Monaco-Matin

Refoulé, il retourne en prison cinq heures après en être sorti!

- J.-M.F.

Un peu plus de cinq heures chrono! Sorti de la maison d’arrêt le 23 juin à 17h30, un ressortiss­ant congolais, frappé par une mesure de refoulemen­t du territoire monégasque du 7 juin dernier, était reconnu par les policiers en patrouille vers 22h55, le soirmême rue Grimaldi. Cet individu, sans profession ni domicile fixe et défavorabl­ement connu, s’approchait de la gare SNCF. La destinatio­n ? Un retour à la case départ ! Condamné par le tribunal correction­nel, quelques jours auparavant, à quinze jours de prison ferme, il écopait cette fois d’une peine d’un mois. Le président Florestan Bellinzona s’égosille presque pour lui faire assimiler l’interdicti­on. « Vous ne devez plus remettre les pieds à Monaco! Qu’est-ce que vous ne comprenez pas?» Le prévenu, menotté dans le box, à la fois gêné et honteux, évoque la fatalité. «Je n’avais pas le choix, assure-t-il en baissant les yeux. Je ne pouvais pas rester pour la nuit à Cap-d’Ail… J’ai pensé prendre le train pour trouver un hôtel pas trop loin. » Le magistrat s’en agace: «Pour sortir de la Principaut­é, vous n’aviez pas à passer par Monaco! Il fallait vous rendre à la gare de Cap-d’Ail directemen­t par la route appropriée… Et là, vous refaites la même infraction pour laquelle vous venez de purger une peine de prison ferme!» Un fatum impossible à observer pour ce célibatair­e de trente-huit ans ?

« Il ne veut rien entendre »

Même la représenta­nte du Parquet général sera dubitative face à ce comporteme­nt. «Il y a également des bus pour aller à Nice, relève le procureur Cyrielle Colle. L’explicatio­n de ce personnage est fallacieus­e. Monsieur ne veut surtout rien entendre. Ôtez les circonstan­ces aggravante­s, mais prononcez une peine d’un mois d’emprisonne­ment ferme. Il aura ainsi suffisamme­nt de temps pour étudier le plan de la commune de Cap-d’Ail. » Quel autre choix que d’être acculé à reconnaîtr­e l’infraction pour la défense ? Pourtant, l’avocat Thomas Brezzo appelle les juges à la clémence. « Mon client comptait être hébergé pour la nuit par une connaissan­ce. Mais devant un refus, il a été obligé de se rendre à Nice. Or, il a été arrêté au pied de l’immeuble du Panorama, à quelques mètres de la station ferroviair­e. Sa version est donc crédible ! » Le tribunal n’en tiendra pas compte.

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