui lui offrit son premier trophée, la Coupe de France 1990. Ses punchlines ont beaucoup fait pour sa gloire (lire ci-contre). Comme lorsqu’il avait traité certains de ses supporters qui avaient lancé des pétards à Nice, en 2009, de « grosses merdes ». Nicollin n’était pas peu fier de ce qu’il avait bâti dans l’Hérault. « On a fait mieux que Michel Sardou au Zénith, 18 000 spectateur­s pour une ville qui n’aime pas le football, pour un président qui est un peu con, pour un directeur sportif qui est Nîmois... » se plaisait-il à raconter. Le Nîmois, c’est Michel Mézy, car Nicollin jouait beaucoup de la rivalité avec le club voisin, le Nîmes Olympique. Ironie du sort, c’est dans le Gard qu’il a pris son dernier repas et à Nîmes qu’il s’est éteint.

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