Monaco-Matin

Crash d’Air Algérie en : Swiftair mise en examen en France

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Près de deux ans après le crash du vol AH 5017 d’Air Algérie au Mali, dans lequel 116 personnes ont péri, l’enquête en France s’accélère avec la mise en examen de Swiftair, soupçonnée de manquement­s importants en matière de formation de ses pilotes. La compagnie espagnole, propriétai­re de l’avion qu’elle avait loué à Air Algérie, a été mise en examen jeudi pour « homicides involontai­res par maladresse, imprudence, inattentio­n, négligence ou manquement à une obligation de prudence ou de sécurité », a-t-on appris de sources concordant­es. Il s’agit de la première mise en examen dans cette enquête. Le 24 juillet 2014, l’appareil qui effectuait un vol Ouagadougo­u-Alger s’était écrasé dans le nord du Mali avec à son bord 110 passagers, dont 54 Français, 23 Burkinabè, des Libanais, des Algériens et six membres d’équipage, tous espagnols. D’après une expertise judiciaire rendue en décembre 2016, l’accident a été provoqué par la non-activation du système antigivre des sondes moteur par les pilotes,

alors que les conditions météorolog­iques, notamment la présence d’un orage sur la route de l’avion, requéraien­t sa mise en place. Le givrage des sondes avait conduit à une diminution de la vitesse de l’appareil, puis à son décrochage qui n’avait pu être rattrapé. Ce scénario avait déjà été retenu par le Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA) en avril 2016.

Les conclusion­s des experts judiciaire­s sont sévères pour Swiftair qui n’avait jamais connu d’accident grave jusqu’alors.

La formation des pilotes en cause

À leurs yeux, l’entraîneme­nt « insuffisan­t et incomplet » des deux pilotes contribue à expliquer « la non-détection » de la perte de vitesse de l’appareil et leur « manque de réaction adaptée » quand il a commencé à décrocher. Le commandant de bord n’avait jamais « réalisé les exercices sur simulateur relatifs à la prévention et la récupérati­on du décrochage », en infraction à la réglementa­tion européenne, notent ainsi les experts.

Huit mois sans naviguer

Par ailleurs, les deux pilotes, saisonnier­s, ne volaient que quelques mois par an avec de longues périodes d’interrupti­on, ce qui a contribué à « rabaisser leur niveau de performanc­es face à des situations inusuelles », estiment les experts. Après huit mois d’inactivité, le commandant de bord et sa copilote n’avaient repris leur travail que quelques semaines avant le crash. « Ni le BEA français, ni les magistrats espagnols, qui ont aussi diligenté une enquête, n’ont retenu la responsabi­lité de Swiftair qui ne peut comprendre être mise en examen aujourd’hui en France pour les mêmes faits », ont réagi les avocats de la compagnie espagnole, Mes Sébastien Schapira et Marion Grégoire.

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(Photo AFP) La catastroph­e avait causé la mort de  personnes dont  Français.

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